chùteauHaut de la Bécade L'appellation Pauillac fait partie de la région de Bordeaux en France dont est issu La Rose Pauillac avec ses 31 cuvées. Répartie sur 117 200 ha, cette région produit 6 millions d'hectolitres/an (80% vins rouge + vins blanc (secs, doux et liquoreux), vins rosé, clairet et crémant). Voir la page appellation. Pauillac : les plus populaires. Bordeaux
Lesarchives du Gard nâĂ©tant malheureusement pas en ligne il est trĂšs difficile de faire des recherches dans ce dĂ©partement ( dâaprĂšs les infos que j'ai elle ne sont pas prĂȘtes dâĂȘtre en ligne, le conseil dĂ©partemental a d'autres prioritĂ©s !!) Cordialement.
BussySaint-Georges - CĂŽteaux de la brosse. Espace naturel, parc, jardin (Ă environ 11.94 kms de Tournan-en-Brie) Lâassociation des Coteaux de la Brosse créée en 2000, a dĂ©cidĂ© de replanter une vigne Ă Bussy-Saint-Georges avec l'aide de la CommunautĂ© d'AgglomĂ©ration "Marne et Gondoire" et la municipalitĂ© de Bussy. 2 000 pieds dont 1/3 de pinot noir et 2/3 de
Dansle genre, les plus attendus sont sans doute RoboCop (fĂ©vrier), Edge Of Tomorrow (mai) avec Tom Cruise, Transformers : lâĂąge de
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Quantà la terrasse, avec ses tilleuls, avec son promenoir sablé, toujours sec, avec sa guirlande de géraniums écarlates et de bégonias caressant les pierres austÚres et grises du pied de la tour, avec ses meubles rustiques éparpillés, son parapet de granit, sa vue délicieuse sur une contrée aussi charmante que peuvent la faire des eaux, des blés et des bois, la terrasse était
a2MaH. The nose is fruity, racy and offers a certain power of the grain. It reveals notes of walnut strawberry, wild cassis and more slightly blackberry associated with small touches of liquorice / star anise, cornflowers as well as a subtle hint of pepper. The palate is fruity, racy and offers an acidulous frame, juiciness, a little tension, a racy grain as well as a little airy side in the approach. On the palate this wine expresses notes of pulpy / juicy blackberry, fleshy cassis and slightly blueberry associated with touches of crushed small red fruits as well as hints of chocolate, fresh blond tobacco and a hint of almond toasted. Good length. A gourmand wine, on the fruit and easy to access. Note Score 15+/20 Note Score 89-90/100 Date de dĂ©gustation Tasting date 11/2021 DĂ©gustateur Wine Critic Choukroun Chicheportiche Jonathan Type d'agriculture Agriculture Agriculture RaisonnĂ©e Sustainable Agriculture Type Kind Rouge Red Format dĂ©gustĂ© Tasted bottle size Bouteille Bottle En Primeur EnPrimeur Non No Obtenir le diplĂŽme officiel Get the Official Certificate â ChĂąteau de Lussac 2019 ChĂąteau Moulin de Grenet 2019 â We use cookies on our website to give you the most relevant experience by remembering your preferences and repeat visits. By clicking âAcceptâ, you consent to the use of ALL the cookies.
Produit non loin de l'Adour, Ă cheval sur les dĂ©partements du Gers, des Hautes-PyrĂ©nĂ©es et des PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques, le madiran a joui trĂšs tĂŽt d'une excellente rĂ©putation il fut longtemps le vin des pĂšlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Son cĂ©page dominant est le tannat qui s'exprime avec force sur un terroir argilo-calcaire et siliceux mĂȘlĂ© de fines graves, ce qui explique la puissance et la charpente de ce vin de bonne garde. En vieillissant, pourtant, le madiran devient soyeux et caresse le palais. AOC Madiran quel Ćil ? Comme de nombreux vins du Sud-Ouest, le madiran annonce sa puissance par une robe trĂšs foncĂ©e, d'un rubis sombre. AOC Madiran quel nez ? Le parfum le plus caractĂ©ristique du madiran est la framboise. La palette comporte aussi des notes de fruits noirs ou rouges, de geniĂšvre. AOC Madiran quelle bouche ? Quand leur vinification a Ă©tĂ© adaptĂ©e, avec une cuvaison courte, les madiran peuvent ĂȘtre souples, frais, parfumĂ©s et fruitĂ©s. Ils sont alors destinĂ©s Ă ĂȘtre bus jeunes. Toutefois, la plus grande partie de la production comprend des vins souvent Ă©levĂ©s en barrique qui doivent ĂȘtre attendus pendant quelques annĂ©es. Quand ils ont atteint leur maturitĂ© et assoupli leurs tanins, ils se montrent sensuels et charnus. D'une grande ampleur, ils tapissent le palais d'arĂŽmes d'Ă©pices, de fruits noirs et de pain grillĂ©. AOC Madiran quel accord mets/vins ? Cassoulet, confit, magret de canard, gibier, fromages de brebis des PyrĂ©nĂ©es, bleu dâAuvergne. Vous cherchez dâautres vins Madiran ? 1jour1vin, vous propose en vente privĂ©e et au meilleur prix un large choix de vins issus des plus beaux vignobles. 15 ⏠offerts sur votre 1Ăšre commande, inscrivez-vous ! LES VINS COUP DE COEUR DU GUIDE HACHETTE Guide 2021 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2014 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2011 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2022 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2022 Vin rouge tranquille - 0 avis LES RECETTES EN ACCORD AVEC LES VINS POUR L'APPELLATION LES VINS DâAPPELLATION Madiran Explorez tous les vins sĂ©lectionnĂ©s par le Guide Hachette des Vins dans cette appellation. Vous cherchez un vin en particulier dans l'appellation ? Utilisez le moteur de recherche trouver un vin en haut de page et affinez vos critĂšres pour trouver Ă coup sĂ»r le bon vin ou utilisez la recherche par mots clĂ©s ! Vin rouge tranquille Guide 2015 Vin rouge tranquille - 0 avis Vin rouge tranquille Guide 2014 Vin rouge tranquille - 0 avis Vin rouge tranquille Guide 2003 Vin rouge tranquille - 0 avis Vin rouge tranquille Guide 2002 Vin rouge tranquille - 0 avis Vin rouge tranquille Guide 2021 Vin rouge tranquille - 0 avis Vin rouge tranquille Guide 2020 Vin rouge tranquille - 0 avis Vin rouge tranquille Guide 2011 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2022 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2022 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2022 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2022 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2022 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2022 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2022 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2022 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2022 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2022 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2021 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2021 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2021 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2021 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2021 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2021 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2021 Vin rouge tranquille - 0 avis
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PrĂ©sentation du vin Pour Ă©laborer sa cuvĂ©e principale de Pessac-LĂ©ognan, le chĂąteau Haut Nouchet cultive 27 hectares de vignes qui se partagent entre 60 % de cabernet sauvignon et 40 % de merlot. Elles occupent un sol de graves gĂŒnziennes sur un substrat argilo-calcaire, avec un age moyen de 25 ans en 2010. Les vendanges sont manuelles et un triple tri est effectuĂ©, Ă la vigne puis avant et aprĂšs l'Ă©raflage, pour ne vinifier que des fruits sains et bien mĂ»rs. La vinification, sous la houlette de StĂ©phane Derenoncourt, commence dans des cuves inox thermorĂ©gulĂ©es pour se terminer par 12 mois d'Ă©levage en barriques de chĂȘne renouvelĂ©es par tiers chaque annĂ©e. Il en rĂ©sulte un Pessac-LĂ©ognan structurĂ©, aromatique, tannique et souple, avec beaucoup de fruits rouges et un potentiel de garde autour de la dĂ©cennie. Les millĂ©simes retenus par Bernard Burtschy prĂ©sentent une constance dans la qualitĂ© qui mĂ©rite d'ĂȘtre soulignĂ©e. Tous ont notre Ă©gale faveur.
ART, FOLIE ET SURRĂALISME A LâHĂPITAL PSYCHIATRIQUE DE SAINT- ALBAN-SUR-LIMAGNOLE PENDANT LA GUERRE DE 1939-1945 par Dominique Mabin et RenĂ©e Mabin TĂ©lĂ©charger lâarticle Le village de Saint-Alban-sur-Limagnole, en Haute LozĂšre, a connu un destin exceptionnel durant la Seconde Guerre mondiale, grĂące Ă son hĂŽpital psychiatrique[1]. Son souvenir demeure. Il est dĂ» Ă la conjonction dâune situation gĂ©ographique favorable, et Ă des personnalitĂ©s remarquables qui participĂšrent Ă de multiples actions dans la RĂ©sistance et dans la survie des malades hospitalisĂ©s, dans le bouleversement de la vie asilaire, dans lâaccueil dâintellectuels, surrĂ©alistes ou non, et, enfin, dans la reconnaissance, en tant quâartistes, de malades mentaux. Nous rappelons le rĂŽle des principaux acteurs avant dâaborder le surrĂ©alisme et lâart des fous. La Psychiatrie en guerre Saint-Alban est un lieu Ă©loignĂ© des grandes villes, connu pour son chĂąteau du XVIe siĂšcle, bĂąti sur une ancienne forteresse fĂ©odale, et situĂ© sur le flanc ouest de la Margeride, aux confins de lâAubrac. En 1821, un frĂšre de lâordre de Saint-Jean de Dieu, Hilarion Tissot, achĂšte ce chĂąteau dĂ©labrĂ© pour en faire une maison dâaccueil pour femmes aliĂ©nĂ©es. Il est aidĂ© par des religieuses venues de Marseille. En 1824, le prĂ©fet rachĂšte le chĂąteau qui devient un asile dĂ©partemental pour des femmes, puis pour des hommes en 1850. Des bĂątiments destinĂ©s aux hommes sont ensuite construits sur le plateau. Ă distance du chĂąteau, se situe la ferme du Villaret qui lui est rattachĂ©e, et un Institut mĂ©dico-pĂ©dagogique. Au cours de la Seconde-Guerre mondiale, des mĂ©decins exceptionnels vont entrer en action. Il sâagit dâabord de Paul Balvet, psychiatre lyonnais, qui arrive en 1936 comme directeur. Il entreprend des rĂ©formes pour humaniser lâhĂŽpital psychiatrique. Au CongrĂšs des aliĂ©nistes et des neurologues de Montpellier en 1942, il lance un appel pour dĂ©noncer lâimmobilisme du systĂšme asilaire et sa dĂ©cadence ». Il adhĂšre aux idĂ©es du psychiatre allemand Hermann Simon sur lâexpĂ©rience du Guttersloch, pour une thĂ©rapeutique plus active Ă lâhĂŽpital psychiatrique » câest la sociĂ©tĂ© qui est malade, et lâhĂŽpital responsable de sa propre pathologie, confinant soignants et soignĂ©s dans la chronicitĂ©[2]. Balvet jette les fondements dâune politique psychiatrique en vue de donner plus dâautonomie aux malades, de crĂ©er un espace dâouverture et dâĂ©changes, et de mettre en place ce qui deviendra lâergothĂ©rapie, qui sera un travail rĂ©munĂ©rĂ©, et non plus une simple occupation des patients. Il crĂ©e en 1942 le Club, qui deviendra la SociĂ©tĂ© du GĂ©vaudan », qui va organiser la vie des malades Ă lâintĂ©rieur et Ă lâextĂ©rieur de lâhĂŽpital, avec un systĂšme coopĂ©ratif autonome, dans lequel chaque malade trouve sa place, participe, produit, vend ou Ă©change ses rĂ©alisations. En effet, la pratique psychiatrique asilaire sera transformĂ©e. Il faut redĂ©finir les relations entre le personnel mĂ©dical et les malades, revoir la formation des infirmiers. Ce bouleversement doit se faire collectivement par des Ă©changes permanents. Cette nouvelle approche collective sera appelĂ©e par G. DaumĂ©zon et P. Koechlin la PsychothĂ©rapie institutionnelle », qui sera intriquĂ©e Ă partir de 1960 Ă la psychiatrie de secteur, chargĂ©e de prĂ©venir, traiter et accueillir tous les malades dâune rĂ©gion donnĂ©e. Cette rĂ©volution sera poursuivie par François Tosquelles et par Lucien BonnafĂ©, psychiatres et militants communistes. Un autre acteur majeur intĂšgre lâhĂŽpital, le 9 janvier 1940, François Tosquelles, accueilli par Balvet qui manque de mĂ©decins. Câest un rĂ©fugiĂ© catalan de la guerre dâEspagne. Avant cette guerre, il travaillait comme psychiatre dans un institut dont le directeur Ă©tait intĂ©ressĂ© par la psychanalyse. En effet, la Catalogne avait accueilli beaucoup de rĂ©fugiĂ©s qui fuyaient le nazisme, parmi lesquels des psychanalystes. Lorsque la guerre civile Ă©clate en 1936, Tosquelles sâengage dans les milices antifascistes du POUM. Il se retrouve mĂ©decin chef des services de psychiatrie de lâarmĂ©e rĂ©publicaine. Il est envoyĂ© sur le front sud, qui sâĂ©tend de Valence Ă Almeria, oĂč il crĂ©e une communautĂ© thĂ©rapeutique Ă Almodovar del Campo. AprĂšs la chute de la rĂ©publique espagnole, il sâenfuit, traverse les PyrĂ©nĂ©es grĂące Ă un rĂ©seau mis en place par sa femme, HĂ©lĂšne[3], et il se retrouve internĂ© Ă Septfonds, lâun des lieux concentrationnaires français pour les rĂ©fugiĂ©s espagnols, dans lequel il met en place un service de psychiatrie. Il en sort grĂące Ă AndrĂ© Chaurand, mĂ©decin au Puy, qui le conseille Ă Paul Balvet qui rĂ©forme alors son hĂŽpital. Ne disposant pas de diplĂŽmes français, Tosquelles est recrutĂ© comme infirmier adjoint psychiatrique. Avec lâaide dâAndrĂ© Chaurand, il recommence son cursus mĂ©dical, rĂ©munĂ©rĂ© par le Mexique qui est opposĂ© Ă Franco, passe lâinternat puis le mĂ©dicat des hĂŽpitaux. Tosquelles partage lui aussi les vues dĂ©veloppĂ©es par Hermann Simon dans son livre dont il apporte Ă Saint-Alban un exemplaire, sur la nĂ©cessaire Ă©volution de lâadministration des asiles, quâil a dĂ©jĂ mise en Ćuvre en Catalogne. Avec Ă©nergie, il applique en LozĂšre ses conceptions thĂ©oriques basĂ©es sur le marxisme et la psychanalyse, Freud et Lacan dont il fait dactylographier la thĂšse qui ouvre la question du traitement des psychoses, pour la diffuser[4]. Il est coauteur avec le groupe de Saint-Alban de lâappel de Paul Balvet au CongrĂšs des aliĂ©nistes de 1942. Le troisiĂšme acteur est Lucien BonnafĂ©, psychiatre, qui arrive le 13 janvier 1943 comme mĂ©decin chef, aprĂšs avoir permutĂ© son poste de Sotteville-lĂšs-Rouen pour un poste moins exposĂ© en LozĂšre afin de se protĂ©ger dans la RĂ©sistance. Durant ses Ă©tudes Ă Toulouse, il a frĂ©quentĂ© des surrĂ©alistes et a rencontrĂ© AndrĂ© Breton Ă Paris. Avec Tosquelles et Chaurand, il installe une direction collĂ©giale de lâhĂŽpital. Au cours des rĂ©unions de la SociĂ©tĂ© du GĂ©vaudan ils discutent de tout dâune façon informelle la vie asilaire, le traitement des malades, le surrĂ©alisme, la psychanalyse, les rĂ©formes en cours, la RĂ©sistance. Il veut humaniser lâasile qui doit devenir une communautĂ© vivante. La salle commune créée en 1940 va devenir un foyer bibliothĂšque ». Les ateliers sont destinĂ©s Ă un travail collectif. En 1950, paraĂźtra Trait dâUnion qui donne la parole aux malades et aux soignants ; câest un lieu dâĂ©changes. BonnafĂ© dĂ©veloppe un concept clĂ© lâArt de la sympathie », reprenant la dĂ©claration de Breton dans lâAmour fou La sympathie qui existe entre deux, entre plusieurs ĂȘtres semble bien les mettre sur la voie de solutions quâils poursuivraient sĂ©parĂ©ment en vain.[5] » BonnafĂ© prend la direction du service des femmes, Chaurand celui des hommes et lâInstitut mĂ©dico â pĂ©dagogique. Tosquelles sâimplique Ă tous les niveaux. BonnafĂ© vit depuis son enfance dans le milieu psychiatrique. Son grand-pĂšre Maxime Dubuisson est mĂ©decin des asiles. Homme cultivĂ©, aimant la poĂ©sie, disposant dâune grande bibliothĂšque, il est un des premiers mĂ©decins Ă reconnaĂźtre et Ă conserver les Ćuvres des fous dessins, sculptures, jouets offerts par les malades Ă son petit-fils. Cette premiĂšre rencontre de Lucien BonnafĂ© avec lâart est dĂ©terminante. Dubuisson connaĂźt lâasile de Saint-Alban, puisque, en retraite depuis 1908, il est rappelĂ© en 1914 pour prendre la direction de lâhĂŽpital en remplacement de mĂ©decins partis au front. Il y reste jusquâen 1915, puis dirige lâhĂŽpital Braqueville de Toulouse, aujourdâhui hĂŽpital Henri Marchand, jusquâen 1918. TrĂšs attentif aux patients, il cherche avec peu de moyens Ă amĂ©liorer leurs conditions de vie. Il garde de Saint-Alban deux albums de dessins rĂ©alisĂ©s par les malades que son petit-fils conserve toute sa vie[6]. Mais le rĂŽle de cette Ă©quipe saint-albanaise ne se limite pas Ă ĂȘtre un point de rĂ©fĂ©rence et un lieu dâĂ©laboration de la rĂ©volution de la psychiatrie asilaire. LâhĂŽpital est fortement impliquĂ© dans la RĂ©sistance, sous toutes ses formes accueil de rĂ©fugiĂ©s et dâimmigrĂ©s clandestins, traitement des blessĂ©s FFI. Les mĂ©decins dispensent des soins sur le lieu des combats ; les plus grands blessĂ©s sont cachĂ©s dans les caves et les greniers, avec la complicitĂ© de la supĂ©rieure et des religieuses de la communautĂ© de Saint-RĂ©gis. Des juifs, des intellectuels sont dissimulĂ©s au milieu des malades. Parmi eux, ceux qui sont interdits dâexercer dans la fonction publique. Citons le docteur Bardach, de lâInstitut Pasteur, cachĂ© comme fou sous le nom de VĂ©rels, ou Denise Glazer, future animatrice dâune Ă©mission musicale, qui Ă©tudie la philosophie Ă Clermont-Ferrand avant de se rĂ©fugier Ă lâasile comme institutrice Ă lâInstitut mĂ©dico-pĂ©dagogique. La situation gĂ©ographique de Saint-Alban en fait une plaque tournante de la RĂ©sistance. Elle a jouĂ© un rĂŽle dĂ©terminant dans les opĂ©rations militaires, notamment en 1944 Ă la bataille du Mont-Mouchet. Ă cette Ă©poque, BonnafĂ© quitte Saint-Alban pour la vie clandestine de la RĂ©sistance. AndrĂ© Chaurand le remplace Ă la direction de lâhĂŽpital. Le philosophe Georges Canguilhem rejoint lâhĂŽpital. AgrĂ©gĂ© de philosophie en 1927, il est nommĂ© en 1936 au lycĂ©e de Toulouse ; il aurait alors dĂ©cidĂ© dâentreprendre des Ă©tudes de mĂ©decine. En 1940, il refuse de prĂȘter serment Ă lâEtat Français et demande sa mise en congĂ© de lâĂducation Nationale pour convenances personnelles. En 1941, il revient Ă lâenseignement Ă Clermont-Ferrand ; il exerce alors des responsabilitĂ©s au sein du mouvement clandestin de la RĂ©sistance sous le nom de Lafont. AprĂšs avoir soutenu sa thĂšse en 1943 Ă lâuniversitĂ© de Strasbourg repliĂ©e Ă Clermont-Ferrand, il Ă©chappe en 1944 Ă une rafle de la Gestapo. DissimulĂ© sous des vĂȘtements dâecclĂ©siastique, il se rĂ©fugie chez son ami BonnafĂ© oĂč il soigne les maquisards. Il sâillustre plus particuliĂšrement lors de la bataille du Mont-Mouchet[7]. Cette expĂ©rience saint-albanaise a fait changer Canguilhem dâopinion sur la psychiatrie. Au-delĂ de leur engagement dans le traitement et la protection des rĂ©sistants et des rĂ©fugiĂ©s, les mĂ©decins de Saint-Alban ont aussi une rĂ©sistance intellectuelle importante dans lâĂ©dition clandestine, grĂące Ă lâimprimerie RenĂ© Amarger de Saint-Flour. MĂ©decins, universitaires, intellectuels, se rĂ©unissent dans la librairie de Silvio Trentin de Toulouse qui est un rĂ©fugiĂ© italien antifasciste. Ils diffusent des textes entre les zones Nord et Sud. Gaston Baissette, responsable du front de rĂ©sistance des mĂ©decins, sĂ©journe Ă plusieurs reprises Ă Saint-Alban et assure des liaisons avec la rĂ©sistance lyonnaise. Une autre action du Club de Saint-Alban sera dĂ©terminante dans la survie des malades hospitalisĂ©s. En effet, dĂšs 1940, apparaissent des difficultĂ©s de ravitaillement. Pour survivre, toutes les personnes valides sont mobilisĂ©es. Les malades vont assurer des travaux de jardinage, de ramassage de pommes de pin, de champignons[8], ĂȘtre employĂ©s Ă la ferme du Villaret, domaine de 55 ha, et au jardin potager de 2 ha. Ils seront aussi utilisĂ©s au moment des grands travaux agricoles pour aider les fermiers, ce qui assure leur subsistance. Ă lâintĂ©rieur de lâĂ©tablissement, les femmes font des travaux de couture, de filage et de tricotage pour les paysans du village ; ils servent de troc contre des produits alimentaires introuvables dont du beurre. Les malades Ă©changent la ration alcoolique qui leur est octroyĂ©e contre des pommes de terre. De ce fait, Saint-Alban est lâhĂŽpital psychiatrique français qui compte le moins de morts dus Ă la famine il nây eut pas dâextermination douce »[9]. Paul Balvet, au CongrĂšs des aliĂ©nistes de 1942, avait vivement dĂ©noncĂ© cette situation de famine. La fabrication de faux certificats de tuberculose permet Ă des malades fragiles de bĂ©nĂ©ficier dâun supplĂ©ment alimentaire. On a inventĂ© un service de tuberculeux » dit Tosquelles[10]. Dâautre part, face Ă une situation catastrophique, la circulaire du 4 dĂ©cembre 1942 Ă©manant du SecrĂ©tariat dâĂtat Ă la famille et Ă la santĂ©, accorde aux aliĂ©nĂ©s internĂ©s des supplĂ©ments, qui, mĂȘme sâils sont faibles de 200 Ă 225 calories par jour et 400 calories pour un quart dâentre eux sont alors jugĂ©s importants. On voit donc que la pĂ©nurie de main-dâĆuvre du fait de la guerre assure Ă la fois la survie des malades et la reconnaissance de leur utilitĂ©, ce qui rĂ©pond aux souhaits et Ă lâengagement des mĂ©decins. Durant cette mĂȘme pĂ©riode, lâhĂŽpital de Saint-Alban accueille des intellectuels, surrĂ©alistes ou non, et participe Ă la reconnaissance de la production artistique des malades mentaux, intĂ©grĂ©e ultĂ©rieurement dans lâArt brut. SurrĂ©alisme et Art des fous[11] RĂ©unis Ă Saint-Alban par les hasards de la guerre, François Tosquelles et Lucien BonnafĂ© sont des personnalitĂ©s exceptionnelles, en avance sur leur temps, qui connaissent, dĂšs leur plus jeune Ăąge, Tosquelles la psychanalyse et BonnafĂ© les crĂ©ations artistiques des malades mentaux. BonnafĂ© aime aussi la poĂ©sie et le cinĂ©ma. Pendant ses Ă©tudes de mĂ©decine Ă Toulouse, il participe avec son ami poĂšte et professeur de philosophie Jean Marcenac, au groupe surrĂ©aliste Le trapĂšze volant ou mouvement Chaos créé par le poĂšte Georges Massat avec son frĂšre RenĂ© et les frĂšres Matarasso[12]. Leur maĂźtre en poĂ©sie est JoĂ« Bousquet Ă qui ils rendent visite Ă Carcassonne. Cette initiation est capitale pour BonnafĂ©, grand conteur qui pouvait rĂ©citer des passages entiers dâĆuvres surrĂ©alistes »[13]. Dans le cadre dâun cinĂ©-club, il rencontre lors de ses voyages Ă Paris, non seulement AndrĂ© Breton et RenĂ© Crevel, mais aussi des peintres et sculpteurs, comme Yves Tanguy et Giacometti. Il se dit dĂ©finitivement marquĂ© par le SurrĂ©alisme qui est aussi un engagement politique dĂšs 1931, il est frappĂ© par un tract invitant Ă ne pas visiter lâExposition coloniale. Le SurrĂ©alisme est donc pour lui une leçon de libertĂ© il apprend lâĂ©galitĂ© entre les hommes et la non-exclusion du malade. La guerre a permis Ă Tosquelles et BonnafĂ© de constituer dans un lieu Ă©loignĂ© de tout, un groupe composĂ© dâintellectuels et dâartistes. Mais on ne peut pas exactement parler de hasard lorsque ces mĂ©decins accueillent un poĂšte surrĂ©aliste sensible Ă lâart et Ă la folie. Câest en effet la prĂ©sence dâEluard qui permet au SurrĂ©alisme de marquer de son empreinte ce que Tosquelles a pu appeler le rĂ©veil de Saint-Alban ». En octobre 1942, PoĂ©sie et VĂ©ritĂ© est Ă©ditĂ© par la Main Ă Plume, le groupe nĂ©osurrĂ©aliste constituĂ© autour de NoĂ«l Arnaud et Jean François Chambrun. Le recueil sâouvre sur le poĂšme LibertĂ© qui est ensuite largement diffusĂ© sous forme de tracts, lu Ă la radio, traduit en anglais par Louis Parrot et rĂ©imprimĂ© Ă Londres. Pour Eluard, câest la cĂ©lĂ©britĂ© et en mĂȘme temps lâinquiĂ©tude. Il se rĂ©fugie chez le libraire rĂ©sistant communiste Lucien Scheler, rue de Tournon. En septembre 1942, il constitue le ComitĂ© national des Ă©crivains pour la zone Nord ; en novembre, il accepte de collaborer aux Lettres Françaises, organe du CNE dirigĂ© Ă partir de 1943 par Claude Morgan. La rĂ©conciliation avec Aragon est presque immĂ©diate. Eluard et Nusch attendent Aragon et Elsa Ă la gare de Lyon la rĂ©union a pour but de rĂ©unir le CNE de la zone Nord dâEluard Ă celui de la zone Sud dirigĂ© par Aragon. Ces contacts expliquent le passage ultĂ©rieur Ă Saint-Alban de Georges Sadoul, Ă©missaire dâAragon. Ces prises de position dâEluard entraĂźnent la rupture avec Arnaud et la Main Ă plume, dont les membres ne vont pas tarder Ă ĂȘtre inquiĂ©tĂ©s par la Gestapo. Eluard craint de lâĂȘtre lui-mĂȘme. Je crois que nous allons ĂȘtre obligĂ©s dâaller Ă la campagne », Ă©crit-il Ă Louis Parrot, le 8 octobre. BonnafĂ© raconte quâil assiste au dĂ©ballage de paquets contenant PoĂ©sie et VĂ©ritĂ©. Ăa suffit dâhabiter Paris, il faut trouver une planque ailleurs » dit Eluard. Et câest ainsi que BonnafĂ© lui offre lâhospitalitĂ©[14]. En novembre 1943, Eluard quitte Paris avec Nusch, sâarrĂȘte Ă Clermont-Ferrand chez son ami Louis Parrot qui y a trouvĂ© un poste Ă lâagence Havas. En train, ils parviennent Ă la gare de Saint-ChĂ©ly-dâApcher, puis prennent un autocar qui les conduit Ă Saint-Alban, Ă prĂšs de 1000 mĂštres dâaltitude. Inscrit sous son vrai nom de Grindel, comme patient du docteur BonnafĂ©, Eluard souffrirait de nĂ©vrose lĂ©gĂšre ». Mais, logĂ© dans lâimmense appartement du mĂ©decin, il y est accueilli en ami, au point dâavoir honte dâĂȘtre dans un pays magnifique. Les photos de Jacques Matarasso montrent la vie dans la nature. Ma femme Ă la mine rebondie et moi, je travaille comme un fou, ce qui est ici une façon de parler.[15] » De fait, malgrĂ© la faible durĂ©e du sĂ©jour dâoctobre Ă mars, avec des allĂ©es et venues diverses Eluard Ă©crit, sous le pseudonyme de Jean de Haut, 7 poĂšmes dâamour en guerre et LingĂšres lĂ©gĂšres, plus tard publiĂ©s dans le recueil Le lit la table. Lâunivers de la folie lui inspire Le monde est nul et Le cimetiĂšre des fous, rĂ©unis par la suite sous le titre Souvenirs de la maison des fous en rĂ©fĂ©rence aux Souvenirs de la maison des morts dans lesquels DostoĂŻevski dĂ©crit un autre enfermement. Il est Ă©galement en contact Ă©pistolaire avec Seghers Ă propos de lâanthologie de poĂšmes de la RĂ©sistance Lâhonneur des poĂštes, ou encore concernant une prĂ©sentation des Ćuvres du peintre Dominguez. Dans ce pays sauvage, battu des vents, lâatmosphĂšre est donc favorable Ă lâĂ©criture. LâactivitĂ© dâEluard est aussi Ă©ditoriale. LâIntelligence en guerre, selon lâexpression de Louis Parrot, conduit Ă une rĂ©sistance intellectuelle. Le poĂšte Ă©crit et publie des Ćuvres quâinterdirait lâoccupant. DĂšs 1942, il participe aux Ă©ditions clandestines de Minuit, fondĂ©es par Pierre de Lescure et Vercors pour publier Le Silence de la mer. Eluard apporte des manuscrits, car il sâagit de publier de la littĂ©rature et non des textes de propagande. De Saint-Alban, Eluard fait imprimer des textes Ă Lyon par Georges Terney, mais Lyon est loin, et fin 1943, Lucien BonnafĂ© entre en contact avec le rĂ©sistant RenĂ© Amarger qui fabrique de faux papiers et a publiĂ© MusĂ©e GrĂ©vin, Ă©crit par Aragon sous le pseudonyme de François La ColĂšre. Avec Jacques Matarasso, chimiste de formation, dâorigine juive, arrivĂ© peu avant Eluard Ă Saint-Alban, et son frĂšre LĂ©o, rĂ©sistant en Auvergne, est créée la maison dâĂ©dition clandestine La BibliothĂšque Française, dirigĂ©e par le poĂšte. Plus populaire que les Ă©ditions de Minuit, elle a publiĂ© quinze titres, distribuĂ©s gratuitement, sauf les tirages de luxe Ă 30 exemplaires. BonnafĂ©, Eluard et Matarasso sâoccupent de tout, de la mise en page Ă la relecture. Ils gagnent la ville de Saint-Flour, situĂ©e Ă quarante-cinq kilomĂštres, par le train, ou empruntent le Ford gazogĂšne de lâhĂŽpital. Ils apportent les manuscrits et les papiers Canson ou Ingres pour les exemplaires de luxe et attendent la fin du tirage Ă lâatelier, Eluard, qui souffre du froid, entourant le poĂȘle de ses grands bras[16]. Les Ă©ditions clandestines cessent dâexister Ă la destruction de lâimprimerie par les Allemands en 1944. ParallĂšlement, Eluard est aussi en contact avec des Ă©diteurs suisses qui publient Le lit la table aux Trois collines, grĂące Ă Gaston Baissette, responsable du front de rĂ©sistance des mĂ©decins et ami de BonnafĂ©, qui fait le lien avec Paris oĂč François Lachenal, fils dâun avocat de Picasso, fait passer en Suisse les poĂšmes. Eluard continue donc Ă travailler activement en LozĂšre. Mais le poĂšte vit pour la premiĂšre fois dans ce lieu si particulier quâest un hĂŽpital psychiatrique. Lucien BonnafĂ© a Ă©crit quâEluard, parmi tous les amis qui auraient pu lâaccueillir, a choisi celui qui lui permettait de vivre au pays des fous[17]. Les surrĂ©alistes se sont en effet trĂšs tĂŽt intĂ©ressĂ©s Ă la folie. AndrĂ© Breton, dĂšs 1916, incorporĂ© comme infirmier en tant quâĂ©tudiant en mĂ©decine, est affectĂ© Ă sa demande au centre neuropsychiatrique de Saint-Dizier oĂč il effectue un interrogatoire continu des malades. Il dĂ©couvre alors les fulgurances de leur discours, et le commentaire de Fraenckel aux lettres de son ami est parlant Breton dans son hĂŽpital de fous sâĂ©meut et sâĂ©pouvante de voir des aliĂ©nĂ©s plus grands poĂštes que lui.[18] » LâexpĂ©rience est Ă©prouvante, parce que le jeune homme craint en mĂȘme temps de sombrer lui-mĂȘme dans la folie. Mais il a dĂ©couvert que le fou est gĂ©nial, que la folie est la poĂ©sie absolue, mais quâil faut aussi sâen dĂ©fier. Breton sâen prend par la suite constamment aux psychiatres, malgrĂ© ses bonnes relations initiales avec le docteur Leroy puis avec le docteur Babinski. Sa condamnation est ainsi virulente Ă la fin de Nadja, aprĂšs lâenfermement de lâĂ©tonnante hĂ©roĂŻne. Mais Ă Saint-Dizier, Breton a Ă©tĂ© en contact avec les souffrances dâĂȘtres humains diminuĂ©s par la maladie, il a appris Ă observer Sujet est le monologue dâun malade qui ne croit pas en la rĂ©alitĂ© de la guerre, tout lui paraĂźt un spectacle montĂ© pour lui. Sâil a vu Ă cette Ă©poque quelques aquarelles et achetĂ© en 1929 deux objets dâaliĂ©nĂ©s, lors dâune exposition chez Max Bline Ă Paris, câest donc par le verbe que Breton a pris contact avec la folie. On connaĂźt certes un poĂšme dâEluard datĂ© de 1914 intitulĂ© Le fou parle, mais il Ă©voque surtout la position difficile du jeune homme entre sa femme et sa fiancĂ©e Gala. Eluard dĂ©couvre vraiment la folie par les crĂ©ations des malades mentaux, grĂące Ă Max Ernst quâil rencontre Ă Cologne en 1921. Lorsque le 18 aoĂ»t 1922, Ernst arrive Ă Paris grĂące au passeport dâEluard, il lui apporte en cadeau le livre de Prinzhorn Expression de la folie Bildnerei der Geisteskranken qui permet au poĂšte dâadmirer dâĂ©tranges productions dâaliĂ©nĂ©s. PrĂ©parant un certificat de psychologie, Ernst en effet a assistĂ©, de 1910 Ă 1914, Ă un enseignement Ă la clinique psychiatrique de Bonn. LĂ , il a pu voir une collection dâĆuvres de malades qui lâont frappĂ©. Ernst a compris, dĂšs cette date, lâimportance de la folie dans la crĂ©ation artistique et sâest intĂ©ressĂ© aux dĂ©couvertes de Freud. Le livre du docteur Prinzhorn qui en deux ans a constituĂ© au sein de la clinique psychiatrique de Heidelberg une collection de plus de 5 000 piĂšces, est trĂšs attendu en Allemagne oĂč il a un succĂšs considĂ©rable Ă sa parution en 1922. Eluard est donc lâun des premiers Ă avoir accĂšs en France, avant sa traduction, au plus beau livre dâimages qui soit » et Ă le recommander Ă ses amis. Selon AndrĂ© Masson, le livre est connu de tous les surrĂ©alistes[19]. Comme Breton, Eluard a donc une vision positive de la folie. En 1924 paraĂźt sous son nom, dans les Feuilles libres, Le gĂ©nie sans miroir, en rĂ©alitĂ© Ă©crit par Desnos qui illustre le texte de dessins inspirĂ©s par ceux des fous. Il sâagit dâune cĂ©lĂ©bration des maladies mentales qui semblent une punition, mais en fait sont une libĂ©ration parce quâelles donnent accĂšs Ă un pays merveilleux. Lorsquâen 1930 Breton et Eluard Ă©crivent Ă deux mains LâImmaculĂ©e conception, ils simulent aussi cinq dĂ©lires classiques Ă©tudiĂ©s par la mĂ©decine, simulations de valeur inĂ©gale aux yeux dâun psychiatre, pour prouver que la folie est dans lâesprit de tout homme, mĂȘme non malade. Pour montrer la parentĂ© entre les Ă©crits littĂ©raires et la production des fous, Breton et Eluard ont utilisĂ© des phrases dâaliĂ©nĂ©s tirĂ©es de manuels mĂ©dicaux ; ils les ont aussi donnĂ©es comme titres aux tableaux de leurs amis peintres. Cet intĂ©rĂȘt ne sâest jamais dĂ©menti, puisquâen 1942, dans le recueil PoĂ©sie involontaire, poĂ©sie intentionnelle, Eluard fait figurer, auprĂšs de citations dâĂ©crivains connus, des paroles dâanonymes et de malades mentaux empruntĂ©es aux Annales mĂ©dico-psychologiques et aux Ă©crits de Marcel RĂ©ja et de Lacan. Le poĂšte rappelle donc la dimension artistique des paroles des aliĂ©nĂ©s, juste avant dâĂȘtre confrontĂ© Ă la rĂ©alitĂ© de la folie. Pendant les annĂ©es de guerre, Eluard sâexprime dĂ©jĂ dans une poĂ©sie plus simple qui se veut proche du rĂ©el. En 1943, Ă Saint-Alban, il dĂ©couvre le tragique de la maladie mentale, dans une approche directe, puisquâil vit au sein de lâhĂŽpital. Ses amis mĂ©decins qui travaillent sans relĂąche Ă lâamĂ©lioration des conditions de vie de leurs patients, ont notĂ© lâhumanitĂ© dâEluard, sa gentillesse. Dans le service des femmes de BonnafĂ©, situĂ© dans le chĂąteau, confrontĂ© Ă la dĂ©chĂ©ance, le poĂšte ne se contente pas dâobserver les malades, de leur parler, il Ă©crit, en les Ă©coutant, frappĂ© par ceux qui lui paraissent dans leurs chimĂšres dĂ©river vers lâanimalitĂ© â Fausses guenons et fausses araignĂ©es â Fausses taupes et fausses truies⊠Dans les six portraits du poĂšme Le monde est nul, selon Louis Parrot le visage et lâesprit des fous sont reproduits avec fidĂ©litĂ©[20] ». François Tosquelles peut mettre un nom sur ces portraits, Ă©voquer celui dâune infirmiĂšre. Lucien BonnafĂ© dit Ă©galement que Madame Colignon est celle qui susurre Qui suis-je et ce marron et son sucre intĂ©rieur ». Eluard les regarde une Ă une, saisit les yeux vagues de la premiĂšre, la tristesse de lâautre, les cris qui sont une demande dâamour. Dans les trois derniers portraits, le je leur donne la parole pour traduire la souffrance et les regrets de ces ĂȘtres brisĂ©s qui font peur aux enfants ». Le deuxiĂšme poĂšme intitulĂ© Le cimetiĂšre des fous Ă©voque lâatmosphĂšre impressionnante du cimetiĂšre rĂ©servĂ© aux malades et aux religieuses qui, comme dans tous les hĂŽpitaux psychiatriques de lâĂ©poque, Ă©tait situĂ© dans le lieu mĂȘme. Les croix anonymes dressĂ©es sous la voĂ»te des arbres, parcourue de vents fous et dâesprits en ruines » sont celles dâhommes emprisonnĂ©s qui ont perdu dans la mort jusquâĂ leur nom. Face Ă la tragĂ©die de la folie, la poĂ©sie dâEluard est compassion. Il a dĂ©sormais conscience que ces poĂštes dont il simulait autrefois le dĂ©lire, sont des poĂštes dĂ©chus. Ainsi, isolĂ© en LozĂšre, Eluard nâest pas du tout dans une tour dâivoire. Il participe en tant quâartiste Ă lâaction de rĂ©organisation de lâhĂŽpital accomplie par les mĂ©decins. Tosquelles, dans ses souvenirs tardifs raconte que lors dâune rĂ©union de la SociĂ©tĂ© du GĂ©vaudan, une mĂȘme malade donnait lieu Ă une lecture poĂ©tique dâEluard, une lecture phĂ©nomĂ©nologique et existentialiste de Canguilhem, Ă lâanalyse dâun Rorschach par Chaurand et Ă un apport psychanalytique de Tosquelles lui-mĂȘme[21]. Le mĂ©decin souligne le rĂŽle du poĂšte câest en les ayant rendus plus sensibles et plus attentifs aux drames humains qui se jouaient prĂšs dâeux que Paul Eluard a Ă©tĂ© un des hommes les plus agissants et les plus efficaces dans la rĂ©forme hospitaliĂšre quâĂ cette Ă©poque ils mĂ©ditaient[22] ». BonnafĂ©, dĂ©jĂ sensible Ă la poĂ©sie et Ă lâimage surrĂ©aliste avec son ami Jean Marcenac lors de leurs annĂ©es toulousaines, est dĂ©sormais heureux de constater lâhumanitĂ© et de la simplicitĂ© de lâĂ©crivain qui lui semble incarner au mieux le surrĂ©alisme. Ici, la rĂ©sistance ne se dresse pas seulement contre lâoccupant. MĂ©decins et intellectuels, communistes ou proches du PC cherchent plus largement par leur comportement et leurs paroles Ă allĂ©ger les souffrances de lâhomme. Mais la dĂ©couverte dâEluard Ă Saint-Alban est aussi celle des Ćuvres de fous, non plus sous la forme de reproductions photographiques comme dans les annĂ©es 1920, mais dans des dessins, des broderies, des sculptures. Comme dans les autres hĂŽpitaux psychiatriques depuis le XIXe siĂšcle, Ă Saint-Alban les malades produisent des Ă©crits et des images souvent restĂ©s anonymes, mais collectĂ©s dĂšs 1914 par Maxime Dubuisson, le grand-pĂšre de Lucien BonnafĂ©. Mais en 1943, Eluard rencontre lĂ de vĂ©ritables artistes. Lâenfermement, la solitude, les pousse Ă sâexprimer plastiquement, dâune maniĂšre parfois mystĂ©rieuse. Ainsi, ClĂ©ment Fraisse, nĂ© en 1901 dans une famille de cultivateurs, ne sait ni lire ni Ă©crire. Il est internĂ© Ă Saint-Alban en 1925 pour avoir tentĂ© de dĂ©truire la ferme familiale. Violent, il cherche Ă sâĂ©vader, si bien quâil est enfermĂ© dans une petite piĂšce aux murs tapissĂ©s de lambris de bois. Pendant les deux ans de son emprisonnement, Ă lâaide dâinstruments de fortune, Fraisse creuse le bois de motifs variĂ©s, constituant une frise de 3,80 m/1,70 m. Il ne donne aucune explication Ă son extraordinaire travail qui cesse avec son enfermement aprĂšs 1931, il ne crĂ©e plus jamais. Les crĂ©ations artistiques des patients de Saint-Alban ne sont pas nĂ©cessairement liĂ©es Ă la prĂ©sence de mĂ©decins particuliĂšrement ouverts. Certains dâentre eux cependant commencent sans doute Ă Ă©crire ou Ă dessiner Ă ce moment. Aimable Jayet est transfĂ©rĂ© des hĂŽpitaux de la Seine en 1939. Son dĂ©lire le conduit vers le pays des ancĂȘtres et il lâexprime par Ă©crit sur des cahiers quâil remet aux mĂ©decins. Il Ă©crit pour lui, se libĂšre de la syntaxe, crĂ©e des mots, invente une mise en page qui mĂȘle texte et dessins, caractĂšres de tailles variĂ©es sur des supports de papier ou de tissus. Il nâest donc enfermĂ© que dans son dĂ©lire, car il a Ă Saint-Alban une grande libertĂ©, circule librement dans le village et peut Ă©crire Ă sa guise. Les mĂ©decins, Lucien BonnafĂ©, et plus tard Jean Oury, se sont attachĂ©s Ă ses productions, Ă son univers fantastique. Mais nous ne savons pas ce quâen pensait Eluard. Le poĂšte ne parle pas davantage dâune grande crĂ©atrice de Saint-Alban, Marguerite Sirvens. Elle est nĂ©e en 1890 Ă La Canourgue dâune famille aisĂ©e, a Ă©tĂ© bouleversĂ©e par le mariage de sa sĆur avec qui elle habitait et est arrivĂ©e en 1932. Peut-ĂȘtre a-t-elle Ă©tĂ© encouragĂ©e par la nouvelle Ă©quipe pendant la RĂ©sistance. En effet, elle commence, en 1942, Ă rĂ©aliser des pliages, des tricotages et finit par sâoccuper toute la journĂ©e Ă des travaux artistiques ». TrĂšs habile â elle a Ă©tĂ© modiste â elle rĂ©alise des aquarelles et des tableaux brodĂ©s de couleurs vives qui montrent des personnages dans la nature, des enfants avec leurs jouets, des animaux. Plus tard, elle crĂ©e une somptueuse robe de mariĂ©e, brodĂ©e Ă lâaide de fils quâelle tire de ses draps. Ces fils ne traversent pas les poĂšmes de Paul Eluard. Mais François Tosquelles compare le travail sur les mots de lâĂ©crivain Ă la technique mĂ©ticuleuse et inspirĂ©e de Marguerite Sirvens Eluard, câĂ©tait un ange, la dentelliĂšre de la parole. Il crochetait la parole toute la journĂ©eâŠ[23] ». Câest reconnaĂźtre aussi Ă Marguerite un vĂ©ritable statut dâartiste quâun autre malade de Saint-Alban possĂšde dĂ©jĂ , Auguste Forestier. PassionnĂ© de trains depuis lâenfance, Forestier fut longtemps un fugueur. AprĂšs avoir fait dĂ©railler un train, il est internĂ© en 1914 Ă lâhĂŽpital de Saint-Alban dont il nâest plus sorti. De la PremiĂšre Guerre datent de nombreux dessins aux crayons de couleur, reprĂ©sentant militaires et personnages historiques, souvent pourvus de couvre-chefs extravagants, production conservĂ©e par Maxime Dubuisson. Ă partir des annĂ©es 1930, il passe Ă la sculpture, taillant dans le bois soldats, maisons, bateaux, mais aussi personnages Ă tĂȘte dâoiseau et bĂȘtes fantastiques inspirĂ©es par les exploits semi-lĂ©gendaires de la bĂȘte du GĂ©vaudan. LâactivitĂ© de Forestier est nĂ©e de son enfermement. Le voyage impossible se transforme en une errance dans lâimaginaire, dans un pays oĂč il est le roi fou, crĂ©ateur tout puissant, libre de ses choix. Ă lâhĂŽpital, il est reconnu et soutenu. En 1943, il peut installer un atelier rudimentaire dans le couloir de lâarriĂšre-cuisine. Il a un statut dâartiste, puisquâil vend ou troque ses objets. Ses oiseaux oiseleurs », selon lâexpression de Dubuffet, comme les objets surrĂ©alistes inventĂ©s par Breton et ses amis juste avant la guerre, crĂ©ent la surprise en rapprochant corps dâhomme et bec-de-perroquet, tĂȘte de mammifĂšre et queue de poisson. La simplicitĂ© des outils de Forestier, la pauvretĂ© de ses matĂ©riaux, dĂ©chets rĂ©coltĂ©s dans lâhĂŽpital, lui vaudront de plaire au crĂ©ateur de la collection de lâArt brut. Ces Ă©tranges objets expriment aussi symboliquement lâaventure de Saint-Alban. Les maisons aux balustrades et portes sculptĂ©es Ă©voquent le chĂąteau hĂŽpital acceptĂ© par le malade quâest Forestier, les monstres la SociĂ©tĂ© du GĂ©vaudan créée par BonnafĂ© au service de la maladie mentale. La photo de Tosquelles portant un bateau de Forestier est lâexpression trĂšs claire de lâesprit qui portait tous ces hommes vers la libertĂ©. Eluard nâa rien Ă©crit sur ces artistes. Mais il a Ă©tĂ© marquĂ© par eux, au point de suggĂ©rer Ă sa fille CĂ©cile et au peintre GĂ©rard Vuillamy son gendre, de passer lâĂ©tĂ© 1945 Ă Saint-Alban. Ils sont accompagnĂ©s de Tristan Tzara et de son fils Christophe qui a participĂ© Ă la RĂ©sistance, invitĂ©s par Lucien BonnafĂ©. Le poĂšte Tristan Tzara, cĂ©lĂšbre pour sa participation Ă lâexplosion Dada Ă Zurich, puis Ă Paris dans les annĂ©es 1920, connaĂźt Eluard depuis cette Ă©poque et comme lui, a rompu avec Breton. Il fuit Paris dĂšs juin 1940. Dans le Sud, il retrouve Aragon et Eluard et publie la petite plaquette Route Seul-Soleil Ă la BibliothĂšque française. Le texte est prĂ©cĂ©dĂ© dâune notice qui le prĂ©sente DĂšs lâoccupation allemande, Tzara se retire dans le Midi, Ă Aix-en-Provence, puis dans le Lot, et commence Ă rĂ©sister par un silence exemplaire. » En septembre 1944, il sâinstalle Ă Toulouse, cherche avec les communistes Ă faire revivre la vie culturelle de la ville et se passionne pour la culture occitane. Mais il se fatigue des luttes politiques de cette pĂ©riode de LibĂ©ration. On le retrouve en juillet et aoĂ»t 1945 Ă Saint-Alban, et dans deux lettres Ă Georges Hunier, lâune Ă son arrivĂ©e, lâautre Ă son dĂ©part, il exprime sa satisfaction le repos est au rendez-vous, mais plus encore lâintĂ©rĂȘt[24]. Comme Eluard, Tzara dĂ©couvre la maladie mentale. Certes, Dada se situe en marge des normes sociales, cherche Ă faire table rase de la culture, Ă dĂ©construire le langage, par un retour Ă lâorigine, Ă ce que lâon appelle alors lâart nĂšgre », Ă la poĂ©sie orale des Africains ou des Maoris. Dans un article des Feuilles libres de 1926, Tzara fait lâĂ©loge de la folie, lorsquâil montre comment elle transforme lâĆuvre du peintre suĂ©dois Ernst Josephson. Mais Ă lâasile de Saint-Alban, Tzara rencontre des ĂȘtres humains. Il leur parle, lie amitiĂ© avec certains dâentre eux. Câest ce contact qui le marque, plus que les crĂ©ations artistiques quâil dĂ©couvre Jâai Ă©tĂ© extrĂȘmement touchĂ© par ce cĂŽtĂ© de sympathie qui se dĂ©gageait, cette quĂȘte, cette demande constante dâhumanitĂ© que jâai trouvĂ©e chez eux. » Câest par la poĂ©sie quâil exprime cette relation. Parler seul donne la parole aux Ă©garĂ©s », dit leur souffrance par les juxtapositions de mots et le retour des sonoritĂ©s Horreurs dĂ©tresses visages passĂ©s repassĂ©s trĂ©passĂ©s », mais aussi la tendresse et le rire, dans une nature omniprĂ©sente oĂč le rire de lâeau » sâentend entre les arbres et les ombres, dans la fourrure des Margerides », ces monts parcourus par lâĂ©cureuil et le hĂ©risson, la truite et le renard. Contrairement Ă Eluard, Tzara ne dĂ©crit pas les malades de Saint-Alban. LâatmosphĂšre du lieu surgit de certains mots La bĂȘte du GĂ©vaudan nâest pas loin lorsque le vers Ă©voque les loups, pelote et laine appartiennent peut-ĂȘtre Ă Marguerite Sirvens, le coup de sifflet et le train rappellent Auguste Forestier. Mais les mots sont de paille », le tu nâest pas celui du dialogue. Ambigu, il renvoie aussi au poĂšte lui-mĂȘme qui se reconnaĂźt en ces ĂȘtres perdus. AprĂšs son sĂ©jour, Tzara demande Ă MirĂł dâillustrer son recueil, parce quâil est le seul Ă avoir la fraĂźcheur qui convient, parce quâ il sent des racines trĂšs profondes qui rapprochent le plus de lâhomme Ă lâĂ©tat de nuditĂ© de la conscience[25] ». MirĂł souligne les textes de signes noirs et colorĂ©s, de dessins volontairement naĂŻfs. Les poĂšmes et les 72 lithographies de Parler Seul, Ă©ditĂ©s par Maeght en 1948 et 1950 sont une vĂ©ritable rĂ©ussite bibliophilique. Tzara accorde en effet, depuis les publications dada, un trĂšs grand soin Ă la rĂ©alisation de ses livres. Câest donc par lâart quâil a traduit son Ă©motion. Comme Tzara, Eluard a pu Ă©diter ses poĂšmes illustrĂ©s. Son gendre GĂ©rard Vuillamy, peintre dâabord abstrait, puis proche des surrĂ©alistes, arrive en LozĂšre un an aprĂšs lui. Il rend compte de son premier contact avec la maladie mentale, par une sĂ©rie de portraits au crayon reprĂ©sentant des malades, hommes et de femmes, comme Auguste Forestier et Marguerite Sirvens, et un dessin du cimetiĂšre des fous et de ses multiples croix. Eluard peut donc choisir certaines Ćuvres pour illustrer ses poĂšmes et constituer le recueil Souvenirs de la maison des fous quâil dĂ©dicace Ă GĂ©rard Vuillamy A GĂ©rard qui a vraiment rendu hommage Ă la tragĂ©die de Saint-Alban et Ă ses acteurs. » Cette fois, deux regards se croisent, celui du peintre et celui du poĂšte qui ont Ă©prouvĂ© une semblable compassion pour les malades quâils ont observĂ©s Ă lâhĂŽpital. La reprĂ©sentation figurative de GĂ©rard Vuillamy rĂ©pond aux descriptions dâEluard, dans le mĂȘme souci dâhumanitĂ©. Ni Eluard ni Tzara nâont parlĂ© de lâĆuvre dâAuguste Forestier, mais on sait combien elle les a intĂ©ressĂ©s. Ceci nâa rien dâĂ©tonnant. Lâaspect fruste de ces statuettes peut rappeler les objets ocĂ©aniens et amĂ©rindiens que les surrĂ©alistes ont trĂšs tĂŽt collectionnĂ©s et associĂ©s aux tableaux des peintres Le 26 mars 1926, La galerie surrĂ©aliste de la rue Jacques Callot expose Man Ray avec des objets des Ăźles Malaisie, Australie, Marquises, PĂąques⊠et en 1927, Yves Tanguy avec des objets dâAmĂ©rique Colombie britannique, Nouveau Mexique, PĂ©rouâŠ. Tzara collectionne statuettes et masques africains ou ocĂ©aniens, mais sans les mĂ©langer comme Breton Ă des objets dâart populaire et Ă des trouvailles insolites. Pendant la guerre, au moment oĂč Breton et Ernst achĂštent des poupĂ©es Kaschinas Ă New York, Eluard est sensible Ă lâaspect composite des sculptures de Forestier qui associent des tĂȘtes dâanimaux Ă des corps dâhommes un peu Ă la maniĂšre des collages. Tzara en achĂšte une, Eluard trois Le roi fou photographiĂ© par Georgette Chadourne dans lâappartement parisien du poĂšte et Ă©voquĂ© par BrassaĂŻ, une BĂȘte du GĂ©vaudan et un Homme coq, lĂ©guĂ©s par la suite au docteur FerdiĂšres. GĂ©rard Vuillamy sâintĂ©resse aussi Ă Forestier et possĂšde au moins un homme-oiseau et une bĂȘte[26]. Des hommes au regard exercĂ© Ă la quĂȘte dâĆuvres nouvelles ne peuvent quâĂȘtre frappĂ©s par la crĂ©ativitĂ© dĂ©bordante de Forestier. Alors que les crĂ©ations des malades mentaux sont souvent rĂ©pĂ©titives, celles de Forestier sont toutes originales, malgrĂ© les piĂšces dĂ©tachĂ©es fabriquĂ©es en sĂ©rie, et tĂ©moignent dâune extraordinaire imagination. GrĂące Ă ces artistes qui se situent dans la mouvance du surrĂ©alisme, les Ćuvres des malades de Saint-Alban quittent lâasile. Auguste Forestier est dĂ©jĂ apprĂ©ciĂ© autour du village il vend ou Ă©change ses sculptures lorsque les paysans traversent lâhĂŽpital pour aller au marchĂ©. MĂ©decins et infirmiers en font aussi lâacquisition, souvent comme jouets dâenfants. Ces objets nâont donc de reconnaissance que locale. La prĂ©sence dâEluard et de ses amis change la donne, non seulement parce que Jacques Matarasso et GĂ©rard Vuillamy les emportent hors de LozĂšre, mais parce que, Ă son retour Ă Paris au printemps 1944, Eluard les fait connaĂźtre il les offre Ă ses amis Picasso et Dora Maar ainsi quâĂ Raymond Queneau. De plus, sa rencontre avec Jean Dubuffet, au sortir de la guerre, a sans doute exercĂ© une influence sur la quĂȘte dâĆuvres dâaliĂ©nĂ©s engagĂ©e par le peintre en 1945, point de dĂ©part de ce qui va devenir la Compagnie de lâArt Brut qui intĂšgrera ultĂ©rieurement des Ćuvres dâartistes de Saint-Alban. Comme Breton et Eluard, Jean Dubuffet a Ă©tĂ© frappĂ© dans sa jeunesse par des Ćuvres de malades mentaux. En 1923, il sĂ©journe Ă Lausanne, chez lâĂ©crivain Paul Budry qui lui offre le livre de Prinzhorn. Pendant son service militaire Ă lâOffice national mĂ©tĂ©orologique de la tour Eiffel, il dĂ©couvre les cahiers dâobservations imaginaires du ciel de ClĂ©mentine Ripoche qui sombre dans la dĂ©mence. Mais Dubuffet ne se met vraiment Ă peindre quâaprĂšs avoir vendu, en 1942, son commerce de vins. Il est en contact avec les surrĂ©alistes grĂące Ă son ami dâenfance Georges Limbour, condisciple au Havre de Raymond Queneau. Ă la fin de 1943, Georges Limbour prĂ©sente Jean Dubuffet Ă Jean Paulhan, immĂ©diatement sĂ©duit par les recherches du peintre, au point de le prĂ©senter au galeriste Drouin qui lâexpose fin novembre 1944. Mais dĂšs le printemps 1944, Paulhan lui adresse peintres, poĂštes et Ă©crivains. Dubuffet reçoit dâabord la visite de Louis Parrot qui lui amĂšne Eluard. Cette rencontre est suivie dâune visite chez Eluard oĂč le peintre dĂ©couvre Le roi fou de Forestier. Eluard Ă©crit alors le poĂšme Quelques mots rassemblĂ©s pour Monsieur Dubuffet, illustrĂ© dâune lithographie de lâartiste. Ă peu prĂšs au mĂȘme moment, Paulhan fait connaĂźtre Ă Dubuffet Raymond Queneau qui sâest intĂ©ressĂ© aux fous littĂ©raires depuis les annĂ©es trente, comme en tĂ©moigne son roman Les enfants du limon. Une lettre de Dubuffet Ă Queneau datĂ© de 1945 est une demande de renseignement sur ces travaux. Ils ne se connaissent pas, malgrĂ© leur jeunesse havraise commune, mais deviennent amis. Charles Ratton, spĂ©cialiste des arts primitifs, proche de Tzara, Eluard et Roland Tual, rend Ă©galement visite Ă Dubuffet le 14 juin 1944 ; les relations se poursuivent et Charles Ratton devient en 1948 membre de la Compagnie de lâArt Brut[27]. Ă cette Ă©poque, la crĂ©ation personnelle de Dubuffet se veut contestataire. Il refuse la culture et la peinture officielle, sâintĂ©resse Ă lâexpression crĂ©atrice des sociĂ©tĂ©s primitives, aux graffitis et aux tatouages des prisonniers et peu Ă peu Ă lâart des aliĂ©nĂ©s. Au cours de lâĂ©tĂ© 1945, il fait un petit voyage en Suisse[28] » en compagnie de Paulhan et de Le Corbusier, invitĂ© par lâOffice national du tourisme dont Paul Budry dirige le siĂšge de Lausanne. Commencent ainsi ses prospections. Il va de dĂ©couverte en dĂ©couverte, avec le concours des mĂ©decins des hĂŽpitaux psychiatriques dont lâaccueil est chaleureux les extraordinaires peintures colorĂ©es dâAdolf Wölfi et dâAloĂŻse, les dessins au doigt Ă lâencre noire de Louis Soutter⊠Il commence Ă acquĂ©rir des Ćuvres câest le tout dĂ©but de sa collection. A son retour, il rend visite en septembre Ă Rodez au docteur FerdiĂšres qui soigne Antonin Artaud et collectionne objets insolites, masques, fĂ©tiches et objets dâaliĂ©nĂ©s. Proche des mĂ©decins de Saint-Alban, FerdiĂšres conseille Ă Dubuffet dâaller voir Auguste Forestier. Leurs relations se tendent par la suite, parce que le terme dâArt brut ne convient pas Ă FerdiĂšres qui prĂ©fĂšre parler dâArt psychopathologique. Dans lâimmĂ©diat, Dubuffet est prĂȘt Ă poursuivre en France les recherches commencĂ©es en Suisse. Dubuffet arrive donc Ă Saint-Alban, tout exprĂšs pour voir Forestier et ses Ćuvres. Il trouve lĂ nombreuse compagnie, madame BonnafĂ© son mari est absent et Tristan Tzara avec son fils et plusieurs autres invitĂ©s ». Il lui semble quâon lâaccueille un peu froidement » et en tout cas, on ne lui laisse pas voir Auguste[29]. » Tosquelles en effet refuse de recevoir le peintre, trĂšs rĂ©servĂ©, comme BonnafĂ© dâailleurs, face Ă son entreprise. Câest cette opposition aux idĂ©es de Dubuffet quâexprime la phrase de Tosquelles Lorsque je suis arrivĂ© Ă Saint-Alban en 1940, Auguste Forestier avait dĂ©jĂ inventĂ© lâArt brut ». Tosquelles avait horreur des esthĂštes[30] », explique Jean Oury qui rĂ©tablit par la suite le dialogue des mĂ©decins avec Jean Dubuffet. ArrivĂ© comme interne Ă Saint-Alban avec son ami Robert Millon en septembre 1947, Oury se passionne pour les Ćuvres des aliĂ©nĂ©s, dĂ©couvre de nouveaux crĂ©ateurs, comme Benjamin Arneval, internĂ© en 1942 qui ne commence Ă dessiner quâen 1948 lors dâune crise dâanxiĂ©tĂ©. Leurs productions, selon lui, constituent une autoreconstruction, une autoproduction, les malades Ă©tant centrĂ©s sur eux-mĂȘmes plutĂŽt que sur le rĂ©sultat esthĂ©tique. Il Ă©crit un article sur Auguste Forestier, publiĂ© par FerdiĂšres dans la revue Bizarre n° 6, en 1956. Les Ă©changes avec Dubuffet commencent dĂšs 1947, puisque le peintre lui Ă©crit pour lui parler des photos quâil fait rĂ©aliser des sculptures quâEluard et Queneau ont la chance de possĂ©der ». Oury rencontre Dubuffet en octobre 1948 et entretient avec lui une importante correspondance. Les Ă©changes dâobjets commencent avec Saint-Alban, Dubuffet Ă©tant trĂšs attentif Ă rĂ©tribuer dâune maniĂšre ou dâune autre les malades, sous le contrĂŽle de Tosquelles, avec lequel les relations se sont amĂ©liorĂ©es, mais sans plus ». Avec un peu de retard, Auguste Forestier fait partie de la collection de Dubuffet et devient lâun des artistes majeurs de la Compagnie de lâArt Brut Ă laquelle Jean Oury donne les sculptures quâil possĂšde, avec des Ćuvres dâAimable Jayet et de Marguerite Sirvens. GrĂące Ă la tĂ©nacitĂ© de Dubuffet, les Ćuvres des aliĂ©nĂ©s sont sorties de lâasile et ont Ă©tĂ© montrĂ©es au public de maniĂšre confidentielle. La crĂ©ation de la Compagnie de lâArt Brut montre clairement un intĂ©rĂȘt commun avec les surrĂ©alistes. Dubuffet croit comme eux que la crĂ©ativitĂ© des malades mentaux est plus rĂ©elle que celle de la culture officielle. Câest donc naturellement quâil demande Ă AndrĂ© Breton dâĂȘtre, avec Jean Paulhan, Charles Ratton, Henri-Pierre RochĂ© et Michel TapiĂ©, lâun des membres fondateurs de la compagnie, en 1948. Dubuffet, fier de cette participation, ressent une grande amitiĂ© pour Breton qui sâimplique pleinement dans lâaventure. AndrĂ© Breton Ă©crit, pour un Almanach de lâArt brut en dĂ©finitive non publiĂ©, lâarticle lâArt des fous qui fait partie aujourdâhui du recueil La clef des champs. Breton fait aussi dĂ©couvrir Ă Dubuffet les masques de coquillage de Pascal-DĂ©sir Maisonneuve, et accepte de prĂȘter des Ćuvres de sa collection personnelle. Mais les dĂ©saccords apparaissent. La folie est pour Breton la force crĂ©atrice de ces Ćuvres, alors que Dubuffet minore son influence pour sâintĂ©resser Ă leur qualitĂ© plastique. Le peintre craint aussi de se voir purement et simplement annexĂ© au mouvement surrĂ©aliste. Lorsque Dubuffet dĂ©cide dâexpĂ©dier sa collection aux Etats-Unis, la rupture est violente Breton, qui dĂ©sapprouve ce choix, dĂ©missionne. Raymond Queneau a Ă©galement suivi la crĂ©ation de la Compagnie de lâArt brut par son intermĂ©diaire, Dubuffet a achetĂ© des Ćuvres de Scottie Wilson, Ă Simone Collinet, premiĂšre femme de Breton et belle-sĆur de Queneau. Ces contacts ont donc permis de dĂ©velopper une collection dont Dubuffet finit par rester seul maĂźtre. Les tribulations de la collection ne sont pas terminĂ©es. Dans les annĂ©es 1960, Dubuffet continue Ă lâaccroĂźtre. Les relations avec les mĂ©decins de Saint-Alban, qui reprochent pourtant Ă Dubuffet dâoublier la maladie, sont ranimĂ©es lorsque le docteur Gentis, venu travailler avec Tosquelles avant de lui succĂ©der, reprend le flambeau. En 1962, Dubuffet reçoit 24 piĂšces de Marquerite Sirvens. Roger Gentis retrouve dans un grenier son extraordinaire robe de mariĂ©e que Lili Dubuffet prĂ©sente sur un mannequin noir lorsquâelle rejoint la collection de lâArt Brut. En 1963, Tosquelles et Gentis sauvent in extremis le lambris de ClĂ©ment Fraisse, acquis par Dubuffet. Le peintre admet la nĂ©cessitĂ© de respecter la maladie, de conserver un certain anonymat. Les noms des malades sont occultĂ©s lors des premiĂšres expositions de la Compagnie Auguste Forestier est Auguste For et Marguerite Sirvens, Marguerite Sir. Mais, grĂące Ă lâintĂ©rĂȘt de Jean Oury et Roger Gentis, les Ćuvres des crĂ©ateurs de Saint-Alban ont quittĂ© lâhĂŽpital psychiatrique. Elles finiront aussi par Ă©chapper au cercle fermĂ© de la collection de Dubuffet. La vĂ©ritable trouvaille du peintre est le nom quâil a donnĂ© Ă lâensemble quâil a constituĂ©[31]. AprĂšs quelques hĂ©sitations en faveur dâArt obscur, il a choisi Art Brut, un terme qui se dĂ©finit au fur et Ă mesure de la collecte. Ce que recouvre lâexpression est suffisamment flou, pour ne pas reprĂ©senter seulement lâart des malades mentaux, mais inclure les marginaux, tous ces crĂ©ateurs qui ont en commun de ne pas avoir de formation artistique, de ne pas faire partie du circuit commercial, dâutiliser des matĂ©riaux pauvres. Comme la folie nâest pas centrale dans lâArt Brut, les malades mentaux peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des artistes comme les autres. Tous ces crĂ©ateurs diffĂ©rents ont gagnĂ© progressivement une juste reconnaissance, malgrĂ© la confidentialitĂ© qui reste de mise Ă Lausanne au siĂšge actuel de la collection initiĂ©e par Dubuffet. Plus, ils ont leur place auprĂšs des artistes dâart moderne et contemporain quâils ont impressionnĂ©s, comme Klee au dĂ©but du XXe siĂšcle ou Tinguely dans les annĂ©es 1960. Lâextraordinaire aventure de Saint-Alban a permis, par lâentreprise de Dubuffet, de mettre en Ă©vidence la qualitĂ© des productions des malades, lâimportance de leur rĂŽle dans lâart de notre temps. Quand les Ćuvres sont sorties de lâhĂŽpital, elles ont Ă©chappĂ© Ă la maladie. Leurs crĂ©ateurs ne sont plus des exclus, comme les morts anonymes du CimetiĂšre des fous. Auguste Forestier, Marguerite Sirvens, Aimable Jayet, ClĂ©ment Fraisse et leurs successeurs sont exposĂ©s au MusĂ©e dâart moderne de Lille, le LaM, quittant ainsi une collection privĂ©e pour ĂȘtre largement exposĂ©s au public. Un autre regard sur la folie leur a rendu leur nom. La Seconde Guerre mondiale a fait de lâhĂŽpital psychiatrique dâun village de la LozĂšre un lieu unique dâasile, de rencontre, et de crĂ©ation[32]. Il servit de refuge Ă des mĂ©decins qui initiĂšrent une rĂ©volution dans le traitement des malades mentaux internĂ©s, et qui accueillirent des intellectuels et des surrĂ©alistes confrontĂ©s Ă la folie et Ă ses productions artistiques. Ces mĂȘmes hommes remarquables ont soignĂ© et cachĂ© les blessĂ©s de la RĂ©sistance. Leur engagement dans la dĂ©fense des Ćuvres de leurs malades a permis Ă ces derniers de sortir de lâanonymat et dâĂȘtre reconnus comme artistes. Ce moment fut exceptionnel, car depuis le dĂ©but des annĂ©es 1950, la chimiothĂ©rapie agit favorablement sur lâhumeur et les productions dĂ©lirantes des malades, mais elle bouleverse aussi et peut annihiler leurs facultĂ©s de crĂ©ation, dâautant que beaucoup de malades peuvent quitter lâhĂŽpital. Quelle que soit lâexplication donnĂ©e sur le rĂŽle de la folie dans la crĂ©ation artistique, voire sur son expression particuliĂšre, il faut admettre que les neuroleptiques appauvrissent lâinspiration. Dâune certaine façon, il nây a plus dâ Art des fous » proprement dit, mĂȘme si on rencontre encore des patients crĂ©ateurs soignĂ©s qui peuvent figurer alors dans lâArt brut. [1] Ce terme est utilisĂ© depuis 1938 ; il remplace en France celui dâasile ou asile dâaliĂ©nĂ©s, un Ă©tablissement hospitalier public oĂč Ă©taient traitĂ©s les malades mentaux. [2] P. Balvet, Asile et hĂŽpital psychiatrique lâexpĂ©rience dâun Ă©tablissement rural », CongrĂšs des mĂ©decins aliĂ©nistes et neurologistes de langue française, 43e session, Montpellier, octobre 1942. Hermann Simon, La psychothĂ©rapie Ă lâasile », LâHygiĂšne mentale. Journal de psychiatrie appliquĂ©e, 1933, 1, p. 16â28. Lâouvrage de H. Simon est publiĂ© en 1929 sous le titre Aktivere therapie in der Irrenanstalt. [3] Une politique de la folie par François Tosquelles, ChimĂšres, automne 1991, numĂ©ro 19. [4] L. Johnes, FrançoisTosquelles De la guerre dâEspagne Ă Saint-Alban », LâInvention du lieu, rĂ©sistances et crĂ©ation en GĂ©vaudan, LaM, MusĂ©e dâArt moderne, 2014, p. 27-33. J. Lacan, De la psychose paranoĂŻaque dans ses rapports avec la personnalitĂ©, thĂšse, 1932, Seuil, 1980. [5] A. Breton, LâAmour fou, BibliothĂšque de la PlĂ©iade, t. II, 1992, p. 70. [6] Les albums sont conservĂ©s dans les collections du LaM sous le nom dâAlbums Dubuisson. Dâautres psychiatres collectionneurs se sont intĂ©ressĂ©s trĂšs tĂŽt aux productions des malades mentaux. Auguste Marie, dĂšs la fin du XIXe siĂšcle ; Ădouard Toulouse, Paul SĂ©rieux. Benjamin Pailhas a voulu constituer un musĂ©e consacrĂ© Ă lâart des aliĂ©nĂ©s. Sa collection est conservĂ©e Ă la Fondation du Bon Sauveur, Ă Albi. Il y eut des Ă©changes entre Dubuisson et Pailhas. S. Faupin, Maxime Dubuisson, Benjamin Pailhas », Lâautre de lâart, LaM , MusĂ©e dâArt moderne, 2014, p. 51-57. [7] K. Ben Faour, Georges Canguilhem, entre folie et rĂ©sistance », Les chemins de lâart brut 6 Ă Saint-Alban- sur- Limagnole, 2007, p. 27-31. Essai sur quelques problĂšmes concernant le normal et le pathologique. Clermont. La Montagne, 1943. [8] Tosquelles prĂ©cise que des expositions de champignons avaient Ă©tĂ© organisĂ©es pour apprendre aux patients Ă les ramasser. ChimĂšres, 1919. [9] P. Balvet, A. Chaurand RĂ©gime alimentaire et restriction Ă lâhĂŽpital psychiatrique de la LozĂšre », op. cit. ; I. von Buetzingsloewen, LâHĂ©catombe des fous, Aubier, 2007, p. 369-372. M. Rochet attĂ©nue lâoptimisme de BonnafĂ© et Tosquelles, puisque, selon les rapports administratifs et mĂ©dicaux, il y eut 56 dĂ©cĂšs par cachexie durant la guerre. Au-delĂ de la dĂ©nutrition responsable des morts, il faut y associer le froid, la tuberculose pulmonaire, et tenir compte de lâarrivĂ©e massive en 1939, de lâĂ©tat de santĂ© des 250 malades transfĂ©rĂ©s du fait de la guerre en provenance de lâhĂŽpital psychiatrique de Ville-Evrard et des hĂŽpitaux dâAlsace-Lorraine ; M. Rochet Saint-Alban sur-Limagnole un hĂŽpital psychiatrique dans la guerre », LâInformation psychiatrique, 1996, p. 758-765 ; Max Lafont, LâExtermination douce. La cause des fous, 40000 malades mentaux morts de faim dans les hĂŽpitaux de Vichy, Bordeaux, Ă©ditions du Bord de lâeau, 2000 ; I. von Buetzingsloewen invalide la thĂšse dâun gĂ©nocide organisĂ© par les autoritĂ©s allemandes ou françaises, voire le milieu psychiatrique, op. cit. , p. 403-421. [10] F. Tosquelles, ChimĂšres, op. cit. [11] A. Breton, Lâart des fous la clĂ© des champs, BibliothĂšque de la PlĂ©iade, t. III, 1999, p. 884-887. [12] L. BonnafĂ©, DĂ©saliĂ©ner Folie et SociĂ©tĂ©, Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 1991. [13] B. Chevillon, Sur les traces de Franco Basaglia et Lucien BonnafĂ© », Actes du colloque Paris 2011, p. 10. [14] M. Gauzy, Lâeffervescence saint-albanaise », in catalogue Trait dâunion, LaM, 2007, p. 16. [15] Gateau, Paul Eluard ou le frĂšre voyant, Laffont, 1988, p. 282. [16] Les amitiĂ©s de la RĂ©sistance », Le Lien, n°8, Dec 1999. [17] Lâesprit de secteur, Entretien avec Lucien BonnafĂ©, Site Soin Ă©tude et recherche en psychiatrie. [18] M. Bonnet, La rencontre dâAndrĂ© Breton avec la folie », Folie et psychanalyse dans lâexpĂ©rience surrĂ©aliste, ZĂ©ditions, Nice, 1992, p. 120. [19] Une prĂ©cision dâAndrĂ© Masson sur lâart brut », Le Monde, 6 octobre, 1971. [20] P. Dhainaut, Visages de la folie Paul Eluard Ă Saint-Alban », Lâinvention du lieu, LaM, 2015, p. 40. [21] P. BrĂ©tĂ©cher, Une rencontre inĂ©vitable »,ibid, [22] P. Dhainaut, Visages de la folie Paul Eluard Ă SaintAlban », ibid., p. 42. [23] Une politique de la folie par François Tosquelles », ChimĂšres, op. cit. [24] Lettres de Tzara Ă Georges Hugnet, 10 juillet 1945, 8 septembre 1945, BibliothĂšque Jacques Doucet. [25] Entretien radiophonique avec Georges Charensol et Jean DalevĂšse, in Tristan Tzara Ćuvres complĂštes IV, Flammarion, 1980, note de Henri BĂ©har, p. 582. [26] E. Le Coguic, LâactivitĂ© intellectuelle et artistique au sein de lâĂ©tablissement psychiatrique de Saint-Alban-sur Limagnole de 1914 Ă 1970, UniversitĂ© de Paris Ouest Nanterre La DĂ©fense, MĂ©moire de Master 2, juin 2011. [27] P. Dagen, Ratton, objets sauvages »,Charles Ratton. LâInvention des arts primitifs, MusĂ©e du Quai Branly, Skira Flammarion, 2013, p. 136. [28] J. Paulhan Guide dâun petit voyage en Suisse, Ćuvres complĂštes Cercle du Livre PrĂ©cieux, 1966, t. I, [29] Lettre Ă Jean Oury, 17 fĂ©vrier 1949, Lâinvention du lieu, op. cit., p. 49. [30] J. Oury, PrĂ©alable Ă toute clinique des psychoses, ErĂšs, 2012, p. 238. [31] C. Delavaux, Lâart brut, un fantasme de peintre, Palette, 2010. [32] LâhĂŽpital psychiatrique sâappelle aujourdâhui Centre François Tosquelles.
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