chĂąteauHaut de la BĂ©cade L'appellation Pauillac fait partie de la rĂ©gion de Bordeaux en France dont est issu La Rose Pauillac avec ses 31 cuvĂ©es. RĂ©partie sur 117 200 ha, cette rĂ©gion produit 6 millions d'hectolitres/an (80% vins rouge + vins blanc (secs, doux et liquoreux), vins rosĂ©, clairet et crĂ©mant). Voir la page appellation. Pauillac : les plus populaires. Bordeaux Lesarchives du Gard n’étant malheureusement pas en ligne il est trĂšs difficile de faire des recherches dans ce dĂ©partement ( d’aprĂšs les infos que j'ai elle ne sont pas prĂȘtes d’ĂȘtre en ligne, le conseil dĂ©partemental a d'autres prioritĂ©s !!) Cordialement. BussySaint-Georges - CĂŽteaux de la brosse. Espace naturel, parc, jardin (Ă  environ 11.94 kms de Tournan-en-Brie) L’association des Coteaux de la Brosse créée en 2000, a dĂ©cidĂ© de replanter une vigne Ă  Bussy-Saint-Georges avec l'aide de la CommunautĂ© d'AgglomĂ©ration "Marne et Gondoire" et la municipalitĂ© de Bussy. 2 000 pieds dont 1/3 de pinot noir et 2/3 de Dansle genre, les plus attendus sont sans doute RoboCop (fĂ©vrier), Edge Of Tomorrow (mai) avec Tom Cruise, Transformers : l’ñge de COMMUNIQUÉDE PRESSE JEUDI 19 AVRIL 2018 5 Les Vendanges du Petit Tom - AOP Terrasses du Larzac 2016 DOMAINE CAP D’ANIEL - GIGNAC RĂČc - IGP St-Guilhem-le-DĂ©sert 2015 MAS DES COLIBRIS - GIGNAC Baies Choisies - AOP Terrasses du Larzac 2016 MAS D'AGAMAS - LAGAMAS Saint-Amans - IGP Pays d'Oc 2014 CAVE COOPÉRATIVE LES QuantĂ  la terrasse, avec ses tilleuls, avec son promenoir sablĂ©, toujours sec, avec sa guirlande de gĂ©raniums Ă©carlates et de bĂ©gonias caressant les pierres austĂšres et grises du pied de la tour, avec ses meubles rustiques Ă©parpillĂ©s, son parapet de granit, sa vue dĂ©licieuse sur une contrĂ©e aussi charmante que peuvent la faire des eaux, des blĂ©s et des bois, la terrasse Ă©tait a2MaH. The nose is fruity, racy and offers a certain power of the grain. It reveals notes of walnut strawberry, wild cassis and more slightly blackberry associated with small touches of liquorice / star anise, cornflowers as well as a subtle hint of pepper. The palate is fruity, racy and offers an acidulous frame, juiciness, a little tension, a racy grain as well as a little airy side in the approach. On the palate this wine expresses notes of pulpy / juicy blackberry, fleshy cassis and slightly blueberry associated with touches of crushed small red fruits as well as hints of chocolate, fresh blond tobacco and a hint of almond toasted. Good length. A gourmand wine, on the fruit and easy to access. Note Score 15+/20 Note Score 89-90/100 Date de dĂ©gustation Tasting date 11/2021 DĂ©gustateur Wine Critic Choukroun Chicheportiche Jonathan Type d'agriculture Agriculture Agriculture RaisonnĂ©e Sustainable Agriculture Type Kind Rouge Red Format dĂ©gustĂ© Tasted bottle size Bouteille Bottle En Primeur EnPrimeur Non No Obtenir le diplĂŽme officiel Get the Official Certificate ← ChĂąteau de Lussac 2019 ChĂąteau Moulin de Grenet 2019 → We use cookies on our website to give you the most relevant experience by remembering your preferences and repeat visits. By clicking “Accept”, you consent to the use of ALL the cookies. Produit non loin de l'Adour, Ă  cheval sur les dĂ©partements du Gers, des Hautes-PyrĂ©nĂ©es et des PyrĂ©nĂ©es-Atlantiques, le madiran a joui trĂšs tĂŽt d'une excellente rĂ©putation il fut longtemps le vin des pĂšlerins de Saint-Jacques-de-Compostelle. Son cĂ©page dominant est le tannat qui s'exprime avec force sur un terroir argilo-calcaire et siliceux mĂȘlĂ© de fines graves, ce qui explique la puissance et la charpente de ce vin de bonne garde. En vieillissant, pourtant, le madiran devient soyeux et caresse le palais. AOC Madiran quel Ɠil ? Comme de nombreux vins du Sud-Ouest, le madiran annonce sa puissance par une robe trĂšs foncĂ©e, d'un rubis sombre. AOC Madiran quel nez ? Le parfum le plus caractĂ©ristique du madiran est la framboise. La palette comporte aussi des notes de fruits noirs ou rouges, de geniĂšvre. AOC Madiran quelle bouche ? Quand leur vinification a Ă©tĂ© adaptĂ©e, avec une cuvaison courte, les madiran peuvent ĂȘtre souples, frais, parfumĂ©s et fruitĂ©s. Ils sont alors destinĂ©s Ă  ĂȘtre bus jeunes. Toutefois, la plus grande partie de la production comprend des vins souvent Ă©levĂ©s en barrique qui doivent ĂȘtre attendus pendant quelques annĂ©es. Quand ils ont atteint leur maturitĂ© et assoupli leurs tanins, ils se montrent sensuels et charnus. D'une grande ampleur, ils tapissent le palais d'arĂŽmes d'Ă©pices, de fruits noirs et de pain grillĂ©. AOC Madiran quel accord mets/vins ? Cassoulet, confit, magret de canard, gibier, fromages de brebis des PyrĂ©nĂ©es, bleu d’Auvergne. Vous cherchez d’autres vins Madiran ? 1jour1vin, vous propose en vente privĂ©e et au meilleur prix un large choix de vins issus des plus beaux vignobles. 15 € offerts sur votre 1Ăšre commande, inscrivez-vous ! LES VINS COUP DE COEUR DU GUIDE HACHETTE Guide 2021 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2014 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2011 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2022 Vin rouge tranquille - 0 avis Guide 2022 Vin rouge tranquille - 0 avis LES RECETTES EN ACCORD AVEC LES VINS POUR L'APPELLATION LES VINS D’APPELLATION Madiran Explorez tous les vins sĂ©lectionnĂ©s par le Guide Hachette des Vins dans cette appellation. 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Elles occupent un sol de graves gĂŒnziennes sur un substrat argilo-calcaire, avec un age moyen de 25 ans en 2010. Les vendanges sont manuelles et un triple tri est effectuĂ©, Ă  la vigne puis avant et aprĂšs l'Ă©raflage, pour ne vinifier que des fruits sains et bien mĂ»rs. La vinification, sous la houlette de StĂ©phane Derenoncourt, commence dans des cuves inox thermorĂ©gulĂ©es pour se terminer par 12 mois d'Ă©levage en barriques de chĂȘne renouvelĂ©es par tiers chaque annĂ©e. Il en rĂ©sulte un Pessac-LĂ©ognan structurĂ©, aromatique, tannique et souple, avec beaucoup de fruits rouges et un potentiel de garde autour de la dĂ©cennie. Les millĂ©simes retenus par Bernard Burtschy prĂ©sentent une constance dans la qualitĂ© qui mĂ©rite d'ĂȘtre soulignĂ©e. Tous ont notre Ă©gale faveur. ART, FOLIE ET SURRÉALISME A L’HÔPITAL PSYCHIATRIQUE DE SAINT- ALBAN-SUR-LIMAGNOLE PENDANT LA GUERRE DE 1939-1945 par Dominique Mabin et RenĂ©e Mabin TĂ©lĂ©charger l’article Le village de Saint-Alban-sur-Limagnole, en Haute LozĂšre, a connu un destin exceptionnel durant la Seconde Guerre mondiale, grĂące Ă  son hĂŽpital psychiatrique[1]. Son souvenir demeure. Il est dĂ» Ă  la conjonction d’une situation gĂ©ographique favorable, et Ă  des personnalitĂ©s remarquables qui participĂšrent Ă  de multiples actions dans la RĂ©sistance et dans la survie des malades hospitalisĂ©s, dans le bouleversement de la vie asilaire, dans l’accueil d’intellectuels, surrĂ©alistes ou non, et, enfin, dans la reconnaissance, en tant qu’artistes, de malades mentaux. Nous rappelons le rĂŽle des principaux acteurs avant d’aborder le surrĂ©alisme et l’art des fous. La Psychiatrie en guerre Saint-Alban est un lieu Ă©loignĂ© des grandes villes, connu pour son chĂąteau du XVIe siĂšcle, bĂąti sur une ancienne forteresse fĂ©odale, et situĂ© sur le flanc ouest de la Margeride, aux confins de l’Aubrac. En 1821, un frĂšre de l’ordre de Saint-Jean de Dieu, Hilarion Tissot, achĂšte ce chĂąteau dĂ©labrĂ© pour en faire une maison d’accueil pour femmes aliĂ©nĂ©es. Il est aidĂ© par des religieuses venues de Marseille. En 1824, le prĂ©fet rachĂšte le chĂąteau qui devient un asile dĂ©partemental pour des femmes, puis pour des hommes en 1850. Des bĂątiments destinĂ©s aux hommes sont ensuite construits sur le plateau. À distance du chĂąteau, se situe la ferme du Villaret qui lui est rattachĂ©e, et un Institut mĂ©dico-pĂ©dagogique. Au cours de la Seconde-Guerre mondiale, des mĂ©decins exceptionnels vont entrer en action. Il s’agit d’abord de Paul Balvet, psychiatre lyonnais, qui arrive en 1936 comme directeur. Il entreprend des rĂ©formes pour humaniser l’hĂŽpital psychiatrique. Au CongrĂšs des aliĂ©nistes et des neurologues de Montpellier en 1942, il lance un appel pour dĂ©noncer l’immobilisme du systĂšme asilaire et sa dĂ©cadence ». Il adhĂšre aux idĂ©es du psychiatre allemand Hermann Simon sur l’expĂ©rience du Guttersloch, pour une thĂ©rapeutique plus active Ă  l’hĂŽpital psychiatrique » c’est la sociĂ©tĂ© qui est malade, et l’hĂŽpital responsable de sa propre pathologie, confinant soignants et soignĂ©s dans la chronicitĂ©[2]. Balvet jette les fondements d’une politique psychiatrique en vue de donner plus d’autonomie aux malades, de crĂ©er un espace d’ouverture et d’échanges, et de mettre en place ce qui deviendra l’ergothĂ©rapie, qui sera un travail rĂ©munĂ©rĂ©, et non plus une simple occupation des patients. Il crĂ©e en 1942 le Club, qui deviendra la SociĂ©tĂ© du GĂ©vaudan », qui va organiser la vie des malades Ă  l’intĂ©rieur et Ă  l’extĂ©rieur de l’hĂŽpital, avec un systĂšme coopĂ©ratif autonome, dans lequel chaque malade trouve sa place, participe, produit, vend ou Ă©change ses rĂ©alisations. En effet, la pratique psychiatrique asilaire sera transformĂ©e. Il faut redĂ©finir les relations entre le personnel mĂ©dical et les malades, revoir la formation des infirmiers. Ce bouleversement doit se faire collectivement par des Ă©changes permanents. Cette nouvelle approche collective sera appelĂ©e par G. DaumĂ©zon et P. Koechlin la PsychothĂ©rapie institutionnelle », qui sera intriquĂ©e Ă  partir de 1960 Ă  la psychiatrie de secteur, chargĂ©e de prĂ©venir, traiter et accueillir tous les malades d’une rĂ©gion donnĂ©e. Cette rĂ©volution sera poursuivie par François Tosquelles et par Lucien BonnafĂ©, psychiatres et militants communistes. Un autre acteur majeur intĂšgre l’hĂŽpital, le 9 janvier 1940, François Tosquelles, accueilli par Balvet qui manque de mĂ©decins. C’est un rĂ©fugiĂ© catalan de la guerre d’Espagne. Avant cette guerre, il travaillait comme psychiatre dans un institut dont le directeur Ă©tait intĂ©ressĂ© par la psychanalyse. En effet, la Catalogne avait accueilli beaucoup de rĂ©fugiĂ©s qui fuyaient le nazisme, parmi lesquels des psychanalystes. Lorsque la guerre civile Ă©clate en 1936, Tosquelles s’engage dans les milices antifascistes du POUM. Il se retrouve mĂ©decin chef des services de psychiatrie de l’armĂ©e rĂ©publicaine. Il est envoyĂ© sur le front sud, qui s’étend de Valence Ă  Almeria, oĂč il crĂ©e une communautĂ© thĂ©rapeutique Ă  Almodovar del Campo. AprĂšs la chute de la rĂ©publique espagnole, il s’enfuit, traverse les PyrĂ©nĂ©es grĂące Ă  un rĂ©seau mis en place par sa femme, HĂ©lĂšne[3], et il se retrouve internĂ© Ă  Septfonds, l’un des lieux concentrationnaires français pour les rĂ©fugiĂ©s espagnols, dans lequel il met en place un service de psychiatrie. Il en sort grĂące Ă  AndrĂ© Chaurand, mĂ©decin au Puy, qui le conseille Ă  Paul Balvet qui rĂ©forme alors son hĂŽpital. Ne disposant pas de diplĂŽmes français, Tosquelles est recrutĂ© comme infirmier adjoint psychiatrique. Avec l’aide d’AndrĂ© Chaurand, il recommence son cursus mĂ©dical, rĂ©munĂ©rĂ© par le Mexique qui est opposĂ© Ă  Franco, passe l’internat puis le mĂ©dicat des hĂŽpitaux. Tosquelles partage lui aussi les vues dĂ©veloppĂ©es par Hermann Simon dans son livre dont il apporte Ă  Saint-Alban un exemplaire, sur la nĂ©cessaire Ă©volution de l’administration des asiles, qu’il a dĂ©jĂ  mise en Ɠuvre en Catalogne. Avec Ă©nergie, il applique en LozĂšre ses conceptions thĂ©oriques basĂ©es sur le marxisme et la psychanalyse, Freud et Lacan dont il fait dactylographier la thĂšse qui ouvre la question du traitement des psychoses, pour la diffuser[4]. Il est coauteur avec le groupe de Saint-Alban de l’appel de Paul Balvet au CongrĂšs des aliĂ©nistes de 1942. Le troisiĂšme acteur est Lucien BonnafĂ©, psychiatre, qui arrive le 13 janvier 1943 comme mĂ©decin chef, aprĂšs avoir permutĂ© son poste de Sotteville-lĂšs-Rouen pour un poste moins exposĂ© en LozĂšre afin de se protĂ©ger dans la RĂ©sistance. Durant ses Ă©tudes Ă  Toulouse, il a frĂ©quentĂ© des surrĂ©alistes et a rencontrĂ© AndrĂ© Breton Ă  Paris. Avec Tosquelles et Chaurand, il installe une direction collĂ©giale de l’hĂŽpital. Au cours des rĂ©unions de la SociĂ©tĂ© du GĂ©vaudan ils discutent de tout d’une façon informelle la vie asilaire, le traitement des malades, le surrĂ©alisme, la psychanalyse, les rĂ©formes en cours, la RĂ©sistance. Il veut humaniser l’asile qui doit devenir une communautĂ© vivante. La salle commune créée en 1940 va devenir un foyer bibliothĂšque ». Les ateliers sont destinĂ©s Ă  un travail collectif. En 1950, paraĂźtra Trait d’Union qui donne la parole aux malades et aux soignants ; c’est un lieu d’échanges. BonnafĂ© dĂ©veloppe un concept clĂ© l’Art de la sympathie », reprenant la dĂ©claration de Breton dans l’Amour fou La sympathie qui existe entre deux, entre plusieurs ĂȘtres semble bien les mettre sur la voie de solutions qu’ils poursuivraient sĂ©parĂ©ment en vain.[5] » BonnafĂ© prend la direction du service des femmes, Chaurand celui des hommes et l’Institut mĂ©dico – pĂ©dagogique. Tosquelles s’implique Ă  tous les niveaux. BonnafĂ© vit depuis son enfance dans le milieu psychiatrique. Son grand-pĂšre Maxime Dubuisson est mĂ©decin des asiles. Homme cultivĂ©, aimant la poĂ©sie, disposant d’une grande bibliothĂšque, il est un des premiers mĂ©decins Ă  reconnaĂźtre et Ă  conserver les Ɠuvres des fous dessins, sculptures, jouets offerts par les malades Ă  son petit-fils. Cette premiĂšre rencontre de Lucien BonnafĂ© avec l’art est dĂ©terminante. Dubuisson connaĂźt l’asile de Saint-Alban, puisque, en retraite depuis 1908, il est rappelĂ© en 1914 pour prendre la direction de l’hĂŽpital en remplacement de mĂ©decins partis au front. Il y reste jusqu’en 1915, puis dirige l’hĂŽpital Braqueville de Toulouse, aujourd’hui hĂŽpital Henri Marchand, jusqu’en 1918. TrĂšs attentif aux patients, il cherche avec peu de moyens Ă  amĂ©liorer leurs conditions de vie. Il garde de Saint-Alban deux albums de dessins rĂ©alisĂ©s par les malades que son petit-fils conserve toute sa vie[6]. Mais le rĂŽle de cette Ă©quipe saint-albanaise ne se limite pas Ă  ĂȘtre un point de rĂ©fĂ©rence et un lieu d’élaboration de la rĂ©volution de la psychiatrie asilaire. L’hĂŽpital est fortement impliquĂ© dans la RĂ©sistance, sous toutes ses formes accueil de rĂ©fugiĂ©s et d’immigrĂ©s clandestins, traitement des blessĂ©s FFI. Les mĂ©decins dispensent des soins sur le lieu des combats ; les plus grands blessĂ©s sont cachĂ©s dans les caves et les greniers, avec la complicitĂ© de la supĂ©rieure et des religieuses de la communautĂ© de Saint-RĂ©gis. Des juifs, des intellectuels sont dissimulĂ©s au milieu des malades. Parmi eux, ceux qui sont interdits d’exercer dans la fonction publique. Citons le docteur Bardach, de l’Institut Pasteur, cachĂ© comme fou sous le nom de VĂ©rels, ou Denise Glazer, future animatrice d’une Ă©mission musicale, qui Ă©tudie la philosophie Ă  Clermont-Ferrand avant de se rĂ©fugier Ă  l’asile comme institutrice Ă  l’Institut mĂ©dico-pĂ©dagogique. La situation gĂ©ographique de Saint-Alban en fait une plaque tournante de la RĂ©sistance. Elle a jouĂ© un rĂŽle dĂ©terminant dans les opĂ©rations militaires, notamment en 1944 Ă  la bataille du Mont-Mouchet. À cette Ă©poque, BonnafĂ© quitte Saint-Alban pour la vie clandestine de la RĂ©sistance. AndrĂ© Chaurand le remplace Ă  la direction de l’hĂŽpital. Le philosophe Georges Canguilhem rejoint l’hĂŽpital. AgrĂ©gĂ© de philosophie en 1927, il est nommĂ© en 1936 au lycĂ©e de Toulouse ; il aurait alors dĂ©cidĂ© d’entreprendre des Ă©tudes de mĂ©decine. En 1940, il refuse de prĂȘter serment Ă  l’Etat Français et demande sa mise en congĂ© de l’Éducation Nationale pour convenances personnelles. En 1941, il revient Ă  l’enseignement Ă  Clermont-Ferrand ; il exerce alors des responsabilitĂ©s au sein du mouvement clandestin de la RĂ©sistance sous le nom de Lafont. AprĂšs avoir soutenu sa thĂšse en 1943 Ă  l’universitĂ© de Strasbourg repliĂ©e Ă  Clermont-Ferrand, il Ă©chappe en 1944 Ă  une rafle de la Gestapo. DissimulĂ© sous des vĂȘtements d’ecclĂ©siastique, il se rĂ©fugie chez son ami BonnafĂ© oĂč il soigne les maquisards. Il s’illustre plus particuliĂšrement lors de la bataille du Mont-Mouchet[7]. Cette expĂ©rience saint-albanaise a fait changer Canguilhem d’opinion sur la psychiatrie. Au-delĂ  de leur engagement dans le traitement et la protection des rĂ©sistants et des rĂ©fugiĂ©s, les mĂ©decins de Saint-Alban ont aussi une rĂ©sistance intellectuelle importante dans l’édition clandestine, grĂące Ă  l’imprimerie RenĂ© Amarger de Saint-Flour. MĂ©decins, universitaires, intellectuels, se rĂ©unissent dans la librairie de Silvio Trentin de Toulouse qui est un rĂ©fugiĂ© italien antifasciste. Ils diffusent des textes entre les zones Nord et Sud. Gaston Baissette, responsable du front de rĂ©sistance des mĂ©decins, sĂ©journe Ă  plusieurs reprises Ă  Saint-Alban et assure des liaisons avec la rĂ©sistance lyonnaise. Une autre action du Club de Saint-Alban sera dĂ©terminante dans la survie des malades hospitalisĂ©s. En effet, dĂšs 1940, apparaissent des difficultĂ©s de ravitaillement. Pour survivre, toutes les personnes valides sont mobilisĂ©es. Les malades vont assurer des travaux de jardinage, de ramassage de pommes de pin, de champignons[8], ĂȘtre employĂ©s Ă  la ferme du Villaret, domaine de 55 ha, et au jardin potager de 2 ha. Ils seront aussi utilisĂ©s au moment des grands travaux agricoles pour aider les fermiers, ce qui assure leur subsistance. À l’intĂ©rieur de l’établissement, les femmes font des travaux de couture, de filage et de tricotage pour les paysans du village ; ils servent de troc contre des produits alimentaires introuvables dont du beurre. Les malades Ă©changent la ration alcoolique qui leur est octroyĂ©e contre des pommes de terre. De ce fait, Saint-Alban est l’hĂŽpital psychiatrique français qui compte le moins de morts dus Ă  la famine il n’y eut pas d’extermination douce »[9]. Paul Balvet, au CongrĂšs des aliĂ©nistes de 1942, avait vivement dĂ©noncĂ© cette situation de famine. La fabrication de faux certificats de tuberculose permet Ă  des malades fragiles de bĂ©nĂ©ficier d’un supplĂ©ment alimentaire. On a inventĂ© un service de tuberculeux » dit Tosquelles[10]. D’autre part, face Ă  une situation catastrophique, la circulaire du 4 dĂ©cembre 1942 Ă©manant du SecrĂ©tariat d’État Ă  la famille et Ă  la santĂ©, accorde aux aliĂ©nĂ©s internĂ©s des supplĂ©ments, qui, mĂȘme s’ils sont faibles de 200 Ă  225 calories par jour et 400 calories pour un quart d’entre eux sont alors jugĂ©s importants. On voit donc que la pĂ©nurie de main-d’Ɠuvre du fait de la guerre assure Ă  la fois la survie des malades et la reconnaissance de leur utilitĂ©, ce qui rĂ©pond aux souhaits et Ă  l’engagement des mĂ©decins. Durant cette mĂȘme pĂ©riode, l’hĂŽpital de Saint-Alban accueille des intellectuels, surrĂ©alistes ou non, et participe Ă  la reconnaissance de la production artistique des malades mentaux, intĂ©grĂ©e ultĂ©rieurement dans l’Art brut. SurrĂ©alisme et Art des fous[11] RĂ©unis Ă  Saint-Alban par les hasards de la guerre, François Tosquelles et Lucien BonnafĂ© sont des personnalitĂ©s exceptionnelles, en avance sur leur temps, qui connaissent, dĂšs leur plus jeune Ăąge, Tosquelles la psychanalyse et BonnafĂ© les crĂ©ations artistiques des malades mentaux. BonnafĂ© aime aussi la poĂ©sie et le cinĂ©ma. Pendant ses Ă©tudes de mĂ©decine Ă  Toulouse, il participe avec son ami poĂšte et professeur de philosophie Jean Marcenac, au groupe surrĂ©aliste Le trapĂšze volant ou mouvement Chaos créé par le poĂšte Georges Massat avec son frĂšre RenĂ© et les frĂšres Matarasso[12]. Leur maĂźtre en poĂ©sie est JoĂ« Bousquet Ă  qui ils rendent visite Ă  Carcassonne. Cette initiation est capitale pour BonnafĂ©, grand conteur qui pouvait rĂ©citer des passages entiers d’Ɠuvres surrĂ©alistes »[13]. Dans le cadre d’un cinĂ©-club, il rencontre lors de ses voyages Ă  Paris, non seulement AndrĂ© Breton et RenĂ© Crevel, mais aussi des peintres et sculpteurs, comme Yves Tanguy et Giacometti. Il se dit dĂ©finitivement marquĂ© par le SurrĂ©alisme qui est aussi un engagement politique dĂšs 1931, il est frappĂ© par un tract invitant Ă  ne pas visiter l’Exposition coloniale. Le SurrĂ©alisme est donc pour lui une leçon de libertĂ© il apprend l’égalitĂ© entre les hommes et la non-exclusion du malade. La guerre a permis Ă  Tosquelles et BonnafĂ© de constituer dans un lieu Ă©loignĂ© de tout, un groupe composĂ© d’intellectuels et d’artistes. Mais on ne peut pas exactement parler de hasard lorsque ces mĂ©decins accueillent un poĂšte surrĂ©aliste sensible Ă  l’art et Ă  la folie. C’est en effet la prĂ©sence d’Eluard qui permet au SurrĂ©alisme de marquer de son empreinte ce que Tosquelles a pu appeler le rĂ©veil de Saint-Alban ». En octobre 1942, PoĂ©sie et VĂ©ritĂ© est Ă©ditĂ© par la Main Ă  Plume, le groupe nĂ©osurrĂ©aliste constituĂ© autour de NoĂ«l Arnaud et Jean François Chambrun. Le recueil s’ouvre sur le poĂšme LibertĂ© qui est ensuite largement diffusĂ© sous forme de tracts, lu Ă  la radio, traduit en anglais par Louis Parrot et rĂ©imprimĂ© Ă  Londres. Pour Eluard, c’est la cĂ©lĂ©britĂ© et en mĂȘme temps l’inquiĂ©tude. Il se rĂ©fugie chez le libraire rĂ©sistant communiste Lucien Scheler, rue de Tournon. En septembre 1942, il constitue le ComitĂ© national des Ă©crivains pour la zone Nord ; en novembre, il accepte de collaborer aux Lettres Françaises, organe du CNE dirigĂ© Ă  partir de 1943 par Claude Morgan. La rĂ©conciliation avec Aragon est presque immĂ©diate. Eluard et Nusch attendent Aragon et Elsa Ă  la gare de Lyon la rĂ©union a pour but de rĂ©unir le CNE de la zone Nord d’Eluard Ă  celui de la zone Sud dirigĂ© par Aragon. Ces contacts expliquent le passage ultĂ©rieur Ă  Saint-Alban de Georges Sadoul, Ă©missaire d’Aragon. Ces prises de position d’Eluard entraĂźnent la rupture avec Arnaud et la Main Ă  plume, dont les membres ne vont pas tarder Ă  ĂȘtre inquiĂ©tĂ©s par la Gestapo. Eluard craint de l’ĂȘtre lui-mĂȘme. Je crois que nous allons ĂȘtre obligĂ©s d’aller Ă  la campagne », Ă©crit-il Ă  Louis Parrot, le 8 octobre. BonnafĂ© raconte qu’il assiste au dĂ©ballage de paquets contenant PoĂ©sie et VĂ©ritĂ©. Ça suffit d’habiter Paris, il faut trouver une planque ailleurs » dit Eluard. Et c’est ainsi que BonnafĂ© lui offre l’hospitalitĂ©[14]. En novembre 1943, Eluard quitte Paris avec Nusch, s’arrĂȘte Ă  Clermont-Ferrand chez son ami Louis Parrot qui y a trouvĂ© un poste Ă  l’agence Havas. En train, ils parviennent Ă  la gare de Saint-ChĂ©ly-d’Apcher, puis prennent un autocar qui les conduit Ă  Saint-Alban, Ă  prĂšs de 1000 mĂštres d’altitude. Inscrit sous son vrai nom de Grindel, comme patient du docteur BonnafĂ©, Eluard souffrirait de nĂ©vrose lĂ©gĂšre ». Mais, logĂ© dans l’immense appartement du mĂ©decin, il y est accueilli en ami, au point d’avoir honte d’ĂȘtre dans un pays magnifique. Les photos de Jacques Matarasso montrent la vie dans la nature. Ma femme Ă  la mine rebondie et moi, je travaille comme un fou, ce qui est ici une façon de parler.[15] » De fait, malgrĂ© la faible durĂ©e du sĂ©jour d’octobre Ă  mars, avec des allĂ©es et venues diverses Eluard Ă©crit, sous le pseudonyme de Jean de Haut, 7 poĂšmes d’amour en guerre et LingĂšres lĂ©gĂšres, plus tard publiĂ©s dans le recueil Le lit la table. L’univers de la folie lui inspire Le monde est nul et Le cimetiĂšre des fous, rĂ©unis par la suite sous le titre Souvenirs de la maison des fous en rĂ©fĂ©rence aux Souvenirs de la maison des morts dans lesquels DostoĂŻevski dĂ©crit un autre enfermement. Il est Ă©galement en contact Ă©pistolaire avec Seghers Ă  propos de l’anthologie de poĂšmes de la RĂ©sistance L’honneur des poĂštes, ou encore concernant une prĂ©sentation des Ɠuvres du peintre Dominguez. Dans ce pays sauvage, battu des vents, l’atmosphĂšre est donc favorable Ă  l’écriture. L’activitĂ© d’Eluard est aussi Ă©ditoriale. L’Intelligence en guerre, selon l’expression de Louis Parrot, conduit Ă  une rĂ©sistance intellectuelle. Le poĂšte Ă©crit et publie des Ɠuvres qu’interdirait l’occupant. DĂšs 1942, il participe aux Ă©ditions clandestines de Minuit, fondĂ©es par Pierre de Lescure et Vercors pour publier Le Silence de la mer. Eluard apporte des manuscrits, car il s’agit de publier de la littĂ©rature et non des textes de propagande. De Saint-Alban, Eluard fait imprimer des textes Ă  Lyon par Georges Terney, mais Lyon est loin, et fin 1943, Lucien BonnafĂ© entre en contact avec le rĂ©sistant RenĂ© Amarger qui fabrique de faux papiers et a publiĂ© MusĂ©e GrĂ©vin, Ă©crit par Aragon sous le pseudonyme de François La ColĂšre. Avec Jacques Matarasso, chimiste de formation, d’origine juive, arrivĂ© peu avant Eluard Ă  Saint-Alban, et son frĂšre LĂ©o, rĂ©sistant en Auvergne, est créée la maison d’édition clandestine La BibliothĂšque Française, dirigĂ©e par le poĂšte. Plus populaire que les Ă©ditions de Minuit, elle a publiĂ© quinze titres, distribuĂ©s gratuitement, sauf les tirages de luxe Ă  30 exemplaires. BonnafĂ©, Eluard et Matarasso s’occupent de tout, de la mise en page Ă  la relecture. Ils gagnent la ville de Saint-Flour, situĂ©e Ă  quarante-cinq kilomĂštres, par le train, ou empruntent le Ford gazogĂšne de l’hĂŽpital. Ils apportent les manuscrits et les papiers Canson ou Ingres pour les exemplaires de luxe et attendent la fin du tirage Ă  l’atelier, Eluard, qui souffre du froid, entourant le poĂȘle de ses grands bras[16]. Les Ă©ditions clandestines cessent d’exister Ă  la destruction de l’imprimerie par les Allemands en 1944. ParallĂšlement, Eluard est aussi en contact avec des Ă©diteurs suisses qui publient Le lit la table aux Trois collines, grĂące Ă  Gaston Baissette, responsable du front de rĂ©sistance des mĂ©decins et ami de BonnafĂ©, qui fait le lien avec Paris oĂč François Lachenal, fils d’un avocat de Picasso, fait passer en Suisse les poĂšmes. Eluard continue donc Ă  travailler activement en LozĂšre. Mais le poĂšte vit pour la premiĂšre fois dans ce lieu si particulier qu’est un hĂŽpital psychiatrique. Lucien BonnafĂ© a Ă©crit qu’Eluard, parmi tous les amis qui auraient pu l’accueillir, a choisi celui qui lui permettait de vivre au pays des fous[17]. Les surrĂ©alistes se sont en effet trĂšs tĂŽt intĂ©ressĂ©s Ă  la folie. AndrĂ© Breton, dĂšs 1916, incorporĂ© comme infirmier en tant qu’étudiant en mĂ©decine, est affectĂ© Ă  sa demande au centre neuropsychiatrique de Saint-Dizier oĂč il effectue un interrogatoire continu des malades. Il dĂ©couvre alors les fulgurances de leur discours, et le commentaire de Fraenckel aux lettres de son ami est parlant Breton dans son hĂŽpital de fous s’émeut et s’épouvante de voir des aliĂ©nĂ©s plus grands poĂštes que lui.[18] » L’expĂ©rience est Ă©prouvante, parce que le jeune homme craint en mĂȘme temps de sombrer lui-mĂȘme dans la folie. Mais il a dĂ©couvert que le fou est gĂ©nial, que la folie est la poĂ©sie absolue, mais qu’il faut aussi s’en dĂ©fier. Breton s’en prend par la suite constamment aux psychiatres, malgrĂ© ses bonnes relations initiales avec le docteur Leroy puis avec le docteur Babinski. Sa condamnation est ainsi virulente Ă  la fin de Nadja, aprĂšs l’enfermement de l’étonnante hĂ©roĂŻne. Mais Ă  Saint-Dizier, Breton a Ă©tĂ© en contact avec les souffrances d’ĂȘtres humains diminuĂ©s par la maladie, il a appris Ă  observer Sujet est le monologue d’un malade qui ne croit pas en la rĂ©alitĂ© de la guerre, tout lui paraĂźt un spectacle montĂ© pour lui. S’il a vu Ă  cette Ă©poque quelques aquarelles et achetĂ© en 1929 deux objets d’aliĂ©nĂ©s, lors d’une exposition chez Max Bline Ă  Paris, c’est donc par le verbe que Breton a pris contact avec la folie. On connaĂźt certes un poĂšme d’Eluard datĂ© de 1914 intitulĂ© Le fou parle, mais il Ă©voque surtout la position difficile du jeune homme entre sa femme et sa fiancĂ©e Gala. Eluard dĂ©couvre vraiment la folie par les crĂ©ations des malades mentaux, grĂące Ă  Max Ernst qu’il rencontre Ă  Cologne en 1921. Lorsque le 18 aoĂ»t 1922, Ernst arrive Ă  Paris grĂące au passeport d’Eluard, il lui apporte en cadeau le livre de Prinzhorn Expression de la folie Bildnerei der Geisteskranken qui permet au poĂšte d’admirer d’étranges productions d’aliĂ©nĂ©s. PrĂ©parant un certificat de psychologie, Ernst en effet a assistĂ©, de 1910 Ă  1914, Ă  un enseignement Ă  la clinique psychiatrique de Bonn. LĂ , il a pu voir une collection d’Ɠuvres de malades qui l’ont frappĂ©. Ernst a compris, dĂšs cette date, l’importance de la folie dans la crĂ©ation artistique et s’est intĂ©ressĂ© aux dĂ©couvertes de Freud. Le livre du docteur Prinzhorn qui en deux ans a constituĂ© au sein de la clinique psychiatrique de Heidelberg une collection de plus de 5 000 piĂšces, est trĂšs attendu en Allemagne oĂč il a un succĂšs considĂ©rable Ă  sa parution en 1922. Eluard est donc l’un des premiers Ă  avoir accĂšs en France, avant sa traduction, au plus beau livre d’images qui soit » et Ă  le recommander Ă  ses amis. Selon AndrĂ© Masson, le livre est connu de tous les surrĂ©alistes[19]. Comme Breton, Eluard a donc une vision positive de la folie. En 1924 paraĂźt sous son nom, dans les Feuilles libres, Le gĂ©nie sans miroir, en rĂ©alitĂ© Ă©crit par Desnos qui illustre le texte de dessins inspirĂ©s par ceux des fous. Il s’agit d’une cĂ©lĂ©bration des maladies mentales qui semblent une punition, mais en fait sont une libĂ©ration parce qu’elles donnent accĂšs Ă  un pays merveilleux. Lorsqu’en 1930 Breton et Eluard Ă©crivent Ă  deux mains L’ImmaculĂ©e conception, ils simulent aussi cinq dĂ©lires classiques Ă©tudiĂ©s par la mĂ©decine, simulations de valeur inĂ©gale aux yeux d’un psychiatre, pour prouver que la folie est dans l’esprit de tout homme, mĂȘme non malade. Pour montrer la parentĂ© entre les Ă©crits littĂ©raires et la production des fous, Breton et Eluard ont utilisĂ© des phrases d’aliĂ©nĂ©s tirĂ©es de manuels mĂ©dicaux ; ils les ont aussi donnĂ©es comme titres aux tableaux de leurs amis peintres. Cet intĂ©rĂȘt ne s’est jamais dĂ©menti, puisqu’en 1942, dans le recueil PoĂ©sie involontaire, poĂ©sie intentionnelle, Eluard fait figurer, auprĂšs de citations d’écrivains connus, des paroles d’anonymes et de malades mentaux empruntĂ©es aux Annales mĂ©dico-psychologiques et aux Ă©crits de Marcel RĂ©ja et de Lacan. Le poĂšte rappelle donc la dimension artistique des paroles des aliĂ©nĂ©s, juste avant d’ĂȘtre confrontĂ© Ă  la rĂ©alitĂ© de la folie. Pendant les annĂ©es de guerre, Eluard s’exprime dĂ©jĂ  dans une poĂ©sie plus simple qui se veut proche du rĂ©el. En 1943, Ă  Saint-Alban, il dĂ©couvre le tragique de la maladie mentale, dans une approche directe, puisqu’il vit au sein de l’hĂŽpital. Ses amis mĂ©decins qui travaillent sans relĂąche Ă  l’amĂ©lioration des conditions de vie de leurs patients, ont notĂ© l’humanitĂ© d’Eluard, sa gentillesse. Dans le service des femmes de BonnafĂ©, situĂ© dans le chĂąteau, confrontĂ© Ă  la dĂ©chĂ©ance, le poĂšte ne se contente pas d’observer les malades, de leur parler, il Ă©crit, en les Ă©coutant, frappĂ© par ceux qui lui paraissent dans leurs chimĂšres dĂ©river vers l’animalitĂ© – Fausses guenons et fausses araignĂ©es – Fausses taupes et fausses truies
 Dans les six portraits du poĂšme Le monde est nul, selon Louis Parrot le visage et l’esprit des fous sont reproduits avec fidĂ©litĂ©[20] ». François Tosquelles peut mettre un nom sur ces portraits, Ă©voquer celui d’une infirmiĂšre. Lucien BonnafĂ© dit Ă©galement que Madame Colignon est celle qui susurre Qui suis-je et ce marron et son sucre intĂ©rieur ». Eluard les regarde une Ă  une, saisit les yeux vagues de la premiĂšre, la tristesse de l’autre, les cris qui sont une demande d’amour. Dans les trois derniers portraits, le je leur donne la parole pour traduire la souffrance et les regrets de ces ĂȘtres brisĂ©s qui font peur aux enfants ». Le deuxiĂšme poĂšme intitulĂ© Le cimetiĂšre des fous Ă©voque l’atmosphĂšre impressionnante du cimetiĂšre rĂ©servĂ© aux malades et aux religieuses qui, comme dans tous les hĂŽpitaux psychiatriques de l’époque, Ă©tait situĂ© dans le lieu mĂȘme. Les croix anonymes dressĂ©es sous la voĂ»te des arbres, parcourue de vents fous et d’esprits en ruines » sont celles d’hommes emprisonnĂ©s qui ont perdu dans la mort jusqu’à leur nom. Face Ă  la tragĂ©die de la folie, la poĂ©sie d’Eluard est compassion. Il a dĂ©sormais conscience que ces poĂštes dont il simulait autrefois le dĂ©lire, sont des poĂštes dĂ©chus. Ainsi, isolĂ© en LozĂšre, Eluard n’est pas du tout dans une tour d’ivoire. Il participe en tant qu’artiste Ă  l’action de rĂ©organisation de l’hĂŽpital accomplie par les mĂ©decins. Tosquelles, dans ses souvenirs tardifs raconte que lors d’une rĂ©union de la SociĂ©tĂ© du GĂ©vaudan, une mĂȘme malade donnait lieu Ă  une lecture poĂ©tique d’Eluard, une lecture phĂ©nomĂ©nologique et existentialiste de Canguilhem, Ă  l’analyse d’un Rorschach par Chaurand et Ă  un apport psychanalytique de Tosquelles lui-mĂȘme[21]. Le mĂ©decin souligne le rĂŽle du poĂšte c’est en les ayant rendus plus sensibles et plus attentifs aux drames humains qui se jouaient prĂšs d’eux que Paul Eluard a Ă©tĂ© un des hommes les plus agissants et les plus efficaces dans la rĂ©forme hospitaliĂšre qu’à cette Ă©poque ils mĂ©ditaient[22] ». BonnafĂ©, dĂ©jĂ  sensible Ă  la poĂ©sie et Ă  l’image surrĂ©aliste avec son ami Jean Marcenac lors de leurs annĂ©es toulousaines, est dĂ©sormais heureux de constater l’humanitĂ© et de la simplicitĂ© de l’écrivain qui lui semble incarner au mieux le surrĂ©alisme. Ici, la rĂ©sistance ne se dresse pas seulement contre l’occupant. MĂ©decins et intellectuels, communistes ou proches du PC cherchent plus largement par leur comportement et leurs paroles Ă  allĂ©ger les souffrances de l’homme. Mais la dĂ©couverte d’Eluard Ă  Saint-Alban est aussi celle des Ɠuvres de fous, non plus sous la forme de reproductions photographiques comme dans les annĂ©es 1920, mais dans des dessins, des broderies, des sculptures. Comme dans les autres hĂŽpitaux psychiatriques depuis le XIXe siĂšcle, Ă  Saint-Alban les malades produisent des Ă©crits et des images souvent restĂ©s anonymes, mais collectĂ©s dĂšs 1914 par Maxime Dubuisson, le grand-pĂšre de Lucien BonnafĂ©. Mais en 1943, Eluard rencontre lĂ  de vĂ©ritables artistes. L’enfermement, la solitude, les pousse Ă  s’exprimer plastiquement, d’une maniĂšre parfois mystĂ©rieuse. Ainsi, ClĂ©ment Fraisse, nĂ© en 1901 dans une famille de cultivateurs, ne sait ni lire ni Ă©crire. Il est internĂ© Ă  Saint-Alban en 1925 pour avoir tentĂ© de dĂ©truire la ferme familiale. Violent, il cherche Ă  s’évader, si bien qu’il est enfermĂ© dans une petite piĂšce aux murs tapissĂ©s de lambris de bois. Pendant les deux ans de son emprisonnement, Ă  l’aide d’instruments de fortune, Fraisse creuse le bois de motifs variĂ©s, constituant une frise de 3,80 m/1,70 m. Il ne donne aucune explication Ă  son extraordinaire travail qui cesse avec son enfermement aprĂšs 1931, il ne crĂ©e plus jamais. Les crĂ©ations artistiques des patients de Saint-Alban ne sont pas nĂ©cessairement liĂ©es Ă  la prĂ©sence de mĂ©decins particuliĂšrement ouverts. Certains d’entre eux cependant commencent sans doute Ă  Ă©crire ou Ă  dessiner Ă  ce moment. Aimable Jayet est transfĂ©rĂ© des hĂŽpitaux de la Seine en 1939. Son dĂ©lire le conduit vers le pays des ancĂȘtres et il l’exprime par Ă©crit sur des cahiers qu’il remet aux mĂ©decins. Il Ă©crit pour lui, se libĂšre de la syntaxe, crĂ©e des mots, invente une mise en page qui mĂȘle texte et dessins, caractĂšres de tailles variĂ©es sur des supports de papier ou de tissus. Il n’est donc enfermĂ© que dans son dĂ©lire, car il a Ă  Saint-Alban une grande libertĂ©, circule librement dans le village et peut Ă©crire Ă  sa guise. Les mĂ©decins, Lucien BonnafĂ©, et plus tard Jean Oury, se sont attachĂ©s Ă  ses productions, Ă  son univers fantastique. Mais nous ne savons pas ce qu’en pensait Eluard. Le poĂšte ne parle pas davantage d’une grande crĂ©atrice de Saint-Alban, Marguerite Sirvens. Elle est nĂ©e en 1890 Ă  La Canourgue d’une famille aisĂ©e, a Ă©tĂ© bouleversĂ©e par le mariage de sa sƓur avec qui elle habitait et est arrivĂ©e en 1932. Peut-ĂȘtre a-t-elle Ă©tĂ© encouragĂ©e par la nouvelle Ă©quipe pendant la RĂ©sistance. En effet, elle commence, en 1942, Ă  rĂ©aliser des pliages, des tricotages et finit par s’occuper toute la journĂ©e Ă  des travaux artistiques ». TrĂšs habile – elle a Ă©tĂ© modiste – elle rĂ©alise des aquarelles et des tableaux brodĂ©s de couleurs vives qui montrent des personnages dans la nature, des enfants avec leurs jouets, des animaux. Plus tard, elle crĂ©e une somptueuse robe de mariĂ©e, brodĂ©e Ă  l’aide de fils qu’elle tire de ses draps. Ces fils ne traversent pas les poĂšmes de Paul Eluard. Mais François Tosquelles compare le travail sur les mots de l’écrivain Ă  la technique mĂ©ticuleuse et inspirĂ©e de Marguerite Sirvens Eluard, c’était un ange, la dentelliĂšre de la parole. Il crochetait la parole toute la journĂ©e
[23] ». C’est reconnaĂźtre aussi Ă  Marguerite un vĂ©ritable statut d’artiste qu’un autre malade de Saint-Alban possĂšde dĂ©jĂ , Auguste Forestier. PassionnĂ© de trains depuis l’enfance, Forestier fut longtemps un fugueur. AprĂšs avoir fait dĂ©railler un train, il est internĂ© en 1914 Ă  l’hĂŽpital de Saint-Alban dont il n’est plus sorti. De la PremiĂšre Guerre datent de nombreux dessins aux crayons de couleur, reprĂ©sentant militaires et personnages historiques, souvent pourvus de couvre-chefs extravagants, production conservĂ©e par Maxime Dubuisson. À partir des annĂ©es 1930, il passe Ă  la sculpture, taillant dans le bois soldats, maisons, bateaux, mais aussi personnages Ă  tĂȘte d’oiseau et bĂȘtes fantastiques inspirĂ©es par les exploits semi-lĂ©gendaires de la bĂȘte du GĂ©vaudan. L’activitĂ© de Forestier est nĂ©e de son enfermement. Le voyage impossible se transforme en une errance dans l’imaginaire, dans un pays oĂč il est le roi fou, crĂ©ateur tout puissant, libre de ses choix. À l’hĂŽpital, il est reconnu et soutenu. En 1943, il peut installer un atelier rudimentaire dans le couloir de l’arriĂšre-cuisine. Il a un statut d’artiste, puisqu’il vend ou troque ses objets. Ses oiseaux oiseleurs », selon l’expression de Dubuffet, comme les objets surrĂ©alistes inventĂ©s par Breton et ses amis juste avant la guerre, crĂ©ent la surprise en rapprochant corps d’homme et bec-de-perroquet, tĂȘte de mammifĂšre et queue de poisson. La simplicitĂ© des outils de Forestier, la pauvretĂ© de ses matĂ©riaux, dĂ©chets rĂ©coltĂ©s dans l’hĂŽpital, lui vaudront de plaire au crĂ©ateur de la collection de l’Art brut. Ces Ă©tranges objets expriment aussi symboliquement l’aventure de Saint-Alban. Les maisons aux balustrades et portes sculptĂ©es Ă©voquent le chĂąteau hĂŽpital acceptĂ© par le malade qu’est Forestier, les monstres la SociĂ©tĂ© du GĂ©vaudan créée par BonnafĂ© au service de la maladie mentale. La photo de Tosquelles portant un bateau de Forestier est l’expression trĂšs claire de l’esprit qui portait tous ces hommes vers la libertĂ©. Eluard n’a rien Ă©crit sur ces artistes. Mais il a Ă©tĂ© marquĂ© par eux, au point de suggĂ©rer Ă  sa fille CĂ©cile et au peintre GĂ©rard Vuillamy son gendre, de passer l’étĂ© 1945 Ă  Saint-Alban. Ils sont accompagnĂ©s de Tristan Tzara et de son fils Christophe qui a participĂ© Ă  la RĂ©sistance, invitĂ©s par Lucien BonnafĂ©. Le poĂšte Tristan Tzara, cĂ©lĂšbre pour sa participation Ă  l’explosion Dada Ă  Zurich, puis Ă  Paris dans les annĂ©es 1920, connaĂźt Eluard depuis cette Ă©poque et comme lui, a rompu avec Breton. Il fuit Paris dĂšs juin 1940. Dans le Sud, il retrouve Aragon et Eluard et publie la petite plaquette Route Seul-Soleil Ă  la BibliothĂšque française. Le texte est prĂ©cĂ©dĂ© d’une notice qui le prĂ©sente DĂšs l’occupation allemande, Tzara se retire dans le Midi, Ă  Aix-en-Provence, puis dans le Lot, et commence Ă  rĂ©sister par un silence exemplaire. » En septembre 1944, il s’installe Ă  Toulouse, cherche avec les communistes Ă  faire revivre la vie culturelle de la ville et se passionne pour la culture occitane. Mais il se fatigue des luttes politiques de cette pĂ©riode de LibĂ©ration. On le retrouve en juillet et aoĂ»t 1945 Ă  Saint-Alban, et dans deux lettres Ă  Georges Hunier, l’une Ă  son arrivĂ©e, l’autre Ă  son dĂ©part, il exprime sa satisfaction le repos est au rendez-vous, mais plus encore l’intĂ©rĂȘt[24]. Comme Eluard, Tzara dĂ©couvre la maladie mentale. Certes, Dada se situe en marge des normes sociales, cherche Ă  faire table rase de la culture, Ă  dĂ©construire le langage, par un retour Ă  l’origine, Ă  ce que l’on appelle alors l’art nĂšgre », Ă  la poĂ©sie orale des Africains ou des Maoris. Dans un article des Feuilles libres de 1926, Tzara fait l’éloge de la folie, lorsqu’il montre comment elle transforme l’Ɠuvre du peintre suĂ©dois Ernst Josephson. Mais Ă  l’asile de Saint-Alban, Tzara rencontre des ĂȘtres humains. Il leur parle, lie amitiĂ© avec certains d’entre eux. C’est ce contact qui le marque, plus que les crĂ©ations artistiques qu’il dĂ©couvre J’ai Ă©tĂ© extrĂȘmement touchĂ© par ce cĂŽtĂ© de sympathie qui se dĂ©gageait, cette quĂȘte, cette demande constante d’humanitĂ© que j’ai trouvĂ©e chez eux. » C’est par la poĂ©sie qu’il exprime cette relation. Parler seul donne la parole aux Ă©garĂ©s », dit leur souffrance par les juxtapositions de mots et le retour des sonoritĂ©s Horreurs dĂ©tresses visages passĂ©s repassĂ©s trĂ©passĂ©s », mais aussi la tendresse et le rire, dans une nature omniprĂ©sente oĂč le rire de l’eau » s’entend entre les arbres et les ombres, dans la fourrure des Margerides », ces monts parcourus par l’écureuil et le hĂ©risson, la truite et le renard. Contrairement Ă  Eluard, Tzara ne dĂ©crit pas les malades de Saint-Alban. L’atmosphĂšre du lieu surgit de certains mots La bĂȘte du GĂ©vaudan n’est pas loin lorsque le vers Ă©voque les loups, pelote et laine appartiennent peut-ĂȘtre Ă  Marguerite Sirvens, le coup de sifflet et le train rappellent Auguste Forestier. Mais les mots sont de paille », le tu n’est pas celui du dialogue. Ambigu, il renvoie aussi au poĂšte lui-mĂȘme qui se reconnaĂźt en ces ĂȘtres perdus. AprĂšs son sĂ©jour, Tzara demande Ă  MirĂł d’illustrer son recueil, parce qu’il est le seul Ă  avoir la fraĂźcheur qui convient, parce qu’ il sent des racines trĂšs profondes qui rapprochent le plus de l’homme Ă  l’état de nuditĂ© de la conscience[25] ». MirĂł souligne les textes de signes noirs et colorĂ©s, de dessins volontairement naĂŻfs. Les poĂšmes et les 72 lithographies de Parler Seul, Ă©ditĂ©s par Maeght en 1948 et 1950 sont une vĂ©ritable rĂ©ussite bibliophilique. Tzara accorde en effet, depuis les publications dada, un trĂšs grand soin Ă  la rĂ©alisation de ses livres. C’est donc par l’art qu’il a traduit son Ă©motion. Comme Tzara, Eluard a pu Ă©diter ses poĂšmes illustrĂ©s. Son gendre GĂ©rard Vuillamy, peintre d’abord abstrait, puis proche des surrĂ©alistes, arrive en LozĂšre un an aprĂšs lui. Il rend compte de son premier contact avec la maladie mentale, par une sĂ©rie de portraits au crayon reprĂ©sentant des malades, hommes et de femmes, comme Auguste Forestier et Marguerite Sirvens, et un dessin du cimetiĂšre des fous et de ses multiples croix. Eluard peut donc choisir certaines Ɠuvres pour illustrer ses poĂšmes et constituer le recueil Souvenirs de la maison des fous qu’il dĂ©dicace Ă  GĂ©rard Vuillamy A GĂ©rard qui a vraiment rendu hommage Ă  la tragĂ©die de Saint-Alban et Ă  ses acteurs. » Cette fois, deux regards se croisent, celui du peintre et celui du poĂšte qui ont Ă©prouvĂ© une semblable compassion pour les malades qu’ils ont observĂ©s Ă  l’hĂŽpital. La reprĂ©sentation figurative de GĂ©rard Vuillamy rĂ©pond aux descriptions d’Eluard, dans le mĂȘme souci d’humanitĂ©. Ni Eluard ni Tzara n’ont parlĂ© de l’Ɠuvre d’Auguste Forestier, mais on sait combien elle les a intĂ©ressĂ©s. Ceci n’a rien d’étonnant. L’aspect fruste de ces statuettes peut rappeler les objets ocĂ©aniens et amĂ©rindiens que les surrĂ©alistes ont trĂšs tĂŽt collectionnĂ©s et associĂ©s aux tableaux des peintres Le 26 mars 1926, La galerie surrĂ©aliste de la rue Jacques Callot expose Man Ray avec des objets des Ăźles Malaisie, Australie, Marquises, PĂąques
 et en 1927, Yves Tanguy avec des objets d’AmĂ©rique Colombie britannique, Nouveau Mexique, PĂ©rou
. Tzara collectionne statuettes et masques africains ou ocĂ©aniens, mais sans les mĂ©langer comme Breton Ă  des objets d’art populaire et Ă  des trouvailles insolites. Pendant la guerre, au moment oĂč Breton et Ernst achĂštent des poupĂ©es Kaschinas Ă  New York, Eluard est sensible Ă  l’aspect composite des sculptures de Forestier qui associent des tĂȘtes d’animaux Ă  des corps d’hommes un peu Ă  la maniĂšre des collages. Tzara en achĂšte une, Eluard trois Le roi fou photographiĂ© par Georgette Chadourne dans l’appartement parisien du poĂšte et Ă©voquĂ© par BrassaĂŻ, une BĂȘte du GĂ©vaudan et un Homme coq, lĂ©guĂ©s par la suite au docteur FerdiĂšres. GĂ©rard Vuillamy s’intĂ©resse aussi Ă  Forestier et possĂšde au moins un homme-oiseau et une bĂȘte[26]. Des hommes au regard exercĂ© Ă  la quĂȘte d’Ɠuvres nouvelles ne peuvent qu’ĂȘtre frappĂ©s par la crĂ©ativitĂ© dĂ©bordante de Forestier. Alors que les crĂ©ations des malades mentaux sont souvent rĂ©pĂ©titives, celles de Forestier sont toutes originales, malgrĂ© les piĂšces dĂ©tachĂ©es fabriquĂ©es en sĂ©rie, et tĂ©moignent d’une extraordinaire imagination. GrĂące Ă  ces artistes qui se situent dans la mouvance du surrĂ©alisme, les Ɠuvres des malades de Saint-Alban quittent l’asile. Auguste Forestier est dĂ©jĂ  apprĂ©ciĂ© autour du village il vend ou Ă©change ses sculptures lorsque les paysans traversent l’hĂŽpital pour aller au marchĂ©. MĂ©decins et infirmiers en font aussi l’acquisition, souvent comme jouets d’enfants. Ces objets n’ont donc de reconnaissance que locale. La prĂ©sence d’Eluard et de ses amis change la donne, non seulement parce que Jacques Matarasso et GĂ©rard Vuillamy les emportent hors de LozĂšre, mais parce que, Ă  son retour Ă  Paris au printemps 1944, Eluard les fait connaĂźtre il les offre Ă  ses amis Picasso et Dora Maar ainsi qu’à Raymond Queneau. De plus, sa rencontre avec Jean Dubuffet, au sortir de la guerre, a sans doute exercĂ© une influence sur la quĂȘte d’Ɠuvres d’aliĂ©nĂ©s engagĂ©e par le peintre en 1945, point de dĂ©part de ce qui va devenir la Compagnie de l’Art Brut qui intĂšgrera ultĂ©rieurement des Ɠuvres d’artistes de Saint-Alban. Comme Breton et Eluard, Jean Dubuffet a Ă©tĂ© frappĂ© dans sa jeunesse par des Ɠuvres de malades mentaux. En 1923, il sĂ©journe Ă  Lausanne, chez l’écrivain Paul Budry qui lui offre le livre de Prinzhorn. Pendant son service militaire Ă  l’Office national mĂ©tĂ©orologique de la tour Eiffel, il dĂ©couvre les cahiers d’observations imaginaires du ciel de ClĂ©mentine Ripoche qui sombre dans la dĂ©mence. Mais Dubuffet ne se met vraiment Ă  peindre qu’aprĂšs avoir vendu, en 1942, son commerce de vins. Il est en contact avec les surrĂ©alistes grĂące Ă  son ami d’enfance Georges Limbour, condisciple au Havre de Raymond Queneau. À la fin de 1943, Georges Limbour prĂ©sente Jean Dubuffet Ă  Jean Paulhan, immĂ©diatement sĂ©duit par les recherches du peintre, au point de le prĂ©senter au galeriste Drouin qui l’expose fin novembre 1944. Mais dĂšs le printemps 1944, Paulhan lui adresse peintres, poĂštes et Ă©crivains. Dubuffet reçoit d’abord la visite de Louis Parrot qui lui amĂšne Eluard. Cette rencontre est suivie d’une visite chez Eluard oĂč le peintre dĂ©couvre Le roi fou de Forestier. Eluard Ă©crit alors le poĂšme Quelques mots rassemblĂ©s pour Monsieur Dubuffet, illustrĂ© d’une lithographie de l’artiste. À peu prĂšs au mĂȘme moment, Paulhan fait connaĂźtre Ă  Dubuffet Raymond Queneau qui s’est intĂ©ressĂ© aux fous littĂ©raires depuis les annĂ©es trente, comme en tĂ©moigne son roman Les enfants du limon. Une lettre de Dubuffet Ă  Queneau datĂ© de 1945 est une demande de renseignement sur ces travaux. Ils ne se connaissent pas, malgrĂ© leur jeunesse havraise commune, mais deviennent amis. Charles Ratton, spĂ©cialiste des arts primitifs, proche de Tzara, Eluard et Roland Tual, rend Ă©galement visite Ă  Dubuffet le 14 juin 1944 ; les relations se poursuivent et Charles Ratton devient en 1948 membre de la Compagnie de l’Art Brut[27]. À cette Ă©poque, la crĂ©ation personnelle de Dubuffet se veut contestataire. Il refuse la culture et la peinture officielle, s’intĂ©resse Ă  l’expression crĂ©atrice des sociĂ©tĂ©s primitives, aux graffitis et aux tatouages des prisonniers et peu Ă  peu Ă  l’art des aliĂ©nĂ©s. Au cours de l’étĂ© 1945, il fait un petit voyage en Suisse[28] » en compagnie de Paulhan et de Le Corbusier, invitĂ© par l’Office national du tourisme dont Paul Budry dirige le siĂšge de Lausanne. Commencent ainsi ses prospections. Il va de dĂ©couverte en dĂ©couverte, avec le concours des mĂ©decins des hĂŽpitaux psychiatriques dont l’accueil est chaleureux les extraordinaires peintures colorĂ©es d’Adolf Wölfi et d’AloĂŻse, les dessins au doigt Ă  l’encre noire de Louis Soutter
 Il commence Ă  acquĂ©rir des Ɠuvres c’est le tout dĂ©but de sa collection. A son retour, il rend visite en septembre Ă  Rodez au docteur FerdiĂšres qui soigne Antonin Artaud et collectionne objets insolites, masques, fĂ©tiches et objets d’aliĂ©nĂ©s. Proche des mĂ©decins de Saint-Alban, FerdiĂšres conseille Ă  Dubuffet d’aller voir Auguste Forestier. Leurs relations se tendent par la suite, parce que le terme d’Art brut ne convient pas Ă  FerdiĂšres qui prĂ©fĂšre parler d’Art psychopathologique. Dans l’immĂ©diat, Dubuffet est prĂȘt Ă  poursuivre en France les recherches commencĂ©es en Suisse. Dubuffet arrive donc Ă  Saint-Alban, tout exprĂšs pour voir Forestier et ses Ɠuvres. Il trouve lĂ  nombreuse compagnie, madame BonnafĂ© son mari est absent et Tristan Tzara avec son fils et plusieurs autres invitĂ©s ». Il lui semble qu’on l’accueille un peu froidement » et en tout cas, on ne lui laisse pas voir Auguste[29]. » Tosquelles en effet refuse de recevoir le peintre, trĂšs rĂ©servĂ©, comme BonnafĂ© d’ailleurs, face Ă  son entreprise. C’est cette opposition aux idĂ©es de Dubuffet qu’exprime la phrase de Tosquelles Lorsque je suis arrivĂ© Ă  Saint-Alban en 1940, Auguste Forestier avait dĂ©jĂ  inventĂ© l’Art brut ». Tosquelles avait horreur des esthĂštes[30] », explique Jean Oury qui rĂ©tablit par la suite le dialogue des mĂ©decins avec Jean Dubuffet. ArrivĂ© comme interne Ă  Saint-Alban avec son ami Robert Millon en septembre 1947, Oury se passionne pour les Ɠuvres des aliĂ©nĂ©s, dĂ©couvre de nouveaux crĂ©ateurs, comme Benjamin Arneval, internĂ© en 1942 qui ne commence Ă  dessiner qu’en 1948 lors d’une crise d’anxiĂ©tĂ©. Leurs productions, selon lui, constituent une autoreconstruction, une autoproduction, les malades Ă©tant centrĂ©s sur eux-mĂȘmes plutĂŽt que sur le rĂ©sultat esthĂ©tique. Il Ă©crit un article sur Auguste Forestier, publiĂ© par FerdiĂšres dans la revue Bizarre n° 6, en 1956. Les Ă©changes avec Dubuffet commencent dĂšs 1947, puisque le peintre lui Ă©crit pour lui parler des photos qu’il fait rĂ©aliser des sculptures qu’Eluard et Queneau ont la chance de possĂ©der ». Oury rencontre Dubuffet en octobre 1948 et entretient avec lui une importante correspondance. Les Ă©changes d’objets commencent avec Saint-Alban, Dubuffet Ă©tant trĂšs attentif Ă  rĂ©tribuer d’une maniĂšre ou d’une autre les malades, sous le contrĂŽle de Tosquelles, avec lequel les relations se sont amĂ©liorĂ©es, mais sans plus ». Avec un peu de retard, Auguste Forestier fait partie de la collection de Dubuffet et devient l’un des artistes majeurs de la Compagnie de l’Art Brut Ă  laquelle Jean Oury donne les sculptures qu’il possĂšde, avec des Ɠuvres d’Aimable Jayet et de Marguerite Sirvens. GrĂące Ă  la tĂ©nacitĂ© de Dubuffet, les Ɠuvres des aliĂ©nĂ©s sont sorties de l’asile et ont Ă©tĂ© montrĂ©es au public de maniĂšre confidentielle. La crĂ©ation de la Compagnie de l’Art Brut montre clairement un intĂ©rĂȘt commun avec les surrĂ©alistes. Dubuffet croit comme eux que la crĂ©ativitĂ© des malades mentaux est plus rĂ©elle que celle de la culture officielle. C’est donc naturellement qu’il demande Ă  AndrĂ© Breton d’ĂȘtre, avec Jean Paulhan, Charles Ratton, Henri-Pierre RochĂ© et Michel TapiĂ©, l’un des membres fondateurs de la compagnie, en 1948. Dubuffet, fier de cette participation, ressent une grande amitiĂ© pour Breton qui s’implique pleinement dans l’aventure. AndrĂ© Breton Ă©crit, pour un Almanach de l’Art brut en dĂ©finitive non publiĂ©, l’article l’Art des fous qui fait partie aujourd’hui du recueil La clef des champs. Breton fait aussi dĂ©couvrir Ă  Dubuffet les masques de coquillage de Pascal-DĂ©sir Maisonneuve, et accepte de prĂȘter des Ɠuvres de sa collection personnelle. Mais les dĂ©saccords apparaissent. La folie est pour Breton la force crĂ©atrice de ces Ɠuvres, alors que Dubuffet minore son influence pour s’intĂ©resser Ă  leur qualitĂ© plastique. Le peintre craint aussi de se voir purement et simplement annexĂ© au mouvement surrĂ©aliste. Lorsque Dubuffet dĂ©cide d’expĂ©dier sa collection aux Etats-Unis, la rupture est violente Breton, qui dĂ©sapprouve ce choix, dĂ©missionne. Raymond Queneau a Ă©galement suivi la crĂ©ation de la Compagnie de l’Art brut par son intermĂ©diaire, Dubuffet a achetĂ© des Ɠuvres de Scottie Wilson, Ă  Simone Collinet, premiĂšre femme de Breton et belle-sƓur de Queneau. Ces contacts ont donc permis de dĂ©velopper une collection dont Dubuffet finit par rester seul maĂźtre. Les tribulations de la collection ne sont pas terminĂ©es. Dans les annĂ©es 1960, Dubuffet continue Ă  l’accroĂźtre. Les relations avec les mĂ©decins de Saint-Alban, qui reprochent pourtant Ă  Dubuffet d’oublier la maladie, sont ranimĂ©es lorsque le docteur Gentis, venu travailler avec Tosquelles avant de lui succĂ©der, reprend le flambeau. En 1962, Dubuffet reçoit 24 piĂšces de Marquerite Sirvens. Roger Gentis retrouve dans un grenier son extraordinaire robe de mariĂ©e que Lili Dubuffet prĂ©sente sur un mannequin noir lorsqu’elle rejoint la collection de l’Art Brut. En 1963, Tosquelles et Gentis sauvent in extremis le lambris de ClĂ©ment Fraisse, acquis par Dubuffet. Le peintre admet la nĂ©cessitĂ© de respecter la maladie, de conserver un certain anonymat. Les noms des malades sont occultĂ©s lors des premiĂšres expositions de la Compagnie Auguste Forestier est Auguste For et Marguerite Sirvens, Marguerite Sir. Mais, grĂące Ă  l’intĂ©rĂȘt de Jean Oury et Roger Gentis, les Ɠuvres des crĂ©ateurs de Saint-Alban ont quittĂ© l’hĂŽpital psychiatrique. Elles finiront aussi par Ă©chapper au cercle fermĂ© de la collection de Dubuffet. La vĂ©ritable trouvaille du peintre est le nom qu’il a donnĂ© Ă  l’ensemble qu’il a constituĂ©[31]. AprĂšs quelques hĂ©sitations en faveur d’Art obscur, il a choisi Art Brut, un terme qui se dĂ©finit au fur et Ă  mesure de la collecte. Ce que recouvre l’expression est suffisamment flou, pour ne pas reprĂ©senter seulement l’art des malades mentaux, mais inclure les marginaux, tous ces crĂ©ateurs qui ont en commun de ne pas avoir de formation artistique, de ne pas faire partie du circuit commercial, d’utiliser des matĂ©riaux pauvres. Comme la folie n’est pas centrale dans l’Art Brut, les malades mentaux peuvent ĂȘtre considĂ©rĂ©s comme des artistes comme les autres. Tous ces crĂ©ateurs diffĂ©rents ont gagnĂ© progressivement une juste reconnaissance, malgrĂ© la confidentialitĂ© qui reste de mise Ă  Lausanne au siĂšge actuel de la collection initiĂ©e par Dubuffet. Plus, ils ont leur place auprĂšs des artistes d’art moderne et contemporain qu’ils ont impressionnĂ©s, comme Klee au dĂ©but du XXe siĂšcle ou Tinguely dans les annĂ©es 1960. L’extraordinaire aventure de Saint-Alban a permis, par l’entreprise de Dubuffet, de mettre en Ă©vidence la qualitĂ© des productions des malades, l’importance de leur rĂŽle dans l’art de notre temps. Quand les Ɠuvres sont sorties de l’hĂŽpital, elles ont Ă©chappĂ© Ă  la maladie. Leurs crĂ©ateurs ne sont plus des exclus, comme les morts anonymes du CimetiĂšre des fous. Auguste Forestier, Marguerite Sirvens, Aimable Jayet, ClĂ©ment Fraisse et leurs successeurs sont exposĂ©s au MusĂ©e d’art moderne de Lille, le LaM, quittant ainsi une collection privĂ©e pour ĂȘtre largement exposĂ©s au public. Un autre regard sur la folie leur a rendu leur nom. La Seconde Guerre mondiale a fait de l’hĂŽpital psychiatrique d’un village de la LozĂšre un lieu unique d’asile, de rencontre, et de crĂ©ation[32]. Il servit de refuge Ă  des mĂ©decins qui initiĂšrent une rĂ©volution dans le traitement des malades mentaux internĂ©s, et qui accueillirent des intellectuels et des surrĂ©alistes confrontĂ©s Ă  la folie et Ă  ses productions artistiques. Ces mĂȘmes hommes remarquables ont soignĂ© et cachĂ© les blessĂ©s de la RĂ©sistance. Leur engagement dans la dĂ©fense des Ɠuvres de leurs malades a permis Ă  ces derniers de sortir de l’anonymat et d’ĂȘtre reconnus comme artistes. Ce moment fut exceptionnel, car depuis le dĂ©but des annĂ©es 1950, la chimiothĂ©rapie agit favorablement sur l’humeur et les productions dĂ©lirantes des malades, mais elle bouleverse aussi et peut annihiler leurs facultĂ©s de crĂ©ation, d’autant que beaucoup de malades peuvent quitter l’hĂŽpital. Quelle que soit l’explication donnĂ©e sur le rĂŽle de la folie dans la crĂ©ation artistique, voire sur son expression particuliĂšre, il faut admettre que les neuroleptiques appauvrissent l’inspiration. D’une certaine façon, il n’y a plus d’ Art des fous » proprement dit, mĂȘme si on rencontre encore des patients crĂ©ateurs soignĂ©s qui peuvent figurer alors dans l’Art brut. [1] Ce terme est utilisĂ© depuis 1938 ; il remplace en France celui d’asile ou asile d’aliĂ©nĂ©s, un Ă©tablissement hospitalier public oĂč Ă©taient traitĂ©s les malades mentaux. [2] P. Balvet, Asile et hĂŽpital psychiatrique l’expĂ©rience d’un Ă©tablissement rural », CongrĂšs des mĂ©decins aliĂ©nistes et neurologistes de langue française, 43e session, Montpellier, octobre 1942. Hermann Simon, La psychothĂ©rapie Ă  l’asile », L’HygiĂšne mentale. Journal de psychiatrie appliquĂ©e, 1933, 1, p. 16–28. L’ouvrage de H. Simon est publiĂ© en 1929 sous le titre Aktivere therapie in der Irrenanstalt. [3] Une politique de la folie par François Tosquelles, ChimĂšres, automne 1991, numĂ©ro 19. [4] L. Johnes, FrançoisTosquelles De la guerre d’Espagne Ă  Saint-Alban », L’Invention du lieu, rĂ©sistances et crĂ©ation en GĂ©vaudan, LaM, MusĂ©e d’Art moderne, 2014, p. 27-33. J. Lacan, De la psychose paranoĂŻaque dans ses rapports avec la personnalitĂ©, thĂšse, 1932, Seuil, 1980. [5] A. Breton, L’Amour fou, BibliothĂšque de la PlĂ©iade, t. II, 1992, p. 70. [6] Les albums sont conservĂ©s dans les collections du LaM sous le nom d’Albums Dubuisson. D’autres psychiatres collectionneurs se sont intĂ©ressĂ©s trĂšs tĂŽt aux productions des malades mentaux. Auguste Marie, dĂšs la fin du XIXe siĂšcle ; Édouard Toulouse, Paul SĂ©rieux. Benjamin Pailhas a voulu constituer un musĂ©e consacrĂ© Ă  l’art des aliĂ©nĂ©s. Sa collection est conservĂ©e Ă  la Fondation du Bon Sauveur, Ă  Albi. Il y eut des Ă©changes entre Dubuisson et Pailhas. S. Faupin, Maxime Dubuisson, Benjamin Pailhas », L’autre de l’art, LaM , MusĂ©e d’Art moderne, 2014, p. 51-57. [7] K. Ben Faour, Georges Canguilhem, entre folie et rĂ©sistance », Les chemins de l’art brut 6 Ă  Saint-Alban- sur- Limagnole, 2007, p. 27-31. Essai sur quelques problĂšmes concernant le normal et le pathologique. Clermont. La Montagne, 1943. [8] Tosquelles prĂ©cise que des expositions de champignons avaient Ă©tĂ© organisĂ©es pour apprendre aux patients Ă  les ramasser. ChimĂšres, 1919. [9] P. Balvet, A. Chaurand RĂ©gime alimentaire et restriction Ă  l’hĂŽpital psychiatrique de la LozĂšre », op. cit. ; I. von Buetzingsloewen, L’HĂ©catombe des fous, Aubier, 2007, p. 369-372. M. Rochet attĂ©nue l’optimisme de BonnafĂ© et Tosquelles, puisque, selon les rapports administratifs et mĂ©dicaux, il y eut 56 dĂ©cĂšs par cachexie durant la guerre. Au-delĂ  de la dĂ©nutrition responsable des morts, il faut y associer le froid, la tuberculose pulmonaire, et tenir compte de l’arrivĂ©e massive en 1939, de l’état de santĂ© des 250 malades transfĂ©rĂ©s du fait de la guerre en provenance de l’hĂŽpital psychiatrique de Ville-Evrard et des hĂŽpitaux d’Alsace-Lorraine ; M. Rochet Saint-Alban sur-Limagnole un hĂŽpital psychiatrique dans la guerre », L’Information psychiatrique, 1996, p. 758-765 ; Max Lafont, L’Extermination douce. La cause des fous, 40000 malades mentaux morts de faim dans les hĂŽpitaux de Vichy, Bordeaux, Ă©ditions du Bord de l’eau, 2000 ; I. von Buetzingsloewen invalide la thĂšse d’un gĂ©nocide organisĂ© par les autoritĂ©s allemandes ou françaises, voire le milieu psychiatrique, op. cit. , p. 403-421. [10] F. Tosquelles, ChimĂšres, op. cit. [11] A. Breton, L’art des fous la clĂ© des champs, BibliothĂšque de la PlĂ©iade, t. III, 1999, p. 884-887. [12] L. BonnafĂ©, DĂ©saliĂ©ner Folie et SociĂ©tĂ©, Presses universitaires du Mirail, Toulouse, 1991. [13] B. Chevillon, Sur les traces de Franco Basaglia et Lucien BonnafĂ© », Actes du colloque Paris 2011, p. 10. [14] M. Gauzy, L’effervescence saint-albanaise », in catalogue Trait d’union, LaM, 2007, p. 16. [15] Gateau, Paul Eluard ou le frĂšre voyant, Laffont, 1988, p. 282. [16] Les amitiĂ©s de la RĂ©sistance », Le Lien, n°8, Dec 1999. [17] L’esprit de secteur, Entretien avec Lucien BonnafĂ©, Site Soin Ă©tude et recherche en psychiatrie. [18] M. Bonnet, La rencontre d’AndrĂ© Breton avec la folie », Folie et psychanalyse dans l’expĂ©rience surrĂ©aliste, ZĂ©ditions, Nice, 1992, p. 120. [19] Une prĂ©cision d’AndrĂ© Masson sur l’art brut », Le Monde, 6 octobre, 1971. [20] P. Dhainaut, Visages de la folie Paul Eluard Ă  Saint-Alban », L’invention du lieu, LaM, 2015, p. 40. [21] P. BrĂ©tĂ©cher, Une rencontre inĂ©vitable »,ibid, [22] P. Dhainaut, Visages de la folie Paul Eluard Ă  SaintAlban », ibid., p. 42. [23] Une politique de la folie par François Tosquelles », ChimĂšres, op. cit. [24] Lettres de Tzara Ă  Georges Hugnet, 10 juillet 1945, 8 septembre 1945, BibliothĂšque Jacques Doucet. [25] Entretien radiophonique avec Georges Charensol et Jean DalevĂšse, in Tristan Tzara ƒuvres complĂštes IV, Flammarion, 1980, note de Henri BĂ©har, p. 582. [26] E. Le Coguic, L’activitĂ© intellectuelle et artistique au sein de l’établissement psychiatrique de Saint-Alban-sur Limagnole de 1914 Ă  1970, UniversitĂ© de Paris Ouest Nanterre La DĂ©fense, MĂ©moire de Master 2, juin 2011. [27] P. Dagen, Ratton, objets sauvages »,Charles Ratton. L’Invention des arts primitifs, MusĂ©e du Quai Branly, Skira Flammarion, 2013, p. 136. [28] J. Paulhan Guide d’un petit voyage en Suisse, ƒuvres complĂštes Cercle du Livre PrĂ©cieux, 1966, t. I, [29] Lettre Ă  Jean Oury, 17 fĂ©vrier 1949, L’invention du lieu, op. cit., p. 49. [30] J. Oury, PrĂ©alable Ă  toute clinique des psychoses, ErĂšs, 2012, p. 238. [31] C. Delavaux, L’art brut, un fantasme de peintre, Palette, 2010. [32] L’hĂŽpital psychiatrique s’appelle aujourd’hui Centre François Tosquelles.

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