RetrouvezLa Lettre Tue Mais L'Esprit Vivifie Ou Foi Et Raison (1867) et des millions de livres en stock sur Amazon.fr. Achetez neuf ou d'occasion. Choisir vos préférences en matière de cookies. Nous utilisons des cookies et des outils similaires qui sont nécessaires pour vous permettre d Lalettre tue, et l'esprit vivifie. de Proverbe français - Découvrez une collection des meilleures citations sur le thème - "La lettre tue mais l'Esprit vivifie", un passage souvent invoqué Mais, est-ce à juste titre? citation1. Car la lettre tue mais l' esprit vivifie. Epîtres de saint Paul, aux Corinthiens, IIe, III, 6 de. La Bible. Références de La Bible - Biographie de La Bible. Plus sur cette citation >> Citation de La Bible (n° 135439) - Ajouter à mon carnet de citations. 2Corinthiens 3 Nouvelle Edition de Genève 1979 (NEG79). 1 Commençons-nous de nouveau à nous recommander nous-mêmes? Ou avons-nous besoin, comme quelques-uns, de lettres de recommandation auprès de vous, ou de votre part? 2 C'est vous qui êtes notre lettre, écrite dans nos cœurs, connue et lue de tous les hommes. 3 Vous êtes manifestement une lettre de Christ, Voilàmon sujet de dissertation, je dois commenter cette phrase (extraite d'une lettre de saint Paul aux Corinthiens) : " La lettre tue, l'esprit vivifie", ou (selon une autre traduction que j'ai trouvée) " la lettre fait mourir alors que l'esprit fait vivre". J'ai bien du mal à comprendre le sujet, un peu d'aide pour le cerner et y répondre serait plus que bienvenue koOqM. Il nous a aussi rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit; car la lettre tue, mais l’Esprit vivifie ». 2 Corinthiens Il existe plusieurs versets de la Bible qui sont souvent pris hors contexte, 2 Corinthiens en est un. Nous y lisons l’expression suivante La lettre tue, mais l’Esprit vivifie ». Que veut dire une telle affirmation? Nous commencerons par voir de quelle manière ce verset est souvent cité hors contexte pour ensuite essayer de l’interpréter en contexte. Culte en direct sur 2 Corinthiens le dimanche 14 juin 2020 à 1600 en France, 1000 au Québec, et en rediffusion ci-dessous par la suite.  Plan de cette prédication 1 L’histoire de ce hors contexte, d’Origène à aujourd’hui 2 Trois remarques en contexte 3 Interprétation et application Abonnez vous aux prédications de l’Eglise de la Trinité Via Apple podcast Via Google Podcast– Via Anchor Via Spotify Via Breaker Via YouTube Ou copiez directement ce flux RSS dans votre application préférée Abonnez-vous aux prédications de l’Eglise de St Jérôme Via iTunes Via RSS Via Google Podcasts Via YouTube {"product_id""la-clef-des-ecritures","title""La clef des écritures","description""\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003e\u003cspan\u003eTraité contre les juifs et les gentils qui rejettent, pour des motifs opposés mais en raison d’une même lecture charnelle, l’admirable harmonie de l’Ancien et du Nouveau Testament, de la lettre et de l’esprit, l’Ancien étant la prophétie du Nouveau et le Nouveau la réalisation de l’Ancien, et ce par une méconnaissance du Christ, l’unique clef des Saintes Écritures, qui seul donne la parfaite intelligence de l’histoire du salut de l’humanité.\u003c\/span\u003e\u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003e \u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003eDans l’antiquité, ils s’appelaient Marcion, Celse, Manès, Fauste… De nos jours, ils se nomment Soral, Timmerman, Guyénot,\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003eHindi, Soler, Römer, Finkelstein… Tous, pour diverses raisons, sont des détracteurs de l’Ancien Testament et rejettent son origine divine. La lecture partiale, grossière et charnelle qu’ils en font, même quand c’est pour la condamner, correspond en fait à la lecture pharisaïque codifiée par les talmudistes et assumée de manière mythique par les sionistes. \u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003eMalgré la différence de leurs principes,\u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003e\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003e\u003c\/em\u003ele sophisme philosophique et la superstition juive aboutissent aux mêmes conséquences la négation de l’unité du plan divin. Les juifs soutiennent que le Christ n’a pas pu être annoncé par les prophètes de l’Ancienne Alliance au prétexte que l’Évangile qu’il a prêché contredisait leur Loi qui les obligeait de se séparer des non juifs. Et les hérétiques, eux, soutiennent que l’Évangile, la Bonne Nouvelle du salut pour tous les peuples sans distinction, ne peut avoir aucun rapport avec l’Ancienne Alliance puisqu’il a justement aboli le mur de séparation qu’était la loi juive.\u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003eL’Église catholique récuse ces interprétations erronées, qu’elles soient judaïques ou hérétiques. Pour les Pères, ces \u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003eennemis des saintes Lettres montrent une égale ignorance de l’un et de l’autre Testament\u003c\/em\u003e. » Car le mosaïsme bien compris, mais non sa trahison talmudique, n’a été que la préparation du christianisme. Tertullien, Origène, saint Irénée, saint Hilaire, saint Augustin et bien d’autres ont\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003edémontré contre les hérétiques la divinité de la loi mosaïque, et contre les juifs son abrogation ou son accomplissement.\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003eLà où les hérétiques imaginent une antithèse, il y a harmonie parfaite ; et là où les juifs rêvent d’un Messie à venir, ou plutôt de sa caricature tribale, il y a l’œuvre universelle et spirituelle du Christ, déjà réalisée comme annoncée par les prophéties.\u003c\/p\u003e\n\u003cp style=\"font-weight 400;\" data-mce-fragment=\"1\" data-mce-style=\"font-weight 400;\"\u003ePour comprendre les Saintes Écritures, il faut donc dépasser l’intelligence de la lettre et en saisir l’esprit. \u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003eL’Écriture sainte,\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003e\u003c\/em\u003edit saint Grégoire le Grand\u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003e, par la manière même dont elle s’exprime, dépasse toutes les sciences ; car, dans un seul et même discours, tout en racontant un fait, elle livre un mystère.\u003c\/em\u003e » Adam, Abel, Noé, Abraham, Isaac, Jacob, Juda, Joseph, Moïse, la sortie d’Égypte, l’Alliance du Sinaï avec ses sacrifices et ses fêtes, Josué, David, Salomon, avec le temple et son grand prêtre, l’endurcissement même de Juda et la ruine de la nation-religion israélite, tout cela forme un seul et même grand mystère que ce Traité va dévoiler, pour la confusion des uns et l’instruction des autres. Les paroles de Dieu sont en effet\u003cspan data-mce-fragment=\"1\"\u003e \u003c\/span\u003e\u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003e“ esprit et vie\u003c\/em\u003e” Jn 6, 53. Or, “\u003cem data-mce-fragment=\"1\"\u003ela lettre tue mais l’esprit vivifie\u003c\/em\u003e” II Cor 3, 6.\u003c\/p\u003e","brand""Saint Agobard","offers"[{"title""Default Title","offer_id"42509884653822,"sku""","price" CULTURE ET PATRIMOINE","version"" Ce n’est pas à dire que nous soyons par nous-mêmes capables de concevoir quelque chose comme venant de nous-mêmes. Notre capacité, au contraire, vient de Dieu. Il nous a aussi rendus capables d’être ministres d’une nouvelle alliance, non de la lettre, mais de l’Esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit vivifie. » 2 Corinthiens 3, lettre tue mais l'Esprit vivifie – nous vivifie !Nous avons reçu un exemple magnifique de Jésus. Il est écrit en Jean 8, 1-12 à propos de la femme qui avait été prise en flagrant délit d’adultère, et selon la loi, il fallait qu’elle soit lapidée. Il fallait qu’elle soit mise à mort. Les Pharisiens étaient sur le point de la lapider – chose que Moïse leur avait ordonné de faire. Mais Jésus s’est baissé et a écrit avec le doigt sur la terre. Il a probablement écrit ce qui est écrit dans le livre de la Loi Tu ne convoiteras pas. » Lorsque les Pharisiens ont vu cela, ils se sont tous retirés un à un, le plus âgé en premier. Contrairement aux autres commandements, la convoitise est un péché caché à l’intérieur. Puisque la convoitise était cachée, personne ne pouvait y résister. Ils se sont donc tous sentis coupables. Personne n’arrivait à respecter cette dit alors à la femme Je ne te condamne pas non plus ; va, et ne pèche plus. » C’est là l’évangile de la nouvelle alliance nous pouvons recevoir le pardon pour nos péchés et nous ne sommes pas condamnés à continuer de pécher comme des pécheurs dit Ne pèche plus ! » Il nous donne la force par le Saint-Esprit afin que le péché cesse et que le pécheur puisse continuer de vivre et de se développer. C’est bien mieux que lorsque le pécheur est mis à mort. Dans l’ancienne alliance, il est clair que les hommes craignaient de pécher car il y avait une condamnation à mort pour ceux qui ne respectaient pas la loi. Mais Jésus a apporté quelque chose de bien mieux. Les hommes peuvent maintenant sortir du péché et vivre une vie meilleure, une toute nouvelle vie en lettre tue mais l'Esprit vivifie – au sein de notre ministèrePaul était un pharisien, un homme très capable et doué. Il connaissait certainement toutes les punitions qui s’appliquaient à chaque infraction que les hommes commettaient. Mais il ne connaissait pas les secrets de l’homme, les choses cachées, les raisons pour lesquelles ils faisaient ce qu’ils faisaient. Le ministère de la lettre peut être très destructeur lorsque nous travaillons avec d’autres personnes. C’est pourquoi il est fondamental de recevoir un sens exercé pour écouter et obéir à la voix de l’ était dans la faiblesse et dans la crainte. Il dit aux Corinthiens qu’il n’était pas venu avec un discours persuasif de la sagesse, mais avec une démonstration de l’Esprit et de la puissance. 1 Corinthiens 2, 3-5 Ce qu’il craignait, c’était que tout ce qu’il avait appris aux pieds de Gamaliel allait l’influencer de sorte qu’il ne soit pas libre de servir Dieu selon l’Esprit. Il avait donc besoin d’une révélation de l’Esprit. Seul l’Esprit pouvait lui révéler ces choses cachées. C’est pourquoi il est venu dans la faiblesse, la crainte et avec de grands tremblements. Il ne pouvait rien faire de lui-même. Car dorénavant, il ne s’agissait plus seulement de savoir quelle était la punition, mais d’amener les hommes à une vie Esaïe, Dieu dit Ma nation, prête-moi l’oreille. » Nous avons besoin d’apprendre à discerner ce que Dieu veut, à discerner sa bonne volonté ; nous devons lui prêter l’oreille, et pénétrer dans ses pensées, parce que les cieux sont élevés au-dessus de la terre, et que ses pensées sont plus élevées que nos pensées. Esaïe 55, 8-9 Nous devons être circoncis à l’égard de toutes les choses de cette terre. Alors nos pensées doivent se tourner vers autre chose, elles s’élèvent vers le ciel et nous sommes élevés avec Christ, et assis dans les lieux célestes. Nous accédons alors aux pensées de Dieu par l’Esprit de révélation, et nous commençons à entendre la voix de l’ est écrit plus loin en 2 Corinthiens 3, 17 Or, le Seigneur, c’est l’Esprit ; et là où est l’Esprit du Seigneur, là est la liberté. » Il n’y a pas de liberté pour n’importe quoi, mais il y a la liberté d’être transformé à l’image de Jésus. C’est là la liberté que nous pouvons obtenir. Ce n’est pas une fausse liberté, mais c’est la vraie liberté lorsque nous sommes transformés de gloire en gloire. 2 Corinthiens 3, 18Cet article se fonde sur un discours de Kåre Smith du 28 mai 2019. De l’interprétation. “Le gouvernement dépose des projets de loi, le Parlement les vote, les juridictions les appliquent, les professeurs de droit commentent lois et décisions de justice. Quant aux étudiants, ils apprennent ce circuit, qui devient l’ordre naturel des choses. Chacun a son rôle, çà tient ; çà paraît logique et finalement, démocratique, puisque le tout est régulièrement sanctionné par le citoyen-électeur. Et puis un jour, court-circuit ! Un mot interprétation, un verbe interpréter fait tout disjoncter, voilà le mot, le verbe, destructeur. Si pour appliquer la loi, il faut l’interpréter, cela implique que la loi ne parle pas d’elle-même, qu’elle n’est pas claire, qu’elle contient plusieurs sens donc aucun en particulier ; bref que la loi votée n’est pas une loi finie, que sa densité normative, c’est-à-dire ses effets de droit, dépend davantage de l’interprétation juridictionnelle que de l’énoncé législatif. Le courant normatif » de va plus de haut en bas – gouvernement, parlement, juridiction – mais remonte ou part dans toutes les directions” D. Rousseau, Interpréter ? J’entends déjà les commentaires in Interpréter et traduire, ss. dir. Sueur, Bruylant, 2007, Serait-ce que le droit est en vérité tordu ? Définition de l’interprétation. Interpréter, c’est attribuer un sens déterminé à un signe linguistique. Le Dictionnaire historique de la langue française ne dit pas autre chose interprétation » est emprunté au latin classique interpretatio explication », traduction », action de démêler ». Son évolution est analogue à celle du verbe action de donner une signification » d’abord à des songes, puis à des actes, des paroles, etc. 1440-1475, ensuite action d’expliquer quelque chose dont le sens est obscur 1487. Pour le dire autrement, c’est une opération par laquelle une signification est attribuée à quelque chose. Les juristes donnent à ce vocable la même signification. C’est une opération qui consiste pour l’auteur de l’acte ou un interprète étranger interprétation doctrinale, interprétation judiciaire, interprétation ministérielle de la loi à discerner le sens véritable d’un texte obscur Vocabulaire juridique. Fondamentalité de l’interprétation. L’interprétation des normes juridiques participe de la théorie générale du droit. Théorie générale ? gros mots penseront quelques étudiants impatients de pratiquer le droit ! Pourtant, le juriste, qu’il soit apprenti ou passé maître, fait de la théorie générale. Monsieur Jourdain faisait bien de la prose sans le savoir ! Jugez-en. Pour dire le droit, le juriste recense les normes et les intérêts en cause, les articule, résorbe d’éventuelles contradictions, délimite leur domaine d’application, les hiérarchise, pratique diverses institutions et instruments juridiques, rapproche les faits et le droit, pèse tenants et aboutissants, les intègre dans le système juridique, économique, politique et social. Tour à tour, il raisonne conformément aux méthodes les mieux éprouvées ; il est curieux de la linguistique juridique ; il interroge l’esprit des textes ; il suit les principes d’interprétation de la loi v. Bergel, Théorie générale du droit, n° 9. Et il ne saurait valablement procéder autrement, car le Droit est un système organisé de valeurs, de principes, d’instruments techniques…qu’expriment des règles précises dont on ne peut négliger ni les fondements, ni les manifestations concrètes ou formelles ». Pour le dire autrement, le Droit est un ensemble d’éléments en interaction, constituant une totalité et manifestant une certaine organisation. Le système est cohérent parce qu’il s’articule de manière logique. On pourrait ramasser cela de la façon suivante Dis-moi quel est ton Droit, je te dirai qui tu es ! C’est que l’analyse du Droit en tant que système peut se résumer dans l’affirmation simple mais fondamentale qu’en Droit, tout se tient ibid., n° 8…plus ou moins bien ! C’est que le droit qu’il nous faut pratiquer est devenu de plus en plus bavard. Les maux du langage le blessent un peu plus chaque jour. Théoriciens et praticiens pestent. Ceci étant dit, la crise de la loi n’est pas nouvelle. La loi subit une dépréciation par rapport à son modèle de référence, la codification napoléonienne, depuis les années 1880. Elle est considérée, d’une part, comme insuffisante tant dans son contenu que dans son mode de formation loi incomplète vieillissement, lacunes ; loi supplantée comme source de droit ; législateur introuvable ; d’autre part, elle apparaît excessive, car elle est dévaluée par l’inflation législative Excès de la loi d’origine parlementaire ; lois bureaucratiques Bécane, M. Couderc, Hérin, La loi, p. 54. Le juriste ne saurait donc être un automate, condamné à l’application servile d’une réglementation tous azimuts et tatillonne, menacée d’obsolescence alors que l’encre de la loi est à peine sèche, ni un apprenti-sorcier déchaînant des conséquences désordonnées et imprévues pour avoir ignoré la dépendance et l’insertion de la règle de droit dans son contexte ibid., n° 1. L’interprétation est une clé essentielle de la connaissance du droit. Nécessité de l’interprétation. C’est certainement l’office du juge jurisdictio. La loi lui interdit du reste de prendre le prétexte du silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi pour refuser de dire le droit. Il y aurait là déni de justice. Mais, entendons-nous bien. C’est encore le travail attendu de tout juriste. Car, voyez-vous, et contrairement à l’idée qu’on s’en fait sur les bancs de la faculté, le procès n’est qu’un accident de la vie juridique Cornu. Fort heureusement, il faut constater que la majorité des dispositions légales et réglementaires se suffisent à elles-mêmes dans un très grand nombre de cas. S’il s’avérait que l’acte considéré était clair, l’interprétation devrait cesser interpretation cessat in claris v. Ch. Perelman, L’interprétation juridique in L’interprétation dans le droit, APD, t. XVII, Sirey, 1972, p. 29, spéc. pp. 30 et s. ? En vérité, la théorie de l’acte clair pâlit à mesure qu’on la pratique ! Un texte peut-être clair mais vieilli ; clair mais dépassé ; clair mais contradictoire avec d’autres textes ; clair mais inadapté ; clair mais contraire à des considérations plus impérieuses Pascale Deumier, Introduction générale au droit, n° 110. Last but not least clair mais absurde. Claris cessat in absurditas ! Cela valait bien un adage formulé en latin écrit justement le professeur Deumier RTD civ. Il faut bien garder à l’esprit que chaque fois que le sens clair d’un texte contredit la finalité de l’institution qu’il est censé servir, ou heurte l’équité, ou conduit à des conséquences socialement inadmissibles, on s’efforcera de l’interpréter ; le texte cessera d’être clair, car selon la valeur privilégiée, la sécurité, l’équité ou le bien commun, telle ou telle interprétation l’emportera en définitive » Ch. Perelman, ibid.. Carbonnier dira, en substance, avec le sens de la formule qu’on lui connaît si l’application de la loi est essentiellement respect de la loi, l’interprétation est la forme intellectuelle de la désobéissance » Introduction, in état des questions, n° 158 Philosophie. La leçon à tirer de tout cela est que le texte clair est un mythe. Pour cause la loi a bien souvent un contenu indécis car elle est porteuse de plusieurs sens en définitive elle est à texture ouverte P. Deumier, ibid.. Partant, l’interprétation est nécessaire, car le sens de la loi ne sera connu que lorsque le détenteur de ce pouvoir l’aura précisé. Division. L’interprétation est un pouvoir I. L’interprétation est une liberté II. L’interprétation est un pouvoir Division. La détention du pouvoir d’interpréter A. La définition du pouvoir d’interpréter B. La détention du pouvoir d’interpréter La détention du pouvoir d’interpréter la loi est disputée. Sur le fondement du parallélisme des formes, on a pu considérer que l’autorité qui édicte l’énoncé normatif est la mieux à-même de l’interpréter, partant de préciser sa volonté ejus est interpretari legem cujus est condere c’est au créateur de la règle qu’il appartient de l’interpréter. Le pouvoir d’interprétation du droit a donc été accordé au législateur. Ce système, tout droit venu du droit romain C. just. 1, 14, a fonctionné sous l’Ancien régime au profit du Roi Ord. avr. 1667, Titre I, art. 7 citée par Ghestin, Traité de droit civil, Introduction générale, n° 452, note 97. Le législateur révolutionnaire l’a perpétué loi 16 et 24 août 1790. Il survivra jusqu’en 1837 v. infra. Bien qu’on ait abandonné le référé législatif, le législateur s’est reconnu le pouvoir de voter une loi interprétative. Pareille loi consiste à préciser et expliquer le sens obscur et contesté d’un texte déjà existant. Son entrée en vigueur est singulière elle prend effet à la date même de l’entrée en vigueur de la loi qu’elle interprète. Le droit se joue décidément du temps. La solution était si évidente que les rédacteurs du Code civil ont écarté cette règle qui figurait dans la rédaction initiale de l’article 2 néanmoins la loi interprétative d’une loi précédente aura son effet au jour de la loi qu’elle explique, sans préjudice des jugements rendus en dernier ressort, des transactions, décisions arbitrales et autres passées en force de chose jugée ». Évidence, car la loi interprétative fait corps avec la loi interprétée. Évidence et demi plutôt c’est une pure fiction. Interprétant, le législateur fait un choix entre plusieurs sens possibles. Partant, il crée nécessairement un droit nouveau. La Cour de cassation veille elle se réserve le droit d’apprécier si la loi est vraiment interprétative ; c’est qu’il ne s’agirait pas que, par mégarde, le législateur entendît donner un effet rétroactif à la loi nouvelle…Où l’on voit une manifestation détonante des “séparations du pouvoir” voy. sur cette dernière formulation, P. Jan, mél. Gicquel, Montchrestien, 2008 ! Il est d’autres détenteurs du pouvoir d’interpréter, auxquels on ne songe guère l’administration et les ministères, en un mot l’exécutif. Les circulaires administratives jouent en pratique un rôle important en raison des instructions données aux fonctionnaires. Mesures administratives d’ordre intérieur, elles sont portant censées se limiter à guider les fonctionnaires dans l’application des lois et règlements en leur communiquant la doctrine de l’administration. Par leur truchement, c’est pourtant un pouvoir créateur et pas simplement régulateur que s’accorde l’Administration. Pour cause ce sont les particuliers qui en sont les destinataires finaux. Et le Conseil d’État n’a pas manqué d’admettre la validité d’un recours pour excès de pouvoir contre les circulaires qui, comblant un vide juridique, créent une véritable règle de droit opposable. S’agissant des réponses ministérielles aux questions écrites des parlementaires, il y aurait encore beaucoup à dire dans un sens approchant. Mais le temps manque. Réservons-le au détenteur naturel du pouvoir d’interpréter le juge. Chacun s’accorde sur l’existence de l’interprétation de la loi par le juge. Un code, quelque complet qu’il puisse paraître, n’est pas plutôt achevé, que mille questions inattendues viennent s’offrir aux magistrats. Car les lois une fois rédigées demeurent telles qu’elles ont été écrites. Les hommes, au contraire, ne se reposent jamais ; ils agissent toujours et ce mouvement, qui ne s’arrête pas, et dont les effets sont diversement modifiés par les circonstances, produit, à chaque instant, quelque combinaison nouvelle, quelque nouveau fait, quelque résultat nouveau. Une foule de choses sont donc nécessairement abandonnées à l’empire de l’usage, à la discussion des hommes instruits, à l’arbitrage des juges. L’office de la loi est de fixer, par de grandes vues, les maximes générales du droit d’établir des principes féconds en conséquences, et non de descendre dans le détail des questions qui peuvent naître sur chaque matière. C’est au magistrat et au jurisconsulte, pénétrés de l’esprit général des lois, à en diriger l’application. … Il y a une science pour les législateurs, comme il y en a une pour les magistrats ; et l’une ne ressemble pas à l’autre. La science du législateur consiste à trouver dans chaque matière, les principes les plus favorables au bien commun la science du magistrat est de mettre ces principes en action, de les ramifier, de les étendre, par une application sage et raisonnée, aux hypothèses privées ; d’étudier l’esprit de la loi quand la lettre tue et de ne pas s’exposer au risque d’être, tour à tour, esclave et rebelle, et de désobéir par esprit de servitude. Il faut que le législateur veille sur la jurisprudence ; il peut être éclairé par elle, et il peut, de son côté, la corriger ; mais il faut qu’il y en ait une … » Portalis, Discours préliminaire du Code civil, extraits. L’article 4 dispose en ce sens Le juge qui refusera de juger, sous prétexte du silence, de l’obscurité ou de l’insuffisance de la loi, pourra être poursuivi comme coupable de déni de justice. Reconnaître au juge un pouvoir est une chose acquise disions-nous, reste qu’il faut encore s’entendre sur le pouvoir qu’on lui reconnaît. B-. La définition du pouvoir d’interpréter Selon certains, le juge fait en permanence montre d’un pouvoir discrétionnaire, même lorsque la règle est claire ; selon d’autres, il ne peut user de son pouvoir discrétionnaire qu’en l’absence de texte clair selon d’autres enfin, même en l’absence de texte clair, il n’existe pas de pouvoir discrétionnaire du juge puisque celui-ci doit s’en remettre aux principes P. Deumier, Introduction générale au droit, op. cit., p. 116. La nature de l’interprétation est disputée. Nature de l’interprétation. Pour les uns, l’interprétation est une fonction de connaissance, tandis que, pour les autres, l’interprétation est une fonction de volonté. Pour les défenseurs d’une fonction cognitive, l’interprétation ne présente guère de différence avec l’interprétation des textes littéraires ou religieux. Ne dit-on pas de la loi qu’elle est un texte sacré, révélé, inspiré ? En cette occurrence, l’interprétation est un acte de connaissance ou de découverte du vrai sens, du sens objectif, d’un texte normatif. De la sorte, la signification du texte considéré étant unique, il n’y aurait qu’une bonne interprétation qu’il importe au juge de découvrir, non pas d’inventer foin d’interprétation créatrice. C’est très précisément en ce sens que Montesquieu pense l’office du juge. Il est de la nature de la Constitution que les juges suivent la lettre de la loi De l’esprit des Lois, Livre XI, chap. VI. Le juge doit se livrer à un raisonnement déductif. Saisi d’un cas particulier, le juge doit décider seulement quel est l’article de loi sous l’application duquel il tombe, ce que le législateur a prescrit dans les cas de ce genre et l’intention qu’on doit, par suite, lui supposer. La méthode à suivre est une méthode de raisonnement syllogistique. Pour Montesquieu, les articles du code sont qualifiés de théorèmes », le juriste de pur géomètre ». Admettons. Il faudrait encore que les théorèmes soient clairs à tous les coups. S’ils le sont clarté et interprétation sont antithétique Perelman, Logique juridique, n° 25. Dans le cas contraire, si le texte est obscur ou insuffisant, il est fait interdiction au juge de les interpréter. Les tribunaux doivent s’adresser au corps législatif toutes les fois qu’ils croiront nécessaire soit d’interpréter une loi, soit d’en faire une nouvelle » loi des 16 et 24 août 1790, art. 12 référé législatif. C’est ce qu’il est d’usage de nommer le légicentrisme. Et Robespierre de dire dans une formule jusqu’au-boutiste ce mot de jurisprudence doit être effacé de notre langue ». Dans un État qui a une Constitution, une législation, la jurisprudence des tribunaux n’est autre chose que la loi » v. Bécane et alii, La loi, p. 30. L’interprétation réglementaire est proscrite ; le Tribunal de cassation veille. Le législateur finira par abandonner le référé législatif affaires en trop grand nombre mettant aux prises des intérêts particuliers ; modification du droit source d’insécurité juridique 1837 il est symptomatique de noter chez Cadiet et Jeuland, Droit judiciaire privé, le renvoi à la saisine pour avis de la Cour de cassation au Vis Référé législatif ». Pour les partisans d’une fonction réaliste, l’interprétation se présente comme un acte de volonté de l’interprète. Il ne saurait être autre chose compte tenu de l’indétermination du langage normatif. Pour cause, tout énoncé normatif est doté non pas d’une mais de plusieurs significations entre lesquelles il s’agit de choisir. Ce choix ne correspond pas à une réalité objective, mais traduit seulement les préférences de celui qui l’exprime. C’est une décision. Le produit de l’interprétation ne peut être ni vrai ni faux. Le débat sur la signification d’un texte peut se poursuivre à l’infini M. Troper, Dictionnaire de la culture juridique, v° Interprétation. Le travail d’interprétation est libre et puissant, car l’interprétation donne corps à la norme v. D. Mainguy, L’interprétation de l’interprétation, Variations normatives II, JCP G. 2011, p. 997. L’interprétation est une liberté Division. Le principe de liberté A. Les limites à la liberté B. A-. Le principe de liberté À proprement parler, l’interprétation n’est pas l’application du droit. Elle n’est donc pas soumise au syllogisme reliant le droit aux faits voy. égal. l’article consacré à la dialectique, car elle ne concerne que la détermination de la majeure, le sens de la règle qui se dégage par une argumentation de type dialectique qui se rapporte à l’art de raisonner et de convaincre dans un débat. Art de raisonner avec méthode et puissance de persuasion P. Deumier, op. cit., n° 117. Science qui permet de distinguer le vrai du faux. Méthode qui conduit des principes aux conséquences. Préservation de l’inconséquence Cicéron, Des lois, I, 23. Dialectique est une nécessité. Le droit ne peut se passer de dialectique. Pourquoi cela ? Parce qu’il faut bien avoir à l’esprit que la science » du droit n’est pas une connaissance immédiate de la réalité par simple intuition. Sens ne se dégage que par une argumentation de type dialectique. Autrement dit, le juriste pratique un savoir raisonné. Zénati l’élaboration de la justice se fait principalement au moyen de l’enregistrement de la dialectique des valeurs qui résulte du choc de la rhétorique des plaideurs » La nature de la Cour de cassation, Bicc n° 575, 15 avr. 2003. Cet enregistrement consiste dans une pesée minutieuse ayant la vertu d’engendrer par son propre mouvement une décision. Autrement dit, le moteur principal des décisions des juges du fond est la prudence judiciaire, non point la règle de droit F. Zénati. Le principe est celui du libre choix de l’interprétation. Quelle que soit leur source, les méthodes d’interprétation mises à la disposition de l’interprète n’ont qu’une valeur facultative. Cette multitude désordonnée lui indique des directions contradictoires, car il n’a jamais été possible de les hiérarchiser. Optionnelle, indicative, non contraignante, la règle d’interprétation est une directive, une recommandation, un conseil adressé à l’interprète, qui se met au service de sa politique juridique et ne le lie pas Ph. Malaurie et P. Morvan, Introduction générale, n° 403. Il apparaît en effet que les méthodes varient selon la conception du droit prônée par les juristes. Ainsi, au XIXe siècle, le monopole de la loi parmi les sources de droit – légalisme ou légicentrisme – a suscité l’essor de la méthode exégétique, puis lorsque le positivisme légaliste s’est trouvé ébranlé, de nouvelles méthodes apparurent. En somme, tantôt, le juge révèle l’interprétation de l’énoncé normatif, tantôt, il la choisit la jurisprudence pratique un éclectisme tactique dans sa méthode d’interprétation Carbonnier, op. cit.. Quelles sont-elles précisément ? Les outils préfabriqués par le génie des juristes sont nombreux. On compte les règles légales d’interprétation, les adages, des méthodes générales. On n’oubliera pas les travaux de la doctrine. Le droit suisse est en ce sens suisse 1907, Titre préliminaire, Art. 1 1. La loi régit toutes les matières auxquelles se rapportent la lettre ou l’esprit de l’une de ses dispositions. 2. A défaut d’une disposition légale applicable, le juge prononce selon le droit coutumier et, à défaut d’une coutume, selon les règles qu’il établirait s’il avait à faire acte de législateur. 3. Il s’inspire des solutions consacrées par la doctrine et la jurisprudence Code complété par la loi fédérale du 30 mars 1911, Livre V Droit des obligations. Il arrive que la loi art. 1156 et s. in De l’interprétation des conventions ou un traité international Convention de Vienne du 23 mai 1969 sur le droit des traités, art. 31-33 un traité doit être interprété de bonne foi… édictent des règles d’interprétation. Mais voilà, les règles de l’article 1156 s. sont plutôt des conseils donnés aux juges, en matière d’interprétation des contrats, que des règles plus rigoureuses et impératives, dont les circonstances, mêmes les plus fortes, ne les autoriseraient pas à s’écarter » Cass. req., 18 mars 1807. Et la Cour de cassation d’affirmer que l’article 1156 ne formulant pas, pour l’interprétation des conventions, une règle à caractère impératif, sa méconnaissance ne peut, à elle seule, donner ouverture à cassation » Cass. 1ère civ., 19 déc. 1995, Bull. civ. I, n° 466. S’agissant des adages et brocards, qui rayonnent dans tout le droit depuis la haute Antiquité, ils sont un trésor…non contraignant. L’adage est une façon de penser le droit et de le vivifier. C’est une création de l’esprit, une pensée qui va à l’essentiel. La forme est brève parce que l’idée est concentrée. L’adage extrait la quintessence d’une règle. Directif, l’adage s’adapte naturellement à des situations nouvelles ; il éclaire l’interprète en mettant en lumière dans l’essentiel les raisons de la règle ; il nourrit par sa sagesse le débat contradictoire ; il est invoqué en argument d’appoint juges et magistrats en sont friands ; il énonce un principe idéal et tire le droit positif par le haut. Défi à l’imagination, écrit Cornu, l’adage aiguillonne l’esprit et la quête de justice Dictionnaire de la culture juridique, V° Adage. S’agissant des méthodes générales d’interprétation, il en existe principalement deux. La méthode exégétique est la plus classique et la plus servile. Elle réduit le droit à la loi et le tient pour un ensemble clos. Insensible aux réalités sociales ou à la justice, elle suit une logique infaillible l’interprète est un esclave enchaîné au texte. C’est une méthode à laquelle les contemporains du Code Napoléon recourront lors de l’exposé et du commentaire dudit code. La lettre et l’analyse grammaticale du code sont les sources premières du commentateur tandis que l’intention du législateur est jugée secondaire. Les exégètes entretiennent le culte et le fétichisme du Code civil tout le code et rien que le code. Brunet écrira je ne connais pas le droit civil, je n’enseigne que le Code Napoléon ». Le propos est caricatural. Les zélateurs de la méthode exégétique surent dépasser la lettre du code et prendre quelques libertés. Cette méthode n’a pas été abandonnée. Elle revêt deux formes simples. On compte une variante subjective, qui cherche la volonté du législateur. L’interprète est invité à analyser la ratio legis la raison d’être, l’esprit, le but de la loi c’est l’interprétation téléologique, qui prend appui notamment sur les intitulés de la loi, un exposé préalable des motifs, un énoncé général. Il lui est aussi suggéré de recourir aux travaux préparatoires. Dans une variante objective, la méthode exégétique s’appuie sur le texte en lui appliquant une série d’analyses lexicale, grammaticale et logique. Il s’agit de dégager la cohérence intellectuelle d’une disposition ambiguë. L’emplacement d’un texte dans un code permet d’en préciser le sens le texte s’éclaire par le contexte. C’est bien ainsi du reste qu’il importe de procéder. La seconde méthode est celle de l’effet utile et de l’interprétation évolutive. Pragmatique, elle consiste à interpréter le texte sous étude contrat, traité de telle sorte qu’il acquière pleine efficacité sans jamais nier les réalités et l’opinion publique contemporaine v. par ex. art. 1157 Malaurie et Morvan, op. cit., n° 410, 411. B-. Les limites à la liberté S’il importe au juge d’éclairer la loi, à la jurisprudence d’éclairer le législateur, ce dernier peut la corriger Portalis ; v. Bécane, p. 31. Bien que les voies de l’interprétation soient impénétrables, que le luxe et l’abondance des raisonnements soient un miroir aux alouettes, dire le droit n’est pas affaire de caprice. Le juge doit respecter la cohérence du droit F. Gutman in Faure et Koubi, ss. dir., Titre préliminaire du Code civil, Economica, 2003, p. 109. Il est une idéologie de l’interprétation juridique. L’idéologie est nécessaire pour l’interprétation, car il est des valeurs fondamentales à satisfaire d’un côté, la stabilité des lois, la certitude des lois, la sécurité juridique… – valeurs statiques – ; de l’autre, la satisfaction des besoins actuels de la vie – valeurs dynamiques – J. Wroblewski, L’interprétation en droit théorie et idéologie in L’interprétation dans le droit, APD, t. XVII, Sirey, 1972, p. 51, spéc. n° 14. Le droit n’est pas qu’une collection de règles ou de décisions de justice. Le droit est un système, un ensemble organisé d’éléments, qui structure l’élaboration, l’application et la sanction du droit, pour permettre chaque jour d’assurer la justice, la liberté, la paix, la prospérité, l’épanouissement des hommes v. toutefois la leçon sur la force et la lutte pour le droit. Le droit est un phénomène social et normatif ubi societas, ibi jus là où est la société, là est le droit. Le fils de Chronos Zeus, roi des dieux et des hommes, est parfois représenté avec une balance ; il préside au maintient des lois ; il est garant de la justice a institué pour les hommes une loi ; tandis que pour les animaux il a établi celle de se manger les uns les autres, puisqu’il n’y a pas chez eux de justice ; aux hommes il a donné la justice. L’interprète est tenu à un devoir de loyauté envers la loi dont il est le serviteur ; ce devoir est impérieux chez le juge qui rend ses décisions au nom du Peuple français. Justement, parce que la justice est rendue en son nom, il importe que le groupe social accepte la décision. La rationalité de la décision est nécessaire mais pas suffisante. Il faut encore qu’elle soit acceptable – souvent juge varie, bien fol qui s’y fie ? – Le juge doit certainement chercher à convaincre c’est la raison ; il doit surtout d’employer à persuader c’est le cœur v. par ex. Malaurie et Morvan, op. cit., n° 414. Il doit susciter une adhésion personnelle à son propre jugement de valeur concordia discordantium. C’est l’office du juge dire le droit – jurisdictio – et l’imposer – imperium –. C’est là l’art de la rhétorique et de la dialectique. Saint-Paul a dit la lettre tue, l’esprit vivifie ». L’esprit sans la lettre, c’est le vent qui s’enfuit ; la lettre sans l’esprit, c’est la mort. À la lettre, à la grammaire et à la logique doivent s’ajouter la justice et l’utilité sociale, c’est-à-dire le droit. L’interprétation est le droit Abstract Index Outline Text Notes References Author Abstracts Le phénomène de relecture des Écritures n’est pas propre au Nouveau Testament. Il était déjà à l’œuvre dans l’Ancien et se poursuivra dans la théologie chrétienne. La figure de l’Alliance nouvelle en est une belle illustration. En Jr 38,31-34, selon la Septante, sa nouveauté est son caractère intériorisé. Dans Jr 31,31­34, selon le Texte massorétique, l’accent est mis en retour sur le caractère éternel de l’engagement du Seigneur. En Hébreux, la pointe de l’argumentation porte sur le caractère à la fois décisif et unique de l’alliance scellée par le sang du Christ. Avec Thomas d’Aquin enfin, on passe d’une théologie de l’imminence He 10,37 à une théologie de chrétienté faite pour durer dans un monde dont elle assure la cohérence de la pensée. Revisiting the Scriptures is not a privilege of the New Testament. That practice was already common in the Old Testament and was to be continued in Christian theology. The figure of the New Alliance is a perfect example. In Jr 38, 31-34, in the Septuagint, the novelty is its interiorized character. In Jr 31, 31-34, in the massoretic text, what is emphasized is the eternal character of the commitment of the Lord. In the Letter to the Hebrews the core of the argument bears on the simultaneously decisive and unique character of the Alliance sealed by the blood of Jesus-Christ. Finally with Thomas Aquinas, a theology of imminence He 10,37 is replaced by a theology that is to last for long years in a world where that theology guarantees the coherence of of page Full text 1 P. Buis, La notion d’alliance dans l’Ancien Testament, Paris, Éd. du Cerf, 1976 ; A. Jaubert, La no ... 1Le thème de l’Alliance a été étudié à de multiples reprises, notamment par P. Buis pour l’Ancien Testament et par A. Jaubert pour le judaïsme intertestamentaire1. Aussi rien ne sera dit ici sur le riche lexème hébraïque berît ni sur les verbes karat et natan, qui le plus souvent l’accompagnent. Le présent article est consacré à la seule alliance nouvelle » et plus précisément à la citation de l’oracle de Jérémie 31,31-34 dans l’épître aux Hébreux 8,8-12 et 10,16-17 et à son étude par Thomas d’Aquin dans le Commentaire de cette épître. Il nous paraît en effet judicieux de considérer non seulement l’affirmation, dans la grande homélie christologique néotestamentaire », de l’accomplissement de l’oracle jérémien, mais aussi l’aval de cette affirmation dans la pensée d’un auteur qui a incontestablement marqué la théologie chrétienne. Notre article comprend donc deux parties la première consacrée à l’affirmation par l’épître aux Hébreux de l’accomplissement christique et la deuxième à l’exégèse de cette même épître par Thomas d’Aquin. I. Les citations de Jérémie 31 38, 31-34 dans l’Epitre aux Hébreux 1. La source 2 B. Renaud, Nouvelle ou éternelle alliance ? Le message des prophètes, Paris, Éd. du Cerf, 2002, p. ... 2Seul dans l’Ancien Testament, Jérémie avait annoncé une alliance nouvelle ». En revanche, l’alliance noachique de Gn 9 et l’alliance abrahamique de Gn 17 », écrit B. Renaud, sont présentées comme des alliances éternelles berît ôlam2 ». Le livre de Jérémie présente une deuxième particularité la version de la Septante LXX y est plus courte de mots environ que celle du texte massorétique TM. Enfin, si la LXX et le TM parlent également d’une alliance nouvelle et insistent sur son caractère permanent, ils n’articulent pas de la même façon ces deux aspects. 3Pour la LXX, le Seigneur avait fait preuve de désintérêt envers les pères » parce qu’ils n’étaient pas demeurés dans l’alliance. Mais il n’en rejette pas pour autant Israël. Il veut même conclure une nouvelle alliance » inscrite dans les cœurs et marquée par l’intériorisation. A Israël d’entrer dans ce projet divin de nouvelle alliance » ; alors il y aura pour lui une nouvelle raison d’espérer, malgré tout. 3 Voir Lévitique et Ps 106,30. 4 En Jr 33,18 TM, nous lisons Il ne manquera jamais aux prêtres lévitiques des hommes qui se tien ... 5 Jr 31, 35 TM se réfère aux lois cosmiques d’organisation immuable du cosmos et Jr 38, 35 LXX aux lo ... 6 Bogaert, Le livre de Jérémie en perspective les deux rédactions antiques selon les travau ... 4Le TM marque beaucoup plus nettement le contraste entre, d’un côté, le caractère éternel de la fidélité du Seigneur envers Israël et, de l’autre, la responsabilité exclusive du peuple dans la rupture, laquelle cependant n’est pas irrémédiable, puisque Dieu promet la remise des péchés. Ici, on ne peut pas ne pas penser au système d’expiation des fautes mis en place dans le cadre du code sacerdotal3. De davidique, l’alliance avec Dieu est devenue sacerdotale4. Avec Bogaert5, nous lisons Jr 31,35-37 TM et sa modification par rapport à Jr 38,35-37 LXX en lien étroit avec la longue addition6 favorable à la dynastie et au sacerdoce Jr 33,14-26 TM que ce fragment annonce. 7 Voir Sonnet, Inscrire le nouveau dans l’ancien. Exégèse intra-biblique et herméneutique de ... 5Le phénomène de relecture des Ecritures ne date pas du Nouveau Testament. Il était déjà à l’œuvre dans l’élaboration et la transmission de l’Ancien7. L’épître aux Hébreux, marquée par l’événement pascal, articule les deux aspects de permanence et de nouveauté selon une disposition qui lui est spécifique. 6Alors qu’il ne fait qu’une seule mention de l’alliance éternelle » He 13,20, le Nouveau Testament reprend plusieurs fois l’expression alliance nouvelle ». Si les textes témoins sont peu nombreux, ils sont fondamentaux. Ils se situent principalement dans l’épître aux Hébreux et dans les récits de la Cène, sans oublier 2 Co 3,6 [Dieu] nous a rendus capables d’être ministres d’une alliance nouvelle, non de la lettre, mais de l’esprit ; car la lettre tue, mais l’Esprit vivifie ». 8 S. Benetreau, L’épître aux Hébreux, Vaux-sur-Seine,Édifac, t. 2,1990, p. 85. 9 L’auteur se sert de la polysémie de diathêkë pour réaliser un glissement sémantique, temporaire, à ... 10 Le grec dispose de deux adjectifs pour exprimer la nouveauté. Bien que C. Spicq estime qu’ ils son ... 7Il reste que, dans le Nouveau Testament, c’est dans notre épître que le mot alliance » diathêkê est le plus fréquent. Il y figure 17 fois8. Plus précisément, le mot diathêkê, employé 2 fois en annonce He 7,22 et 8,6, se trouve 4 fois dans la longue citation de Jr 3138, 31-34 en He 8,8-12 ; il est ensuite repris 11 fois dans cette même épître. La Traduction Œcuménique de la Bible TOB le rend 15 fois par le mot alliance » et 2 fois par le mot testament » He 9, L’expression proprement dite diathêkê kainê alliance nouvelle intervient 3 fois 2 fois explicitement He 8,8 ; 9,15 et une fois implicitement He 8,13. On en rapprochera l’emploi de l’expression diathêkê nea une alliance neuve/jeune en He 12,24, tout en maintenant une distinction de sens10. 3. La place des citations de Jérémie 3138, 31-34 dans Hébreux 11 S’ajoute un épilogue He 13, 20-25 qui ne fait pas partie de l’homélie proprement dite. 12 Nous suivons, pour l’essentiel, A. Vanhoye, La structure littéraire de l’épître aux Hébreux, Paris, ... 8L’homélie, qui constitue la quasi-totalité de l’épître aux Hébreux11, comprend un prologue 1,1-4 et cinq parties12 a Le Christ est situé par rapport aux anges, à Dieu et aux hommes 1,5­2,18 ;b Jésus est le grand prêtre digne de foi et miséricordieux 3,1-5,10 ;c Le sacerdoce et le sacrifice du Christ ont une valeur sans égale 5,11­10,18 ;d Persévérez dans la foi ! 10,19-12,13 ;e Vivez sur des pistes droites ! 12,14-13,19. 9La première citation de Jérémie 31,31-34 se trouve donc dans la troisième partie le sacerdoce et le sacrifice du Christ ont une valeur sans égale » 5,11-10,18. Après une longue invitation à prêter attention 5,11-6,20, cette troisième partie est elle-même subdivisée en trois sections. 10La première section 7,1-28 présente un exposé initial sur la supériorité du sacerdoce de Jésus comparé au sacerdoce lévitique. 11La deuxième section 8,1-9,28 indique en quel sens et de quelle façon le Christ est arrivé à la perfection ». Annoncée par le mot-crochet alliance », qui est répété 8, la première citation de Jérémie 31,31-34 est insérée dans cette section, plus précisément même dans la sous-section 8,7-13. Ensuite, 9,1-28 compare longuement la mort de Jésus au rituel du Jour du Grand Pardon. Hébreux trace un parallèle entre le grand prêtre, qui entre chaque année dans le Saint des Saints avec le sang des boucs et des taureaux, et Jésus, qui entre une fois pour toutes dans le sanctuaire divin avec son propre sang, scellant ainsi la nouvelle alliance. 12La troisième section 10,1-18 clôt cette troisième partie en rappelant que Dieu préfère l’obéissance à une multiplicité de sacrifices. C’est cette obéissance qui entraîne l’efficacité parfaite du sacrifice du Christ pour nous délivrer de nos péchés une fois pour toutes » 10,10.Nos péchés sont maintenant pardonnés, comme le souligne la reprise partielle de la citation jérémienne en 10,16-17 ; mais, maintenant aussi, revers de la médaille, il n’y a plus d’offrande pour le péché. Avant d’étudier 10,16-17, revenons à la première citation de Jérémie en He 8,8-12. 4. La citation de Jérémie 31 38, 31-34 en Hébreux 8, 8-12 13 S. Kistmaker, The Psalm Citations in the Epistle to the Hebrews, Amsterdam, Van Soest, 1961, p. 40- ... 14 La teleiôsis vise en fait la qualité de prêtre sauveur acquise par le Christ du fait de sa Passio ... 13Hébreux suit de très près le texte de la Septante13. La seule différence de quelque importance se lit dans le premier verset kai suntelesô epi ton oikon Israêl je conclurai avec la maison d’Israël, alors que la LXX écrit kai diathêsomai tôi oikôi Israël je m’allierai à la maison d’Israël. Dans les trois versets repris de Jr 3138,31-33, l’auteur d’Hébreux transpose trois fois différemment le diathêsomai de la LXX d’abord en suntelesô je conclurai v. 8, puis en epoiêsa je fis v. 9 et enfin en diathêsomai je m’allierai v. 10. Il est vraisemblable que, pour la première des trois traductions du verbe exprimant la conclusion de l’alliance, l’auteur a choisi un équivalent linguistique, suntelesô, rappelant l’idée, importante pour lui, de la teleiôsis14 action de parfaire, accomplissement He 7,11. 15 Spicq, L’épître aux Hébreux, vol. 11, 1953, p. 243. 16 La loi dans l’épître aux Hébreux », dans Focant éd., La Loi dans l’un etl’autre Test ... 17 Tout en restant globalement très fidèles à la LXX, les manuscrits d’Hébreux présentent entre eux qu ... 14Le texte d’Hébreux présente quelques autres différences mineures avec la LXX. Mais seule l’omission de dôsô après didous donnant 8,10 est intéressante sur le plan théologique, car elle a pour effet de séparer l’expression donnant mes lois » des compléments de lieu qui la suivent. C. Spicq n’est pas de cet avis quand il traduit Donnant mes lois dans leur entendement / Et dans leur cœur je les inscrirai15 ». Mais, demeurant fidèle au texte grec, A. Vanhoye propose En donnant mes lois / c’est dans leur pensée et dans leurs cœurs que je les inscrirai16 ». Cette intelligence du texte est plus apte à expliquer l’inversion en He 10,16 des compléments de lieu - pensée et cœurs -en rapport l’un et l’autre avec le même verbe, epigrapsô j’inscrirai17. 15Ne différant de la traduction donnée par C. Spicq dans la Bible de Jérusalem que par le rattachement des compléments de lieu au verbe epigrapsô j’inscrirai He 8,10, la TOB donne la traduction suivante d’A. Vanhoye 8 En fait, c’est bien un reproche qu’il leur adresse Voici des jours viennent, dit le Seigneur, où je conclurai avec la maison d’Israël et avec la maison de Juda une alliance nouvelle,9 non pas comme l’alliance que je fis avec leurs pères, le jour où je les pris par la main pour les mener hors du pays d’Egypte. Parce qu’eux-mêmes ne se sont pas maintenus dans mon alliance, moi aussi je les ai délaissés, dit le Car voici l’alliance par laquelle je m’allierai avec la maison d’Israël après ces jours-là, dit le Seigneur en donnant mes lois, c’est dans leur pensée et dans leurs cœurs que je les inscrirai. Je deviendrai leur Dieu, ils deviendront mon Chacun d’eux n’aura plus à enseigner son compatriote ni son frère en disant Connais le Seigneur ! car tous me connaîtront, du plus petit jusqu’au plus grand,12 parce que je serai indulgent pour leurs fautes et de leurs péchés, je ne me souviendrai En parlant d’une alliance nouvelle, il a rendu ancienne la première ; or ce qui devient ancien et qui vieillit est près de disparaître. 18 Le Dieu de la nouvelle alliance dans l’épître aux Hébreux », dans J. Coppens éd., La ... 16L’auteur d’Hébreux intègre réellement les trois caractéristiques de la nouvelle alliance annoncée par Jérémie loi intérieure, relation personnelle avec Dieu, pardon des péchés18, puisqu’il rapporte, sans l’interrompre, le long oracle de Jr 3138,31-34. Pourtant ce qui l’intéresse au premier chef, c’est le constat du vieillissement de l’ancienne alliance He 8,13. Le message jérémien du salut à venir, présenté comme un reproche explicite He 8,7, est recontextualisé dans l’affirmation du fondement de l’alliance nouvelle ayant donné sa propre vie pour ses frères, le Christ est le vrai médiateur. En He 10,18, la dure conséquence de cette affirmation est tirée de la reprise partielle de Jr 31,31-34. 5. La reprise de la citation de Jr 31 38, 31-34 en He 10, 16-17 17Les différences entre la citation de Jr 3138, 31-34 en He 8,8-12 et sa reprise en He 10,16-17 sont assez importantes. Outre que l’auteur omet la plus grande partie des versets du texte-source, il remplace certains mots. Nous n’en sommes plus au même point de l’argumentation. La TOB traduit ainsi C’est ce que l’Esprit Saint nous atteste, lui aussi. Car après avoir dit Voici l’alliance par laquelle je m’allierai avec eux après ces jours-là, le Seigneur a déclaré En donnant mes lois, c’est dans leurs cœurs et dans leur pensée que je les inscrirai, et de leurs péchés et de leurs iniquités je ne me souviendrai plus. He 10,15-17. 18Cette traduction prête à discussion. Elle rend en effet le présent legei du texte originel par un passé composé il a déclaré ». Par ailleurs ce legei kurios est la proposition principale d’une phrase commençant par la subordonnée infinitive méta gar to eirêkenai après avoir dit. Ici, la pointe de l’argumentation s’est déplacée par rapport à He 8,8-12. Il y a déjà un acquis l’instauration de l’alliance nouvelle, argumentée en He 8,1-9,28. Nous devons maintenant prendre conscience de ce que cette instauration implique. Nous sommes devant un beau cas de mutation de la pointe d’une citation en fonction d’une contextualisation nouvelle, auquel nous rend sensibles une structure grammaticale différente ce qui, dans le texte cité, était une réflexion conclusive - de leurs péchés et de leurs iniquités je ne me souviendrai plus » - devient, dans le texte citant, la proposition principale. 19Selon Jr 3138, 31-34, faut-il le rappeler, l’alliance nouvelle est fondée sur le pardon divin. Dieu ne se souvient plus des péchés, il les efface. Il offre ainsi à son peuple un avenir nouveau. Le TM met l’accent sur le fait que c’est grâce aux prêtres et à la fête de Kippour que Dieu pardonne et que l’alliance peut donc perdurer, malgré les manquements humains. 20Or l’auteur d’Hébreux voit les choses différemment. Après avoir cité Jr 31,34, il commente aussitôt ce verset dans les termes suivants Là où il y a eu pardon, on ne fait plus d’offrande pour le péché » He 10,18. Il en tire plus loin la conclusion Si nous péchons délibérément [...] il ne reste plus pour les péchés aucun sacrifice, mais seulement une attente terrible du jugement » He 10,26 s, rappelant l’anathème initial de He 6,6. La recontextualisation de Jr 3138,34 par l’épître est dure à entendre pour les destinataires mais ce qui doit les maintenir dans la foi, c’est que la Parousie est toute proche He 10,37. Il convient de tenir bon jusque-là. 6. La mutation de la figure de l’ alliance nouvelle » dans Hébreux 19 C. Spicq, La théologie des deux alliances dans l’épître aux Hébreux », Revue des Sciences Philoso ... 21La grande originalité de l’épître aux Hébreux dans la théologie de l’alliance est d’avoir rattaché celle-ci au sacerdoce et au sacrifice du Christ. Le culte chrétien s’exprime dans le sacrifice eucharistique. La nouvelle alliance purifie les consciences. Elle est stable et éternelle 12,28. Inscrite dans l’esprit et le cœur, elle est l’union personnelle de chaque âme avec Dieu. Elle est une science mystique de Dieu19. 22Dans 8,7-13 et 10,16-17, l’intertextualité est mise au service d’une démonstration, celle de l’imperfection de la première alliance, à laquelle s’oppose le caractère décisif et non-réitérable de la nouvelle. L’oracle sur l’ alliance nouvelle » passe du statut de prophétie annonçant au peuple d’Israël des jours meilleurs vers celui de preuve rhétorique invitant à tenir bon, sans défaillance. 20 Ibid., p. 26. 21 Michaud, L’épître aux Hébreux aujourd’hui », dans M. Gourgues et L. Laberge éd., De bie ... 23Jérémie, constatant la faillite de l’ancienne alliance, concluait qu’il y en aurait une nouvelle. Par une démarche inverse, Hébreux, après avoir déduit de l’excellence du médiateur l’excellence de la nouvelle alliance20, infère, de la perfection même de cette dernière, son caractère non réitérable. Le Christ réalise la visée des sacrifices, non par un acte rituel renouvelable à volonté, mais par l’acte existentiel du don de sa propre vie21, par définition unique. 24C’est pourquoi la répétition rituelle n’est plus la garantie de la permanence mais le signe de l’échec. L’auteur proclame nous avons été sanctifiés par l’offrande du corps de Jésus Christ, faite une fois pour toutes » 10,10. Ce une fois pour toutes » a deux aspects d’une part, il est décisif ; d’autre part, il ne laisse pas de deuxième chance. La mutation apportée à la figure de l’ Alliance nouvelle » est le reflet d’une situation historique précise le reflux des communautés chrétiennes, auquel répond l’adjuration insistante Ne désertons pas nos assemblées » 10,25. 25L’exhortation d’Hébreux repose aussi sur une conviction c’est que encore si peu, si peu de temps, et celui qui vient sera là ; il ne tardera pas » 10,37. Le délai qui nous est laissé avant cette venue est un sursis qui nous est accordé dans une perspective de paideia correction, afin que mûrisse en nous cette diathêkë kainê alliance nouvelle, aujourd’hui encore un peu jeune diathêkê nea 12,24. Mais, le temps passant, cette argumentation devra être précisée. A une théologie de l’imminence devra se substituer une théologie de la permanence. Le commentaire de l’épître aux Hébreux par Thomas d’Aquin nous en offre un bel exemple. II. Le commentaire d’Hébreux 8 et 10 par Thomas d’Aquin 22 É. Cothenet, L’œuvre exégétique de saint Thomas d’Aquin », Esprit et Vie, 80 avril 2003, 2e quin ... 26Alors que l’œuvre théologique et philosophique du docteur angélique a été étudiée à maintes reprises, son œuvre exégétique l’a été beaucoup moins. C’est tout récemment qu’ont été publiés, aux Editions du Cerf, le Commentaire sur les Psaumes 1996, le Commentaire sur l’Évangile de saint Jean, t. I 1998, le Commentaire de l’épître aux Romains 1999, le Commentaire de la Première épître aux Corinthiens 200222 ainsi que, dernièrement, le Commentaire de la Deuxième épître aux Corinthiens 2005. La seule traduction française du Commentaire de l’épître aux Hébreux reste celle de l’abbé Bralé 1874. 23 G. Berceville, Le sacerdoce du Christ dans le Commentaire de l’épître aux Hébreux de saintThomas ... 24 Les références au Commentaire de S. Thomas d’Aquin sont données à deux éditions Opéra omnia, éd. ... 27Thomas a probablement donné son cours sur l’épître aux Hébreux dans les années 1265-126823. Il précise d’abord l’objet » de celle-ci Dans cette épître, il [l’Apôtre] fait ressortir la grâce même dans le chef de l’Église, c’est-à-dire en Jésus-Christ24. » Les versets 8-12 du chapitre 8, reproduisant la citation de Jr 3138,31-34, sont commentés par Thomas dans les leçons II et III de la section de son ouvrage consacrée à ce chapitre. 28C. Spicq observe que Thomas intègre nettement l’exégèse à la théologie 25 C. Spicq, Thomas d’Aquin saint. VI. Saint Thomas d’Aquin exégète », Dictionnaire de Théologie c ... l’exégèse de saint Thomas est théologique en ce sens que le texte biblique est exploité en vue de fournir un argument aux thèses théologiques ; l’exégète dégage du donné révélé des arguments scripturaires, soit que ceux-ci servent de base au raisonnement, soit qu’ils appuient une conclusion établied’avance25. 29Il faut donc comprendre le commentaire de Thomas en tenant l’exégèse pour servante de la théologie ». Aussi, dans notre analyse des deux passages citant l’oracle de Jr 31,31-34, nous nous intéresserons d’abord à la méthode exégétique He 8,6-13, ensuite à quelques aspects plus théologiques He 10,11-39. Mais, en tout premier lieu, sur quel texte biblique Thomas travaille-t-il ? 1. Le texte biblique de Thomas 26 Avant son départ pour Paris en 1252, Thomas d’Aquin avait, dans son commentaire du livre de Jérémie ... 27 C. Spicq, Esquisse d’une histoire de l’exégèse latine au Moyen Age, Paris, J. Vrin, 1944, p. 198. 30Comme ses contemporains, Thomas ne possède que le texte latin de la Vulgate. S’il mentionne des variantes26, c’est chez ses devanciers qu’il les rencontre et non sur des manuscrits ; il ignore le grec et l’hébreu27. Notons les cas suivants pour l’exégèse de He 8,8-12. 31a. Thomas compare feriam de Jr 31,31 à consummabo de He 8,8 28 Éd. Vivès, p. 653 ; Éd. Marietti, p. 422, n° 395 s. C’est là l’autorité du prophète Jérémie, où on ne la trouve pas tout à fait dans ces termes, mais avec très peu de changements. On y lit [...] Je ferai une nouvelle alliance feriam foedus novum [...] », [...] l’Apôtre dit Je mènerai à sa perfection consummabo. »Ad Hebraeos [Ad Hebr.], chapitre 8, leçon 228. 32b. Thomas met également en parallèle neglexi je les ai méprisés He 8,9 et dominatus sum je leur ai fait sentir ma domination Jr 31,32. 33c. Il repère un pluriel mes lois » He 8,10 face au singulier ma loi » Jr 31,33. 34d. Lorsqu’il reproduit les mots leurs péchés », au pluriel He 8,12, il indique qu’il existe une autre version le singulier, leur péché » Jr 31,34 ; c’est alors du péché originel qu’il s’agit. 29 Torrell, Saint Thomasd’Aquin, maître spirituel. Initiation 2, Fribourg, Éd. Universitaires, P ... 35Quant à la canonicité de l’épître, elle est assurée pour Thomas par l’usage de l’Église. Aussi, le prologue de son commentaire ne retient comme question exégétique que celle de l’authenticité. Il en donne une analyse très historico-positive29 », mettant notamment en avant le critère du style. Ainsi la Somme explique-t-elle les différences de style entre cette épître et les autres par le fait que ces dernières auraient été écrites en grec et celle-là en hébreu, langue maternelle de Paul La Glose dit, en effet, au sujet de l’épître aux Hébreux il n’est pas étonnant que cette épître soit plus éloquente que les autres. Il est en effet naturel à chacun de mieux parler sa propre langue qu’une langue étrangère. Or les autres épîtres, l’Apôtre les a composées dans une langue étrangère, le grec, mais celle-ci il l’a écrite en hébreu. IIa-IIae, q. 176, a. 1. 2. Thomas d’Aquin et He 8, 6-13 36Dans le commentaire sur He 8,6-13, nous observons deux particularités qui, sans être propres à Thomas, jouent chez lui un grand rôle. L’exégèse thomasienne accorde d’une part une importance décisive à la division du texte » et postule d’autre part l’unité organique du texte biblique. a La division du texte » 30 Jésus-Christ, grand prêtre de l’ancienne et de la nouvelle alliance. Étude théologiqu ... 37La division du texte » est, sans doute, la particularité de l’exégèse thomasienne la plus importante par ses conséquences. Son unique but étant de nourrir la foi du lecteur, Thomas met tout en œuvre pour lire l’Écriture sainte dans l’Esprit qui l’a inspirée. Pour lui, rechercher l’intention de l’auteur », grâce à la division du texte, c’est rechercher la vérité déjà donnée par la Révélation30. 38Tout cela peut nous surprendre, habitués que nous sommes à parler de plan » ou de structure » plutôt que de division du texte », comme à ne pas tenir compte du fait que, pour Thomas, l’interprétation doctrinale du texte saint dans l’Église appartient au sens littéral. A. Guggenheim précise bien la différence de point de vue entre l’exégèse médiévale et l’exégèse moderne en écrivant 31 Ibid., p. 673, n. 46. Le P. Vanhoye a mis en évidence avec rigueur une structure littéraire du texte de l’Epître aux Hébreux, en s’attachant avec attention à la détermination du sensus » du texte [...] En fait, la division du texte » des médiévaux ne se situe pas seulement au niveau de la structure » du texte ; elle passe peut-être trop vite à travers cette étape. Elle est surtout un acte d’interprétation de l’intention de l’auteur », de sa sententia31. 32 Éd. Vivès, p. 563 ; Éd. Marietti, p. 337, n° 6. 33 A. Vanhoye, Le message de l’épître aux Hébreux », Cahiers Évangile 19, Paris, 1977, p. 34. 34 Pour lui, écrit Vanhoye, la découverte de la structure littéraire d’une œuvre doit normalement pe ... 35 Guggenheim, Jésus-Christ, grand prêtre..., p. 564, n. 59. 39Ainsi A. Vanhoye, après une étude approfondie et avec de solides indices, a proposé une structure littéraire en cinq parties principales. Au Moyen Âge, Thomas divisait » l’épître en seulement deux parties He 1,1-10,39 supériorité du Christ et He 11,1-fin comment les membres doivent s’unir à la tête Ad Hebr. 1, l32. Cette différence d’approche se voit également dans la détermination du centre » de l’épître. Selon l’approche littéraire de Vanhoye, le nom du Christ grand prêtre a été choisi comme clef de voûte de toute la structure. Il est au point central 9,11 de la section centrale 8,1­9,28 de la partie centrale 5,11-10,3933. » Thomas d’Aquin, quant à lui, place le centre théologique en He 8,13 et conclut que l’auteur vise avant tout à démontrer la supériorité de la nouvelle alliance sur l’ancienne, proche de sa fin. Alors que l’exégète contemporain34essaie, en un premier temps, de détecter dans le texte les indices objectifs de sa structure, l’auteur médiéval réalise un acte herméneutique d’ensemble qui, tout en apparaissant plus personnel, se veut aussi en communion surnaturelle avec les auteurs de l’Écriture et ses commentateurs dans la foi de l’Église35. 36 G. Dahan, Introduction à Thomas d’Aquin, Commentaire de la première épître aux Corinthiens, trad. J ... 40La division du texte » va des plus grands ensembles jusqu’aux plus petites unités de sens versets ou fragments de versets. Le mode d’argumentation s’efforce de ramener le texte biblique à une suite de raisonnements36 et le commentaire de l’unité de base du sens prend souvent une forme analogue à celle d’un article de la Somme. A titre d’exemple, l’analyse de He 8, 11 se présente ainsi 37 Éd. Vivès, p. 655 ; Éd. Marietti, p. 424, n° 407 s. Quand l’Apôtre dit ensuite Et chacun d’eux n’aura plus besoin d’enseigner son prochain et son frère, » [...] Alors on objecte sed contra que l’Apôtre lui-même s’appelle le docteur des Gentils [...] Il faut répondre respondeo que ce qui est dit ici peut s’entendre de deux manières [...] Ad Hebr. 8, 337. 41C’est tout à fait le schéma scolastique affirmation - objection réponse à l’objection. Sous cette armature dialectique, la méthode employée consiste à expliquer l’Écriture par l’Écriture. b L’unité du texte biblique 42Pour interpréter un texte, écarter une objection, les médiévaux peuvent citer un tout autre texte de l’Écriture. La conclusion de l’article 3 de la question I de la Prima Pars est des plus explicites sur ce point La doctrine sacrée est bien une science une. [...] tout ce qui est connaissable par révélation divine s’unifie dans la raison formelle de cette science et, de ce fait, se trouve compris dans la doctrine sacrée comme dans une science unique. » La doctrine sacrée chez Thomas est la théologie en tant que science procédant rationnellement des premiers principes, soit les articles de foi, pour aller vers des conclusions vraies, déjà connues grâce à la Révélation. 38 Le chemin de la théologie chez Thomas d’Aquin, Paris, Beauchesne, 1974, p. 871. 43L’Écriture sainte est son propre interprète38. Le véritable sens littéral découle de l’analogie de la foi, selon laquelle la vérité d’un passage concorde avec la vérité d’un autre. C’est ainsi que le commentaire des six versets de He 8,8-13 compte 53 citations, complètes ou fragmentaires, d’Hébreux et de Jérémie, 51 citations d’autres textes de l’Écriture et d’Augustin, pour seulement 86 commentaires ou mots de liaison thomasiens. Au total, sur 190 groupes continus de mots », plus de la moitié sont des citations de l’Écriture ou d’Augustin. Trois exemples concrétiseront cette affirmation 39 Éd. Vivès, p. 654 s. ; Éd. Marietti, p. 424 s., n° 404 s. L’Apôtre dit donc He 8, 10 J’imprimerai mes lois dans leur esprit. » [...] C’est ce que fait le Saint Esprit I Jn, 2,27 Comme son onction vous enseigne toutes choses ; » Jn, 14,26 Le Saint Esprit vous enseignera toutes choses ».Parce que He 8,11 tous me connaîtront, depuis le plus petit jusqu’au plus grand », voilà indiquée la raison pour laquelle nul n’aura besoin d’enseigner son prochain et son frère, c’est que tous connaîtront le Seigneur » I Jn, 3,2 Nous le verrons tel qu’il est. » C’est dans cette vision que consiste la béatitude Jn 17,3 La vie éternelle consiste à vous connaître, vous qui êtes le seul Dieu véritable, et Jésus-Christ que vous avez envoyé. »En appelant donc He 8,13 cette alliance du nom de nouvelle, il a montré que la première vieillissait », c’est-à-dire il a donné à entendre que cette alliance était ancienne or ce qui se passe et vieillit est proche de sa fin ; » si donc l’ancienne alliance est telle, elle doit être rejetée Lv 26,10 Quand viendront les fruits nouveaux, vous rejetterez les vieux » Ad Hebr. 8, 2 s.39. 44Nous ne nous aventurerons pas à évaluer comparativement l’exégèse médiévale et l’exégèse contemporaine, car elles ne se situent pas au même stade de la lecture de la Parole de Dieu. Relevons simplement qu’en faisant de He 8,13 le centre théologique de l’épître aux Hébreux, Thomas déconcerte quelque peu, de prime abord, l’exégète moderne. L’effort herméneutique à réaliser face à son commentaire de He 10,11-39 est encore plus important, dans la mesure où, par la force des choses, Thomas doit substituer à une théologie de l’imminence une théologie de la permanence. 3. Thomas d’Aquin et He 10 45Sans reprendre tout le commentaire de He 10,11-39, limitons-nous à celui de cinq versets 10,26-29 et 37 particulièrement caractéristiques du passage d’une théologie de l’imminence à une théologie de la permanence. a He 10, 26-28 46Thomas écrit à propos de He 10,26 et des versets suivants 40 Éd. Vivès, p. 679 ; Éd. Marietti, p. 449, n° 516. quand l’homme a été réparé par la grâce, d’une manière complète, il est en son pouvoir d’éviter un péché mortel et même tel péché véniel en particulier ; [...] C’est ce qui fait dire à S. Paul [...] He 10,26 Il n’y a plus désormais d’hostie pour les péchés » [...]. C’est ainsi que, le baptême une fois reçu, on n’attend plus un autre baptême Ad Hebr. 10, 340. 47Alors que la mention du péché mortel » fait plutôt attendre une précision sur le sacrement de pénitence, Thomas rappelle le principe de la non-réitération du baptême. C’est sur ce point qu’il fait porter le caractère unique du sacrifice du Christ et non pas sur une pratique du sacrement de pénitence destinée à absoudre les péchés commis après le baptême, pratique que Thomas se garde bien de récuser. Il relève d’ailleurs dans la Somme Le baptême reçoit de la passion du Christ la vertu de produire une génération spirituelle liée à la mort spirituelle de la vie précédente. Mais il a été établi que les hommes ne meurent qu’une fois et ne naissent qu’une fois. Voilà pourquoi l’homme ne doit être baptisé qu’une fois. Mais la puissance que la pénitence reçoit de la Passion du Christ est une puissance de guérison spirituelle qui peut être souvent renouvelée. IIIa, q. 84, a. 10. 48On voit bien ici comment, pour tenir compte de la pratique ecclésiale de son temps, Thomas interprète le texte de He 10,26 s, distinguant fort judicieusement entre sacrement du baptême non réitérable la lettre d’Hébreux est maintenue et sacrement de pénitence qui peut être souvent renouvelé la pratique ecclésiale de son temps est confirmée. b He 10, 29 49L’explication de He 10,29 aurait pu amener le docteur angélique à traiter du péché d’apostasie. Or, il va placer son commentaire dans une perspective morale qui adoucit nettement le propos du verset de référence 41 Éd. Vivès, p. 680 s. ; Éd. Marietti, p. 450 s., n° 524 s. L’Apôtre dit v. 29 Combien donc croyez-vous que celui qui aura foulé aux pieds le Fils de Dieu sera jugé digne d’un plus grand supplice » [...] Celui [...] à qui la foi a été annoncée et qui la méprise est puni plus sévèrement, parce que le péché d’infidélité est très grave. Si donc nous établissons une comparaison entre le chrétien et le juif qui ne méprise pas la loi, et que l’un et l’autre soient coupables d’adultère, le chrétien sera puni plus sévèrement que le juif, parce que le premier est châtié non seulement pour le péché d’adultère, mais encore parce qu’il montre une plus grande ingratitude Ad Hebr. 10, 341. 50Ce qui constituait, pour Hébreux, un couperet christologique devient ainsi, pour Thomas, une exhortation morale à l’adresse de chrétiens qui, ayant plus reçu, doivent se sentir les destinataires d’exigences morales plus grandes. 42 L’intervention divine est également donnée comme imminente en He 10,25 Ne désertons pas nos ass ... 51Mais, évidemment, c’est dans le commentaire de He 10,37 que le passage d’une théologie de l’imminence42 à une théologie de la permanence se fait le mieux sentir. c He 10, 37 52Thomas porte sa réflexion métaphysique et théologique sur le statut des croyants, quel que soit le temps où ils vivent. Il tient également compte d’un temps historique qui dure et, selon toute apparence, est appelé à durer encore longtemps. Pour légitimer la lettre de He 10,37, non seulement il relativise la durée par rapport à l’éternité - 2 P 3,8 le fait aussi en citant Ps 90,4 - mais il introduit la distinction entre jugement universel et jugement particulier, distinction inconnue de l’épître aux Hébreux 43 Éd. Vivès, p. 684 s. ; Éd. Marietti, p. 454, n° 545 et 547. Quand l’Apôtre ajoute v. 37 Parce que, encore un peu de temps, etc. ; »[...] il y a deux espèces d’avènement du Seigneur, ainsi qu’il y a deux sortes de jugement, l’un général, [...], bien qu’il y ait encore un grand laps de temps par rapport à la durée et par rapport à nous, il est court toutefois par comparaison à l’éternité Ps. 89,4 Devant vos yeux, mille ans sont comme le jour d’hier qui est passé ; » [...] En second lieu, quant au jugement particulier, qui se fait à la mort, [...] il importe peu qu’il y ait encore beaucoup ou peu de temps, car chacun sera tel à ce jugement qu’il sera sorti de la vie Ad Hebr. 10,443. 44 Les théologiens, Thomas en tête, ne forcent pas la distinction entre les deux jugements Tout en ... 53Il convient de préciser que l’eschatologie thomiste est nettement anti-millénariste. La nuance entre les deux jugements est à comprendre dans cette perspective44. La pérennité, distinguée de l’imminence, signifie que l’âge ultime est déjà là, dans le temps de l’Église, et qu’il y a un seul événement eschatologique, la seconde venue du Christ lors du jugement dernier. 4. L’ alliance nouvelle » chez Thomas d’Aquin 45 L. J. Elders, La relation entre l’ancienne et la nouvelle Alliance selon saint Thomas d’Aquin », ... 46 A. Guggenheim, Vérité et figure », RThom, 104 2004, p. 234. 54L’épître aux Hébreux est au cœur des rapports entre les deux Testaments. Or, c’est en figures que l’ parle du Christ, alors que le en apporte la réalité45. Dans son commentaire de l’épître, Thomas donne de comprendre plus précisément, à l’aide de la figure vétérotestamentaire de l’entrée du grand prêtre dans le Saint des Saints, le lien de la Passion et de la Résurrection du Christ avec l’inauguration de l’Alliance nouvelle46 ». Son commentaire scripturaire est à lire en dialogue avec la Somme théologique. Celle-ci énonce que le sang du Christ a été donné aux hommes de deux façons. D’abord en figure, ce qui appartient à l’ancienne alliance. [...] Ensuite le sang du Christ a été donné aux hommes dans sa réalité, ce qui revient à la nouvelle alliance. » IIIa, q. 78, 55Le rapport entre la loi ancienne et la nouvelle correspond à celui de l’imparfait et du parfait La fin de la loi divine, c’est de conduire l’homme à sa fin, la félicité éternelle. Or [...] pareille tâche exige la grâce de l’Esprit Saint, [...] cette grâce, la loi ancienne ne pouvait la conférer, cela était réservé au Christ [...] Il s’ensuit que la loi ancienne était bonne, mais imparfaite, comme l’indique l’épître aux Hébreux 7,19 La loi n’a rien conduit à la perfection. » I-IIae, q. 98, a. 1. 56 Loi ancienne » et ancienne alliance » sont liées. Le lien est encore plus fort entre nouvelle Alliance », loi de grâce » et don de l’Esprit-Saint ». Ce qui prime dans la loi de la nouvelle alliance, ce en quoi réside toute son efficacité, c’est la grâce du Saint-Esprit, donnée par la foi au Christ. [...] Nul n’a jamais possédé la grâce du Saint-Esprit si ce n’est par la foi au Christ, explicite ou implicite. Or, par la foi au Christ, on appartient à la nouvelle alliance. Il s’ensuit que tous ceux en qui fut déposée cette loi de grâce appartenaient de ce fait à la nouvelle alliance. I-IIae, q. 106, a. 1. 57La loi nouvelle est une réalité intérieure. Le principal en elle est la grâce du Saint-Esprit. Le docteur angélique réalise ainsi un approfondissement de la figure de la nouvelle alliance » le cœur de la loi nouvelle, et donc de la nouvelle alliance, c’est la grâce. Sa grande nouveauté, en regard de l’épître commentée, c’est qu’il instaure son discours théologique comme un traité eschatologique sur le dessein de salut subordonné à l’unique notion de grâce mais aussi comme un discours permanent, historiquement adapté à une chrétienté appelée à durer dans un temps qui est loin d’être arrivé à son terme. 58Nul ne contestera que la notion d’alliance soit centrale dans l’Ancien Testament et même d’une façon plus large dans la Bible chrétienne tout entière, ainsi que dans la réflexion théologique postérieure. Cependant cette notion d’alliance n’est pas monolithique ; elle a été l’objet constant de relectures. Le présent article a voulu le montrer en suivant, à partir des versions septuagintale et massorétique du livre de Jérémie, le parcours de la figure de l’ alliance nouvelle » dans l’épître aux Hébreux, puis dans le commentaire de l’épître aux Hébreux dû à Thomas d’Aquin. 59Dans la version grecque du livre de Jérémie, les Israélites ne sont pas demeurés dans l’Alliance. Mais si Dieu montre du désintérêt pour eux, il ne rejette pas Israël. Il veut à nouveau conclure une alliance, inscrite cette fois dans le cœur de chacun. 60Le texte massorétique de Jérémie souligne plus nettement le contraste entre le caractère éternel de la fidélité du Seigneur envers Israël et la responsabilité exclusive du peuple dans la rupture. Mais, à cette propension congénitale du peuple à la faute, il y a un antidote l’institution sacerdotale et son système très élaboré d’expiation. 61L’épître aux Hébreux, quant à elle, articule les deux aspects, septuagintal et massorétique, de la figure de la nouvelle alliance » d’une façon des plus originales. Au plan matériel, le texte de référence est le texte septuagintal, quelque peu retouché ; mais, au plan réflexif, l’auteur nous situe dans un contexte nettement cultuel et sacerdotal. Il établit d’abord le sacerdoce éternel du Christ puis passe à la nouveauté de l’Alliance scellée dans le sang de celui-ci, avant de terminer en soulignant son caractère non réitérable Et comme le sort des hommes est de mourir qu’une seule fois 9,27, [...] il ne nous reste plus pour les péchés aucun sacrifice, mais seulement une attente terrible du jugement 10,27 ». Cette recontextualisation fait subir une mutation complète à l’oracle vétéro-testamentaire. Pour l’épître, le Christ ne reviendra plus pour le péché mais pour le jugement. Pour ceux qui ont péché, en particulier ceux qui ont déserté l’assemblée, il n’y a plus de rémission. 47 Même si C. Spicq estime qu’il n’a manqué que deux choses aux exégètes du Moyen Age une science ... 62Cependant, le temps passe, sans que le Seigneur revienne. On ne peut plus dire que la nouvelle alliance est une alliance jeune He 12,24. Il faut assumer la réalité d’un temps qui dure, une perspective que l’auteur de l’épître n’avait pas envisagée, du moins explicitement He 10,37. Thomas d’Aquin, dans son commentaire, fait donc subir une mutation à la notion d’alliance nouvelle. Ce qu’Hébreux présentait comme un discours adapté à l’urgence et à l’imminence de la fin, il l’approfondit en theologia perennis. Il y a passage, discret et mesuré47, d’une théologie s’inscrivant dans le contexte d’une attente eschatologique imminente à une théologie de chrétienté soucieuse d’établir le caractère permanent d’un système fait pour durer dans le temps. Son commentaire d’He 10,37 est particulièrement révélateur de ce point, avec la distinction des deux jugements, général et particulier ; l’exhortation à veiller prend le relais de l’adjuration à ne pas déserter. 63Reste bien sûr ouverte la question de savoir comment relire aujourd’hui cette figure de l’alliance nouvelle. Prenons-en acte, l’idéal de la chrétienté médiévale est loin. On peut certes essayer de retrouver l’idée originelle de Jérémie dans la version septuagintale la vie chrétienne se vit d’abord dans l’intériorité. Mais la foi ne peut pas être une réalité exclusivement privée. Une visibilité palpable du religieux est nécessaire dans la société actuelle. Des structures sont souhaitables qui soient signes en même temps que témoins du caractère unique de la personne du Christ. Il importe également que les croyants assument leur finitude et s’impliquent avec persévérance dans l’aléatoire du quotidien. Comme le disait déjà l’épître aux Hébreux, c’est d’endurance dont vous avez besoin pour accomplir la volonté de Dieu et obtenir ainsi la réalisation de la promesse. » 10,36. Tout cela n’est-il pas d’une brûlante actualité ? À nous de chercher le visage qui actualise au mieux ces convictions. Top of page Notes 1 P. Buis, La notion d’alliance dans l’Ancien Testament, Paris, Éd. du Cerf, 1976 ; A. Jaubert, La notion d’alliance dans le judaïsme aux abords de l’ère chrétienne, Paris, Éd. du Seuil, 1963. 2 B. Renaud, Nouvelle ou éternelle alliance ? Le message des prophètes, Paris, Éd. du Cerf, 2002, p. 11. 3 Voir Lévitique et Ps 106,30. 4 En Jr 33,18 TM, nous lisons Il ne manquera jamais aux prêtres lévitiques des hommes qui se tiendront en ma présence, faisant monter les holocaustes, brûlant des offrandes et célébrant des sacrifices tous les jours. » 5 Jr 31, 35 TM se réfère aux lois cosmiques d’organisation immuable du cosmos et Jr 38, 35 LXX aux lois régissant Israël et auxquelles ce peuple n’a pas été fidèle Bogaert, Lois et alliance nouvelle dans les deux formes conservées du livre de Jérémie Jr 31,31-37 TM ; 38, 31-37 LXX », dans C. Focant éd., La Loi dans l’un et l’autre Testament, Paris, Ed. du Cerf, 1997, p. 89 s. 6 Bogaert, Le livre de Jérémie en perspective les deux rédactions antiques selon les travaux en cours », Revue Biblique, 101 1994, p. 383. 7 Voir Sonnet, Inscrire le nouveau dans l’ancien. Exégèse intra-biblique et herméneutique de l’innovation », Nouvelle Revue Théologique, 128 2006, p. 3-17 ; Levtnson, L’herméneutique de l’innovation. Canon et exégèse dans l’Israël biblique, Bruxelles, Éd. Lessius, 2006. 8 S. Benetreau, L’épître aux Hébreux, Vaux-sur-Seine,Édifac, t. 2,1990, p. 85. 9 L’auteur se sert de la polysémie de diathêkë pour réaliser un glissement sémantique, temporaire, à partir du sens d’ alliance », sens qu’il a eu précédemment dans l’épître, jusqu’à celui de testament » He 9,15. Ce procédé lui permet d’introduire le thème de la mort du Christ, dont nous sommes appelés à recevoir l’héritage éternel déjà promis » He 9,15-18. 10 Le grec dispose de deux adjectifs pour exprimer la nouveauté. Bien que C. Spicq estime qu’ ils sont synonymes dans la langue de notre auteur » L’Épître aux Hébreux, Paris, Gabalda, Études Bibliques », vol. I, 1952, p. 15, il y a une nuance entre les deux termes neos, nouveau dans le temps, neuf, jeune d’où aussi, sans maturité ; kainos, nouveau dans sa nature, donc qualitativement meilleur. Les deux mots sont appliqués dans la Bible aux réalités du salut le premier souligne leur caractère de présence récente par rapport au passé » art. Nouveau », dans Vocabulaire de théologie biblique, X. LÉon-Dufour dir., Paris, Éd. du Cerf, 19774, col. 840. Voir aussi TOB, p. 2947, note w., à cette nuance près que neos ne signifie pas seulement rayonnante de jeunesse », mais aussi un peu verte », qui a besoin de vieillir » voir le rôle de la paideia développé en He 12. 11 S’ajoute un épilogue He 13, 20-25 qui ne fait pas partie de l’homélie proprement dite. 12 Nous suivons, pour l’essentiel, A. Vanhoye, La structure littéraire de l’épître aux Hébreux, Paris, Desclée de Brouwer, 19762, p. 59 et Lane, Hebrews, Dallas, Word Books Publisher, t. 1, 1991, p. CII s. Cependant, nous adoptons la variante avancée par plusieurs exégètes qui rattachent la parénèse 10, 19-39 à la quatrième partie de l’épître P. Grelot, Une lecture de l’épître aux Hébreux, Paris, Éd. du Cerf, 2003, p. 10 s. et Brown, Que sait-on du Nouveau Testament ?, Paris, Bayard, 2000, p. 736. L’exhortation à la vie croyante introduit en effet le chapitre 11 consacré à l’exemple des hommes de foi. 13 S. Kistmaker, The Psalm Citations in the Epistle to the Hebrews, Amsterdam, Van Soest, 1961, p. 40-42 et P. Ellingworth, The Epistle to the Hebrews. A Commentary on the Greek Text, Grand Rapids, Vm. B. Eerdmans Publishing Co., 1993, p. 412-417. 14 La teleiôsis vise en fait la qualité de prêtre sauveur acquise par le Christ du fait de sa Passion » Beaude, Sacerdoce. IV. Le Nouveau Testament. B. Le sacerdoce du Christ dans l’épître aux Hébreux », dans Supplément au Dictionnaire de la Bible, X, Paris, Letouzey, 1985, col. 1326. 15 Spicq, L’épître aux Hébreux, vol. 11, 1953, p. 243. 16 La loi dans l’épître aux Hébreux », dans Focant éd., La Loi dans l’un etl’autre Testament, p. 288, n. 1. 17 Tout en restant globalement très fidèles à la LXX, les manuscrits d’Hébreux présentent entre eux quelques variantes que relève la critique textuelle voir A Textual Commentary on the Greek New Testament A Compagnon Volume to the United Bible Societies’ Greek New Testament fourth revised édition, Stuttgart, Deutsche Bibelgesellschaft, 1994\ p. 597 ; Attridge, The Epistle to the Hebrews, p. 225 s. 18 Le Dieu de la nouvelle alliance dans l’épître aux Hébreux », dans J. Coppens éd., La Notion Biblique de Dieu. Le Dieu de la Bible et le Dieu des philosophes, Leuven, 1976, p. 325. 19 C. Spicq, La théologie des deux alliances dans l’épître aux Hébreux », Revue des Sciences Philosophiques et Théologiques, 33 1949, p. 24-29. 20 Ibid., p. 26. 21 Michaud, L’épître aux Hébreux aujourd’hui », dans M. Gourgues et L. Laberge éd., De bien des manières ». La recherche biblique aux abords du XXIe siècle [Actes du Cinquantenaire de l’ACEBAC - 1943-1993], Paris et Montréal, Éd. du Cerf et Fides, 1995, p. 401. 22 É. Cothenet, L’œuvre exégétique de saint Thomas d’Aquin », Esprit et Vie, 80 avril 2003, 2e quinzaine, p. 8. 23 G. Berceville, Le sacerdoce du Christ dans le Commentaire de l’épître aux Hébreux de saintThomas d’Aquin »,Revue Thomiste [ =RThom],99 1999, p. 144. 24 Les références au Commentaire de S. Thomas d’Aquin sont données à deux éditions Opéra omnia, éd. Vivès, tome 21, Paris, 1876, p. 562 p. 561-734 ; Super epistolas S. Pauli lectura, Éd. Marietti, vol. 11, Turin, 19538, p. 336 p. 335-506, n° 4. 25 C. Spicq, Thomas d’Aquin saint. VI. Saint Thomas d’Aquin exégète », Dictionnaire de Théologie catholique, XV, Paris, Letouzey et Ané, 1946, col. 719 s. 26 Avant son départ pour Paris en 1252, Thomas d’Aquin avait, dans son commentaire du livre de Jérémie, consacré quelques lignes à Jr 31, 31-34 In Jeremiam prophetam expositio, dans Opéra omnia, éd. Vivès, tome 19, Paris, 1876, p. 174. 27 C. Spicq, Esquisse d’une histoire de l’exégèse latine au Moyen Age, Paris, J. Vrin, 1944, p. 198. 28 Éd. Vivès, p. 653 ; Éd. Marietti, p. 422, n° 395 s. 29 Torrell, Saint Thomasd’Aquin, maître spirituel. Initiation 2, Fribourg, Éd. Universitaires, Paris, Éd. du Cerf, 20022, p. 3. 30 Jésus-Christ, grand prêtre de l’ancienne et de la nouvelle alliance. Étude théologique et herméneutique du commentaire de saint Thomas d’Aquin sur l’Épître aux Hébreux, Paris, Parole et Silence, 2004, p. 639. 31 Ibid., p. 673, n. 46. 32 Éd. Vivès, p. 563 ; Éd. Marietti, p. 337, n° 6. 33 A. Vanhoye, Le message de l’épître aux Hébreux », Cahiers Évangile 19, Paris, 1977, p. 34. 34 Pour lui, écrit Vanhoye, la découverte de la structure littéraire d’une œuvre doit normalement permettre une étude plus objective de son contenu de pensée » La structure littéraire..., p. 237. 35 Guggenheim, Jésus-Christ, grand prêtre..., p. 564, n. 59. 36 G. Dahan, Introduction à Thomas d’Aquin, Commentaire de la première épître aux Corinthiens, trad. Stroobant de Saint-Éloy, Paris, Éd. du Cerf, 2002, p. xxx. 37 Éd. Vivès, p. 655 ; Éd. Marietti, p. 424, n° 407 s. 38 Le chemin de la théologie chez Thomas d’Aquin, Paris, Beauchesne, 1974, p. 871. 39 Éd. Vivès, p. 654 s. ; Éd. Marietti, p. 424 s., n° 404 s. 40 Éd. Vivès, p. 679 ; Éd. Marietti, p. 449, n° 516. 41 Éd. Vivès, p. 680 s. ; Éd. Marietti, p. 450 s., n° 524 s. 42 L’intervention divine est également donnée comme imminente en He 10,25 Ne désertons pas nos assemblées, [...] mais encourageons-nous et cela d’autant plus que vous voyez s’approcher le Jour. » 43 Éd. Vivès, p. 684 s. ; Éd. Marietti, p. 454, n° 545 et 547. 44 Les théologiens, Thomas en tête, ne forcent pas la distinction entre les deux jugements Tout en maintenant une certaine distinction conceptuelle entre jugement particulier et jugement général, ne pourrait-on pas toutefois se demander si en réalité ils ne coïncideraient pas au point de s’identifier ? En effet, au-delà de la mort, on ne se trouve plus soumis aux catégories spatio-temporelles de notre monde. 11 n’y a plus de temps. » P. Adnès, Jugement », Dictionnaire de Spiritualité, Paris, Beauchesne, VIII, 2,1974, col. 1588. De même, toute théologie qui se veut proche de la révélation biblique refusera de parler de deux jugements différents. En fin de compte, tout l’accent est placé sur le jugement particulier de chaque homme après sa mort, et le jugement général n’en est, à proprement parler, que la confirmation publique devant le monde entier » H. Urs von Balthasar, La dramatique divine. 4. Le dénouement, Namur, Culture et Vérité, 1993, p. 318. 45 L. J. Elders, La relation entre l’ancienne et la nouvelle Alliance selon saint Thomas d’Aquin », RThom, 100 2000, p. 582. 46 A. Guggenheim, Vérité et figure », RThom, 104 2004, p. 234. 47 Même si C. Spicq estime qu’il n’a manqué que deux choses aux exégètes du Moyen Age une science philologique exacte et surtout le sens historique » Esquisse d’une histoire..., p. 374, Thomas d’Aquin atteint un sommet de synthèse entre exégèse et théologie, une ébauche de théologie biblique, intermédiaire entre l’empirisme des constatations de l’histoire et la construction systématique » H. de Lubac, Exégèse médiévale. Les quatre sens de l’Écriture, t. 4, Paris, Aubier, 1964, p. 295. Par la suite, même si elle est souvent distinguée de l’exégèse, la théologie sera solidaire des voies et moyens des pédagogies textuelles de la culture contemporaine » Chenu, La théologie comme science au XIIIe siècle, Paris, J. Vrin, 19573, p. 16.Top of page References Bibliographical reference François Tonon, “L’ Alliance nouvelle » dans l’épître aux Hébreux et son commentaire par Thomas d’Aquin”, Revue des sciences religieuses, 82/2 2008, 179-197. Electronic reference François Tonon, “L’ Alliance nouvelle » dans l’épître aux Hébreux et son commentaire par Thomas d’Aquin”, Revue des sciences religieuses [Online], 82/2 2008, document Online since 05 May 2013, connection on 27 August 2022. URL DOI of page Copyright All rights reservedTop of page

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